Al-Ahram Hebdo, Idées | Liberté et transparence … exigences des intellectuels

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Mamdouh El-Wali
 
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Hicham Mourad

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 Semaine du 12 au 18 septembre 2012, numéro 939

 

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Idées

Constitution. Les intellectuels ne cessent de multiplier leurs protestations. Ils demeurent sceptiques tant que la constituante « contestée » ne diffuse pas d’informations sur la rédaction de la future loi fondamentale égyptienne.

Liberté et transparence … exigences des intellectuels

« Il s’agit juste d’infiltrations, mais personne ne sait rien de ce qui se passe au sein de l’assemblée constituante ». « Ce qui est rédigé jusque-là n’exprime ni l’Egypte ni les Egyptiens ». « La Constitution égyptienne doit protéger les pauvres contre tout abus et respecter toutes les libertés, notamment celle de culte et d’expression, ainsi que la recherche scientifique … quant à l’assemblée constituante, il faut qu’elle soit élue et exprime la volonté de tout le peuple ». Telles sont les protestations de la grande majorité des intellectuels. Ils refusent la Constitution dite « des Frères » que l’assemblée constituante actuelle est en train de rédiger. Ils ont organisé durant les dernières semaines quelques protestations, dont deux à la place Talaat Harb et la dernière devant le Conseil consultatif (le Sénat) qui a eu lieu dimanche dernier. Ils craignent une Constitution qui n’exprime pas les aspirations du peuple égyptien après la révolution du 25 janvier. Ils se disent concernés par tous les articles de la nouvelle Constitution et non pas uniquement par ceux relatifs aux libertés. Les nouveaux articles sur la santé et la gratuité de l’enseignement ainsi que sur l’économie les inquiètent.

Selon ces protestataires, le manque de transparence en ce qui concerne le travail des différentes commissions, notamment celle des libertés, suscite des craintes. Récemment, on a assisté également à la création de nouvelles entités indépendantes visant à protéger la liberté d’expression, de la créativité et de la pensée. Citons à titre d’exemple le Comité national pour la protection de la liberté de créativité et le Comité de protection de la culture. « Afin de mettre un terme à toute inquiétude, il fallait que le porte-parole de la constituante publie un communiqué quotidien portant sur le travail des différents comités ainsi que sur les articles adoptés », explique Helmi Al-Namnam, écrivain et penseur. « Je dois dire qu’il n’y a ni transparence, ni clarté en ce qui concerne la rédaction de la Constitution. Des phrases comme : La suprématie est à Dieu, au lieu de la suprématie est au peuple, les différentes déclarations de plusieurs membres sur le deuxième article, nous inquiètent », (L’article 2 de la Constitution de 1971 présentait la loi islamique comme « source principale » de la législation égyptienne). Selon Al-Namnam, la constituante devrait enregistrer toutes les propositions des articles concernant chaque catégorie sociale égyptienne avant de commencer la rédaction. « Personne n’a entendu les propositions des chrétiens, des habitants du Sinaï, des pêcheurs, des minorités comme les bahais, les chiites et les juifs. Le référendum aura lieu sur toute la Constitution et non pas sur chaque article. Jusqu’à maintenant, il n’y a aucun mot sur le vice-président. Nous avons peur d’un régime semblable à celui de Moubarak », indique furieusement Al-Namnam.  

Une Constitution rédigée par les intellectuels

Les intellectuels ont tenté de rédiger leur Constitution. Ils ont lancé une initiative intitulée « Vers une Constitution culturelle égyptienne », qui vise à défendre les objectifs de la révolution du 25 janvier dans ses dimensions culturelles. Les axes principaux de cette constitution sont : l’identité de l’Egypte, la liberté, le rôle des intellectuels en tant que « vraie conscience du peuple », et enfin l’indépendance des intellectuels afin qu’ils puissent exprimer leurs avis concernant la société égyptienne. « Toutes les propositions ont été soumises à la première constituante. Nous protestons parce que le simple citoyen ne participe pas à cette constituante. Tant qu’il n’y aura pas de transparence, les rumeurs vont se propager et l’inquiétude va s’amplifier puisqu’on ne sait rien », assure Chérine Aboul-Naga, professeur de littérature anglaise à la faculté des lettres de l’Université du Caire.

Les intellectuels ne sont pas seulement inquiets du manque de transparence et d’informations, mais aussi de la formation de la constituante elle-même. Certains écrivains refusent de discuter les articles et les phrases floues, inclues dans la nouvelle Constitution et qui existaient dans l’ancienne comme « qui ne se contredit pas avec l’ordre public ». Ils rejettent carrément cette assemblée.

 Une constituante nulle

C’est la deuxième assemblée créée après la suspension de la première par la justice administrative égyptienne pour raison de domination des islamistes. La deuxième a été composée en vertu de la Déclaration constitutionnelle complémentaire qui a été annulée par le président Mohamad Morsi. Chose que les intellectuels considèrent comme base pour annuler la deuxième constituante. « Si la Déclaration constitutionnelle est nulle, cette commission est nulle automatiquement. La formation même est nulle. Je suis contre cette constituante. Je rejette tous les articles rédigés par les membres. Elle ne représente pas les différentes tendances du pays. On doit connaître la différence entre le fait de remporter des élections et la rédaction de la Constitution d’un pays. Celle-ci ne se fait pas tous les 4 ans. Je suis contre cette Constitution parce que la base est nulle », affirme Tareq Noaman, président de l’administration centrale des comités relevant du Conseil suprême de la culture. Pour les intellectuels, l’élection des membres de cette assemblée est une condition pour réussir. « Je suis contre toute assemblée nommée. La commission doit être élue par le peuple égyptien. Et nous avons un exemple à suivre, celui des Tunisiens. Les intellectuels vont continuer à exercer des pressions pour avoir une assemblée qui représente le peuple égyptien et pour la transparence dans la discussion », indique fermement Bahaa Taher, écrivain, penseur et membre du Comité de défense de la culture.

La Constitution en général et la suprématie nationale sont la préoccupation principale des intellectuels soucieux de continuer leur combat jusqu’au bout. Ils luttent pour la liberté, la dignité et l’indépendance nationale. Ils misent sur le peuple qui n’a plus peur de parler politique et de critiquer le président. Celui-ci avait annoncé qu’il allait réformer cette assemblée. Mais il ne l’a pas fait jusqu’à maintenant. Les hommes de culture s’attendent à ce que la Constitution soit l’expression de la révolution. De l’Egypte moderne.

Rasha Hanafy

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