Egypte-Etats-Unis. Des représentants d’entreprises américaines et de hauts fonctionnaires de l’administration Obama se trouvent depuis quelques jours au Caire. Au centre des discussions avec les responsables égyptiens : les investissements américains en Egypte.

 

Relancer la coopération

 

Atteindre un taux de croissance de 3 à 4 % au cours de l’année fiscale 2012-2013, attirer des investissements d’une valeur totale de 267 milliards de L.E. et réduire le déficit budgétaire, qui représente actuellement 8 % du PIB. Tels sont les objectifs du gouvernement égyptien pour surmonter la crise économique qui sévit depuis la révolution du 25 janvier. Mais pour y parvenir, l’Egypte a besoin de l’aide des Etats-Unis. Et c’est dans ce contexte qu’une délégation de représentants d’entreprises américaines et de fonctionnaires de l’administration Obama se trouve au Caire.

Cette délégation américaine, la plus grande à avoir visité un pays du Moyen-Orient jusqu’à présent, est arrivée en Egypte le 8 septembre, pour une visite de 4 jours. Elle comprend des représentants de 49 grandes entreprises américaines, dont IBM, Pepsi, Coca-Cola, Chrysler et Apache. « La coopération avec les Etats-Unis est un outil important qui nous aidera à réaliser ces objectifs », a déclaré le chef du gouvernement au cours d’une conférence organisée cette semaine par la Chambre de commerce américaine en Egypte. Les membres de la délégation ont rencontré les ministres du groupe économique, ainsi que des membres de lassociation du développement des affaires, « Ibdae », et un représentant du Parti Liberté et justice.

La venue de la délégation en Egypte intervient quelques jours seulement après une visite du président Morsi en Chine. Après le changement de régime en Egypte, Washington souhaite garder des liens privilégiés avec Le Caire, proche allié des Etats-Unis sous le régime de Moubarak. Les Américains proposent donc une série de mesures visant à consolider la coopération économique et accroître les investissements. C’est précisément l’objectif de la délégation : explorer le marché égyptien après les récentes élections présidentielles. « Le dialogue avec les Etats-Unis est très important pour l’Egypte actuellement », note Abdallah Chéhata, président de la commission économique du Parti Liberté et justice.

Selon lui, la « nouvelle Egypte » importe aux yeux des Etats-Unis. Thomas Nides, sous-secrétaire du ministre des Affaires étrangères américain, le révélait franchement dans un récent discours. « Nous portons un message important au gouvernement égyptien. Les Etats-Unis s’engagent, en tant que partenaire, à aider l’Egypte à traverser cette période transitoire critique. Le président de la République a entrepris une série de transformations difficiles, et il aura besoin d’en entreprendre d’autres. Il est normal que le pays soit confronté à de nouveaux défis sur le plan économique et politique », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « L’investissement est le facteur-clé permettant de dépasser cette phase et de relancer l’économie. C’est la raison de notre présence ici ».  

Selon la Chambre de commerce américaine en Egypte, le volume total des investissements américains en Egypte a atteint 14,6 milliards de dollars en mars 2012, soit 24 % du total des investissements américains en Afrique.

Le ministre des Finances, Momtaz Al-Saïd, a confié à l’Hebdo que le gouvernement avait exposé à la délégation américaine les opportunités d’investissement sous le modèle PPP (Private Public Partnership), en y incluant les stations de drainage sanitaire, les stations électriques, les ports et les usines de recyclage des déchets.

Le ministère du Pétrole a également présenté à la délégation la liste des zones d’exploration pétrolière en Egypte et a discuté avec les PDG des entreprises pétrolières américaines des opportunités d’investissement. Le respect des droits des ouvriers a été un sujet central des discussions. Les responsables américains soulignent que le succès de tout investissement dépend étroitement du respect de ces droits.

 

Combler le fossé

Le dossier de la zone de libre-échange et celui de la convention sur les zones industrielles qualifiées (QIZ) ont été au centre des négociations. Le gouvernement égyptien revendique depuis longtemps une révision à la baisse du taux de composants israéliens exigé pour toutes les productions en zone QIZ avant d’être éligibles à l’exportation vers les Etats-Unis. L’Egypte souhaite aussi l’implantation de QIZ dans d’autres gouvernorats et vise ainsi dans l’ensemble à relancer le volume des exportations égyptiennes vers l’Amérique. « Il est temps de profiter du marché américain et de combler le fossé entre les exportations et les importations américaines », résumait ainsi Abdallah Chéhata, ajoutant que les Américains comprennent aujourd’hui que la rhétorique de la corruption et des intérêts privés a disparu de ce type de négociations. La zone de libre-échange entre l’Egypte et les Etats-Unis faisait grand débat sous le régime Moubarak. Son activité avait été, en effet, unilatéralement suspendue par le précédent ministre du Commerce et de l’Industrie, Rachid Mohamad Rachid, suite à une tentative d’intervention des Etats-Unis dans la politique intérieure de l’Egypte, sur fond de polémique sur l’absence de démocratie.

Mais aujourd’hui, il est question de relancer la coopération économique entre Le Caire et Washington.

 Névine Kamel