Cinéma.
Loin des films à gros budget, trois initiatives
permettent aux jeunes réalisateurs de se faire connaître, de
concrétiser leurs projets ou de poursuivre leur formation.
Autant d’aides précieuses pour qui souhaite percer dans le
milieu.
Son premier film à portée de main
Un projet de film en 48 heures: deux jours pour la gloire
Compétition
ou festival ? Il s’agirait plutôt d’une compétition
couronnée par un festival à la fin : une initiative de
création de courts métrages en 48 heures. Au Caire, du 13
septembre jusqu’au 15 septembre à 19h, de jeunes artistes
vont se mettre au travail pour écrire, tourner et monter un
film.
« Je pense que c’est le festival de courts métrages le
plus intéressant du Moyen-Orient et j’espère pouvoir en
faire un festival annuel au Caire, à Beyrouth, à Dubaï et à
Amman », relate Mohamad Réda, producteur du projet dans
les quatre villes.
L’initiative générale englobe 120 villes sur les 6
continents. Ainsi, en 2012, environ 50 000 cinéastes ont
réalisé près de 4 000 films grâce au « Projet de film en
48 heures ». Au total, 19 000 films ont été créés par
278 000 personnes depuis le lancement du projet il y a 11
ans. Réda, qui estime que « l’art du film ou de la vidéo
est le moyen d’expression artistique le plus puissant »,
souligne que le plus intéressant dans cette expérience c’est
le défi des 48 heures imposé aux jeunes cinéastes.
Le jeu n’est pas sans règles et les réalisateurs ne sont pas
laissés sans outils. Le 13 septembre, à 19h, chaque groupe
reçoit un personnage, un accessoire, un extrait de dialogues
et un genre de films. Avec ces thèmes, le cinéaste est censé
créer un film qui doit être remis exactement deux jours
après. Pourquoi 48 heures ? Selon Réda, « il semble que
c’est juste le temps nécessaire si l’on est concentré.
D’ailleurs, c’est le temps déterminé par le fondateur du
projet en 2001 ».
Mark Rupert a lancé le projet en mai 2001. Il voulait savoir
si un film réalisé en 48 heures pouvait être regardable.
Réda ajoute que cette durée est adéquate, notamment car le
projet a lieu pendant le week-end. Pour lui, « il est
fascinant de voir ce que certains cinéastes peuvent faire
pendant que la plupart des autres sont en train de manger,
de dormir et de regarder la télévision en attendant la
semaine de travail ».
L’un des cinéastes à Mumbai a
dit à propos du projet qu’il avait profité de « chaque
vertu dans sa personnalité, de la patience au courage,
jusqu’aux capacités de leadership ».
Marwan Imam, l’un des jeunes
réalisateurs qui va se lancer dans la compétition au Caire,
espère que ce sera un « défi amusant ». Il est sûr et
plein d’espoir : « Ce ne sera pas un problème. Réaliser
un film en deux jours est quelque chose de faisable, si l’on
se met à travailler de façon intensive ».
Le projet cherche encore des sponsors, annonce Réda. Il
explique que pour l’instant, la réduction de prix reçue de
la part des sociétés de production aide le projet. Les
cinéastes peuvent aussi utiliser leurs
propres moyens. « Ces jours-ci, un bon court
métrage peut être créé, rien qu’avec quelques bons amis, une
caméra et un laptop, avec un peu
de créativité », affirme Réda.
La présentation de tous les films du Caire aura lieu le 20
septembre à Must Opera House
dans la cité du 6 Octobre. La présentation finale, après le
choix des juges locaux, se fera au même endroit le 28
septembre. C’est alors que les meilleurs films recevront les
prix. Le meilleur de ces films au Caire rentrera en
compétition avec 120 autres villes à Hollywood pour le titre
du meilleur film réalisé en 48 heures dans le monde.
Aflamnah :
financer son projet
Cette initiative doit commencer ou s’achever dans un pays
arabe. Il s’agit d’un projet de financement public en ligne
pour des créations artistiques. L’initiative touche un
ensemble de médias, que ce soit « un film, une chanson,
un projet de communauté, une exposition d’art ou un nouveau
jeu », précise Vida Rizq,
principale fondatrice de la plateforme de
crowdfunding (financement
collectif) Aflamnah.
Elle ajoute que les responsables du projet soutiennent les
idées créatives en offrant aux réalisateurs des conseils sur
des possibilités de campagnes de financement. Ceux qui ont
besoin de financement téléchargent une vidéo expliquant leur
idée et précisent un budget. Les volontaires convaincus par
la vidéo peuvent alors offrir de l’argent en ligne grâce au
site web d’Aflamnah. Les
campagnes de financement d’Aflamnah
durent 30, 60 ou 90 jours.
Aflamnah signifie « nos
films ». « Nous voulons que le mot acquiert le sens
d’histoires collectives. Avec chaque projet, viennent
beaucoup d’histoires à raconter, l’histoire d’une idée,
l’histoire des gens à l’origine de cette idée, l’histoire du
crowdfunding, l’histoire
du succès », raconte Rizq.
Mais entreprendre une campagne de financement ne se fait pas
de façon gratuite, le téléchargement coûte 100 dollars. De
plus, l’organisation Aflamnah
reçoit 6 % des financements obtenus.
Rizq espère qu’à court terme, le projet pourra être
géré de façon indépendante, sans compter sur ce prélèvement.
En parlant des sommes collectées, Rizq
précise que le maximum atteint s’élève à plus de 11 000
dollars, la moyenne étant de 6 000 dollars. « Pourtant,
ajoute-t-elle, nous n’en sommes qu’au début et
nous nous attendons à ce que la collecte de fonds pour un
projet s’élève à 30 000 dollars dans les mois qui viennent ».
Dans le crowdfunding d’Aflamnah,
les projets présentés passent par un processus de sélection
où les responsables regardent la vidéo explicative du projet
« pour s’assurer que ces projets ne sont pas offensifs et
qu’ils n’insultent pas la culture dans laquelle ils opèrent »,
précise Rizq. « Nous
percevons cela plus comme un outil qui assure qu‘ils (les
projets) sont astucieux culturellement que comme une forme
de censure », ajoute-t-elle.
Rizq
estime que, dans le monde arabe, les besoins sont
importants. « De bonnes idées ne se réalisaient pas ou se
réalisaient avec une qualité médiocre à cause des
contraintes de budgets. Nous sommes sûrs que le
crowdfunding rendra possible
l’impossible », espère-t-elle.
Access : apprendre les clés du métier sans frais
Access
est une initiative de formation spécialisée dans la
production exécutive pour les professionnels de
l’audiovisuel de la région méditerranéenne — plus
particulièrement les pays méditerranéens du Sud, dont
l’Egypte. Les producteurs acceptés sont censés parler
couramment le français ou l’anglais et avoir accès à
Internet. Il faut qu’ils aient au moins deux années
d’expérience en tant que cadres d’entreprise ou producteurs
indépendants. Ils doivent s’inscrire avec un projet qui soit
en cours de développement, sans être dans la période de
production ou de pré-production.
Le programme de formation Access tente d’accroître le
nombre de longs métrages et de documentaires produits tout
en insistant sur leur qualité et le degré de
professionnalisme. « L’essor économique » et « la
création d’emplois » sont parmi les buts visés par
Access. Par ailleurs, l’initiative a pour but de créer
un mouvement de production autour de la Méditerranée, ayant
sa propre identité et couvrant les différentes cultures de
cette région.
Lors de la formation, les participants travaillent sur leur
projet, un long métrage ou un documentaire, dans les
domaines suivants : « les stratégies de développement, le
financement de la production, le cofinancement et la
coproduction ; le marketing et la distribution par le biais
des nouveaux supports numériques ». Les participants
apprennent à maîtriser les ressources et les plateformes
numériques utilisées dans la production et la distribution.
Ils apprennent aussi les méthodes de présentation orale et
électronique employées dans les techniques de vente. Le
programme apprend aux producteurs à avoir une meilleure
atmosphère de développement du travail en collaboration avec
les scénaristes et les metteurs en scène.
Le programme dure neuf mois : le cycle de formation est
formé de deux modules résidentiels et d’un module en ligne.
Le premier se tiendra en février 2013 en Tunisie. Le
deuxième se fera en ligne en juin 2013 et le dernier prendra
place en octobre 2013 en Jordanie. Le programme acceptera 25
professionnels au maximum pour 25 projets. Les noms des
candidats sélectionnés seront annoncés avant le 15 décembre
2012. L’inscription est encore possible : la date limite est
le 20 octobre à 12h. « Access couvre tous les frais de
formation, de transport, de logement et de subsistance pour
une personne », précise le site web de l’initiative
(http://euromed.mediaschool.org/fr).
Hana
Afifi