Syrie .
La médiation turque en cours entre Damas et Tel-Aviv, et
dont l’enjeu est de taille, devrait mettre fin à un
immobilisme qui dure depuis des années.
Lueur d’espoir
Une
pierre sera lancée dans l’eau stagnante. Rien de mieux ne
pourra qualifier l’annonce d’une prochaine médiation turque
entre la Syrie et Israël. En effet, le premier ministre
turc, Recep
Tayyip Erdogan, a annoncé
samedi que son pays allait entamer une médiation entre ces
deux Etats pour relancer des pourparlers de paix rompus il y
a huit ans. M. Erdogan a fait
cette annonce à l’issue d’une visite de cinq heures en Syrie
où il a rencontré le président Bachar
Al-Assad. « Il y a eu une
demande de la Syrie et d’Israël pour ce type d’action, et la
Turquie fera de son mieux à ce titre », a déclaré
Recep
Tayyip Erdogan à son
retour en Turquie. « Cet effort débutera au niveau le plus
bas, en cas de succès, si Dieu le veut, il s’achèvera à un
niveau plus haut ». Le premier ministre turc a affirmé que
cette initiative s’inscrivait dans la volonté plus large
d’Ankara de contribuer à la paix au Proche-Orient.
Selon M. Assad, les discussions
syro-turques « ont traité des
moyens d’activer le processus d’une paix juste et totale ».
Il a salué l’initiative turque et affirmé que Damas
coopérerait « à tout ce qui apportera la sécurité et la
stabilité dans la région », selon des propos rapportés par
l’agence de presse officielle syrienne.
Les derniers développements suggèrent des progrès dans les
négociations en coulisses entre Israël et la Syrie, malgré
les tensions au sujet du Liban et d’une frappe aérienne
israélienne en septembre contre ce que l’Etat hébreu
présente comme un réacteur nucléaire syrien clandestin.
Le président syrien Bachar
Al-Assad a déclaré dimanche lors
d’une réunion du parti Baass
qu’un engagement d’Israël à évacuer entièrement le Golan
était nécessaire à des pourparlers, mais que d’éventuelles
négociations directes seraient publiques. « Le président a
clairement fait comprendre que les efforts d’une tierce
partie étaient bienvenus dans la mesure où il y
avait accord sur un cadre et où
Israël s’engageait à un retrait complet », selon une source
proche du Comité central du Baass.
De même, un membre du gouvernement syrien a déclaré à la
chaîne Al-Jazeera que le premier
ministre israélien Ehud Olmert a
assuré à la Turquie que son pays était prêt à restituer le
plateau du Golan à la Syrie en échange de la paix. Il a
précisé que le message israélien avait été transmis au
président Bachar
Al-Assad par le premier ministre
turc Tayyip
Erdogan, ajoutant que son pays n’avait pas
l’intention d’engager des discussions secrètes avec l’Etat
hébreu. « Les Israéliens parlent beaucoup de paix, a-t-il
dit. La position de Damas est que la Syrie est toujours
favorable à une paix qui (garantisse) le rétablissement des
droits complets (...). Nous négocions depuis dix ans pour le
retour du Golan ».
Le Golan syrien a été conquis par l’armée israélienne
pendant la guerre des Six Jours de 1967, puis annexé par l’Etat
hébreu en 1981, mesure qui n’a jamais été reconnue par la
communauté internationale.
Opposition israélienne
Côté israélien, on a évoqué dimanche les possibles étapes de
négociations de paix qui pourraient s’ouvrir entre Israël et
la Syrie par l’entremise de la Turquie. Le premier ministre,
Ehud Olmert, avait dit la
semaine dernière au quotidien Yedioth
Ahronoth qu’il travaillait à une
« initiative importante » pour la paix avec Damas. De quoi
susciter la colère du chef de l’opposition de droite en
Israël, l’ancien premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a
accusé dimanche le premier ministre Ehud
Olmert d’être disposé à retirer
Israël de « tout le Golan », dans le cadre d’un accord avec
la Syrie.
Mais est-ce que la volonté des deux pays et de la partie
tierce suffit-elle, à elle seule, à garantir le succès des
négociations ? Pragmatiquement parlant, non. Les précédentes
tentatives le confirment. Des pourparlers de paix
israélo-syriens ont capoté en
2000 en raison d’un désaccord sur l’ampleur d’un retrait de
Tsahal du Golan. Les tentatives de divers pays pour
persuader les deux parties de les reprendre ont échoué du
fait des conditions posées par chacune d’elles.
Damas demande qu’Israël s’engage à se retirer complètement
du Golan et souhaite que les Etats-Unis, principal allié de
l’Etat hébreu, supervisent les négociations. De son côté,
Israël tient à ce que les liens de la Syrie avec le
Hezbollah libanais et le mouvement islamiste palestinien du
Hamas soient inscrits au programme des discussions. L’Etat
hébreu accuse la Syrie d’être la principale voie de
ravitaillement du Hezbollah. Ces exigences israéliennes
poussent au scepticisme les observateurs qui ont minimisé la
portée des informations sur la disposition des Syriens aussi
bien des Israéliens à remettre sur les rails leurs
négociations .
Rania
Adel