Fissure arabe
Salama
A. Salama
La
fissure qui a atteint la nation arabe avec le déclenchement
de la guerre israélienne sur Gaza s’est transformée en une
plaie très grave. Une plaie dont l’état s’est détérioré
rapidement avec les multiples déclarations sur la tenue ou
non de sommets, entraînant les Arabes vers une division
jamais connue jusque-là et certainement difficile à
dépasser. Entre ceux qui ont estimé nécessaire la tenue d’un
sommet urgent pour faire face à la crise et ceux qui ont vu
qu’il n’est pas le remède efficace en tant que tel. Les
tenants de ce dernier avis pensent que les contacts
diplomatiques et le dialogue avec Israël et d’autres parties
internationales de grande importance, afin de mettre en
application la résolution du Conseil de sécurité et
l’initiative égyptienne, seront plus bénéfiques, alors que
les habitants de Gaza sont témoins d’atrocités.
Il faut reconnaître, dès le départ, que cette divergence a
fait de l’ombre au sommet économique de Koweït, à un moment
où les peuples arabes avaient l’espoir que ce sommet serait
leur occasion pour faire face aux impacts économiques qui
ont été les résultats de la crise financière mondiale et
pour promouvoir les économies interarabes. La tenue du
sommet du Koweït est intervenue alors que les regards sont
tournés vers un autre sommet qui a été tenu d’une manière
marginale pour discuter de l’holocauste qui a lieu
actuellement à Gaza.
La logique qui a mené le Qatar, épaulé par la Syrie et
d’autres pays arabes, à appeler au sommet de Doha ne
reflétait aucunement le pouvoir de ces pays ou leur
possession des moyens et des équilibres internationaux
susceptibles de cesser l’agression atroce sur Gaza.
Cependant, certains ont toujours l’illusion qu’un simple
appel à un sommet urgent secouera les 4 coins de la planète
et que du coup, les grandes puissances s’empresseront de
faire pression sur Israël.
Il est difficile de comprendre jusqu’à maintenant comment
les leaders arabes s’imaginent que la simple présence d’un
tel président ou d’un autre ou son absence réglera un
problème catastrophique complexe comme celui que nous vivons
actuellement. D’ailleurs, quels sont les pays arabes qui
sont écoutés par Israël, par les Etats-Unis ou par l’Europe
?
Il est évident que les objections de l’Egypte, de l’Arabie
saoudite et de la Jordanie à la participation au sommet de
Doha étaient purement formelles et cachaient derrière elles
d’autres raisons non déclarées. Les réserves égyptiennes
autour du sommet de Doha émanaient de la campagne
d’accusations qui ciblait l’Egypte à partir des petites
capitales arabes, qui essayaient d’écarter le rôle de l’Egypte
en l’inculpant dans un heurt militaire avec Israël. Ces
réserves venaient également du complexe qui empoisonne les
relations entre l’Egypte et les courants islamiques et les
croyances, selon lesquelles le rigorisme du Hamas revient à
un soutien des Frères musulmans et de certains pays arabes
qui n’ont jamais assumé le fardeau de la défense de la cause
palestinienne.
La dernière évolution, dans laquelle le Hamas a exprimé sa
réaction positive vis-à-vis de l’initiative égyptienne,
serait peut-être la dernière occasion, non pas pour mettre
un terme à la guerre d’extermination israélienne
à Gaza seulement, mais également
pour empêcher la chute d’un régime arabe érodé.
Ce
qui n’est pas nouveau.