RDC.
Le nouveau sommet des pays des Grands Lacs s’est achevé sans
réelle avancée alors que l’est du pays est toujours en proie
à une rébellion armée. Les risques d’une régionalisation du
conflit augmentent.
Le M23 profite des divisions politiques
La
crise fait toujours rage à l’est de la République
Démocratique du Congo (RDC). Le nouveau sommet qui a réuni
les dirigeants de la région des Grands Lacs (CIRGL) n’a pas
abouti à un accord pouvant mettre fin à cette situation.
Samedi dernier, un sommet s’est tenu dans la capitale
ougandaise, Kampala, en présence de trois présidents :
le dirigeant de la RDC, Joseph Kabila, le Tanzanien
Jakaya
Kikwete et le Sud-Soudanais
Salva Kiir. Il est à
rappeler que le Sud-Soudan ne fait pas encore partie de la
CIRGL. Le grand absent était le président rwandais, Paul
Kagame, dont le pays est accusé
par la RDC et l’Onu de soutenir la mutinerie dite du « M23 »
qui affronte l’armée régulière congolaise depuis le
printemps à l’est du pays, région continuellement instable.
L’objectif de cette rencontre était de progresser dans
l’opération de déploiement d’une force neutre chargée de
contrecarrer les groupes armés dominant l’est. Cependant, le
communiqué de la CIRGL, publié suite à la réunion, n’a pas
apporté d’éléments précis sur la future force.
Des questions épineuses restent sans réponse. A savoir quels
pays, en dehors de la Tanzanie qui a offert sa participation
à la future force, enverront leurs soldats sur les collines
du Nord-Kivu. Idem pour le financement de cette force qui
devrait comporter près de 4 000 hommes venant de
plusieurs pays africains, selon le ministre de la Défense de
la RDC.
Le communiqué a juste indiqué que cette force serait
déployée sous un mandat de l’Union Africaine (UA) et des
Nations-Unies. L’idée d’une force neutre avait été lancée
par les dirigeants des 11 pays de la CIRGL en marge d’un
sommet de l’Union africaine dans la capitale éthiopienne
Addis-Abeba mi-juillet. Un sommet précédent avait déjà été
organisé début août à Kampala et avait aussi échoué à
apporter des solutions concrètes.
Le
M23 en tête des groupes rebelles
Plusieurs groupes rebelles sont en activité dans la région
dont le M23, un mouvement issu d’une ex-rébellion congolaise
qui avait été intégré à l’armée de la RDC en 2009. La zone
est notamment en proie aux exactions des Forces
démocratiques de libération du Rwanda, une rébellion
combattue par Kigali pour sa participation présumée au
génocide du Rwanda en 1994.
Les nouvelles violences ont, par ailleurs, ravivé les
tensions régionales. Depuis avril, les nouveaux combats dans
la région ont déplacé plus de 220 000 personnes à
l’intérieur de la RDC et forcé quelque 57 000 autres à fuir
au Rwanda et en Ouganda.
Par ailleurs, la RDC a accusé Kigali de profiter d’un récent
retrait officiel de la région militaire rwandaise pour
« exfiltrer » des hommes qui, dit-elle, avaient « attaqué »
son armée avec le M23. Quelques centaines de militaires
rwandais ont quitté, il y a une semaine, le territoire
congolais de Rutshuru, en partie
contrôlé par le M23.
La CIRGL demande à nouveau à ses ministres de la Défense de
se retrouver au plus vite pour discuter de « l’opérationalisation
de la force internationale neutre, en vue de la déployer
dans un délai de trois mois ».
Pour faire le point des avancées et des blocages, un nouveau
sommet est prévu dans un mois. En attendant, les chefs
d’Etat de la région devraient se retrouver le 27 septembre à
New York, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, pour
une réunion avec les membres du Conseil de sécurité des
Nations-Unies.
Sabah Sabet