Mali.
La Cédéao a décidé d’organiser
le 17 septembre à Abidjan une réunion extraordinaire
consacrée à la situation au Mali. Elle fait suite à la
demande du président intérimaire pour une intervention
militaire au nord du pays.
Traoré appelle à l’aide
La crise au nord du Mali est toujours en tête des sujets qui
préoccupent les dirigeants africains. Une réunion de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao)
se tiendra lundi prochain, au niveau des ministres de la
Défense, des Affaires étrangères et de l’Intégration
africaine. Cette réunion sera précédée d’une autre des chefs
d’état-major pour écouter leur stratégie d’intervention
militaire dans le nord du Mali.
. Ce rassemblement est le premier depuis la demande formelle
d’aide adressée à l’Afrique de l’Ouest par les autorités de
transition au Mali. Le président intérimaire du Mali,
Dioncounda Traoré, a
formellement adressé mardi 4 septembre une requête à la
Cédéao pour demander une
contribution de nature militaire à la stabilisation du pays
et surtout à la reconquête du Nord, occupé depuis cinq mois
par des groupes islamistes lourdement armés.
Traoré a adressé un courrier au chef d’Etat ivoirien,
Alassane Ouattara, qui préside l’organisation : « Je
sollicite par la présente, au nom du peuple du Mali, et en
ma qualité de président par intérim, l’aide de la
Cédéao dans le cadre du
recouvrement des territoires occupés du Nord et de la lutte
contre le terrorisme ». Dos au mur, le président n’a
d’autre choix pour combattre les rebelles du Nord.
Les pays de la Cédéao tiennent
3 300 militaires à la disposition du gouvernement du Mali
pour l’aider dans sa mission.
Le Mali a, toutefois, indiqué qu’il ne voulait pas que des
troupes étrangères soient déployées pour combattre les
islamistes, mais qu’il souhaitait un soutien logistique de
la part de ses voisins ainsi qu’une participation au
maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord
reconquises. Par ailleurs, la décision de Traoré est sans
doute précipitée par le Front anti-putsch uni pour la
défense de la République et de la démocratie (FDR).
Regroupant quarante partis politiques, le FDR a réclamé
l’intervention militaire d’une force africaine pour déloger
les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le djihad en
Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar
Dine.
Le Mali était considéré comme l’une des démocraties les plus
stables de la région jusqu’à ce que le coup d’Etat qui a
renversé, le 22 mars, le président Madou
Toumani Touré le plonge dans le
chaos.
Mettant à profit les événements, des extrémistes alliés à
Al-Qaëda au Maghreb
islamique (Aqmi) se sont emparés
des principales localités du Nord. Kidal, Gao et Tombouctou,
les trois régions administratives composant le nord du Mali,
sont tombées il y a cinq mois aux mains du
Mujao et d’autres groupes armés,
dont des rebelles touaregs et
djihadistes liés à Al-Qaëda.
Les islamistes ont ensuite évincé leurs ex-alliés touaregs
et contrôlent désormais totalement le Nord. Ils ont depuis
imposé dans la vaste zone qu’ils contrôlent une stricte
application de la charia, la loi islamique, tandis que les
autorités intérimaires à Bamako et des médiateurs
ouest-africains étudiaient les moyens de résoudre la crise.
Certains
dirigeants africains estiment cependant que la demande
d’intervention aurait pour effet d’aggraver le déchirement
et de rendre plus hypothétique le retour des régions
occupées.
Au cours d’une rencontre la semaine dernière à Lomé, le
nouveau chef de l’Etat ghanéen, John
Mahama Dramani, et son
homologue du Togo, Thomas Yayi
Boni, ont dit publiquement tout le mal qu’ils pensaient du
document envoyé par Traoré au président de la
Cédéao. Car il y est notamment
fait mention qu’une présence militaire de la
Cédéao à Bamako pour sécuriser
les institutions de transition est « sans objet ».
Sabah Sabet