Spectacle.
Raqs
ala al-tayer,
ou comme l’indique le titre anglais Dance
Like an
Egyptian (danser comme un Egyptien), est un
projet adopté par la Bibliotheca
Alexandrina qui présente aux jeunes une formation de
danse contemporaine sous la direction de la chorégraphe
française Laurence Rondoni.
Danse à l’égyptienne
Depuis
mars dernier, la Bibliothèque d’Alexandrie accueille les
activités de Raqs
ala al-tayer
ou Danser comme un Egyptien. Un projet de formation consacré
aux jeunes danseurs visant à mieux expérimenter la danse
contemporaine en Egypte, loin de la capitale, lequel
continuera jusqu’en décembre prochain. Ce projet, conçu à
l’origine par la chorégraphe française Laurence
Rondoni, est le prolongement
d’un autre atelier de formation de 4 ans, qui s’est tenu au
Caire. Laurence Rondoni, suite à
l’appel lancé par Studio Emadeddine,
a formé entre 2008 et 2011 un groupe de jeunes danseurs
égyptiens dont les créations ont marqué la scène artistique,
les deux dernières années. Après ces années de formation,
Rondoni a proposé de lancer un
autre atelier de formation à Alexandrie et de s’ouvrir à
d’autres régions en Egypte. Le Centre des arts de la
Bibliotheca
Alexandrina a alors adopté le projet, avec le soutien de
la délégation de l’Union européenne en Egypte. Et ce, en
coopération avec l’Institut français d’Egypte à Alexandrie,
l’Alliance française de Port-Saïd, l’Association
descent-danse, dirigée par
Laurence Rondoni et
Soukoun (association de
recherche en danse et plateforme Internet, dirigée par la
Libanaise Krystel Khoury).
En fait, Raqs
ala al-tayer
regroupe 11 danseurs professionnels qui ont déjà suivi les
ateliers de formation du Studio
Emadeddine. Ses activités se divisent en 3
niveaux.
Le premier est consacré aux amateurs. Sous la supervision de
Rondoni, les 11 danseurs
initient des amateurs à la danse contemporaine à travers un
travail de formation et de transmission. « On cherche à
transmettre le savoir, la connaissance de la danse et
comment s’exprimer par le corps. En même temps, on forme des
formateurs », souligne Krystel
Khoury de l’association Soukoun.
Trois ateliers de 5 jours ont été organisés. Chaque danseur
se charge alors d’animer
un atelier d’un jour pour les amateurs. « Beaucoup de
jeunes cherchent à comprendre la danse contemporaine,
s’exprimer, bouger et danser sans jamais avoir l’occasion de
le faire. On a eu énormément de candidats et l’atelier était
vraiment assez enrichissant », explique Khoury.
Le deuxième niveau du travail (la transmission) aura lieu à
travers des rencontres publiques non seulement à Alexandrie
mais aussi dans d’autres provinces. Deux rencontres sont
prévues à Minya et à Port-Saïd,
pour pouvoir parler et discuter du travail des danseurs.
Travailler avec la chorégraphe française Sandrine
Maisonneuve sur la technique de la composition instantanée
constitue le troisième niveau du projet. A travers des
ateliers de résidence, Maisonneuve guide les danseurs à
s’exprimer avec autonomie et liberté en introduisant le
contexte où ils sont. « La composition instantanée c’est
composer en temps réel. On écrit. On travaille sur
l’écriture en incluant le contexte où on se trouve : quel
que soit le théâtre, la température, le décor, etc. Cela
fait partie de l’improvisation. C’est un travail sur les
modalités d’écriture. Au lieu d’avoir un chorégraphe qui
impose sa chorégraphie aux danseurs, ces derniers deviennent
plutôt des acteurs qui créent leur propre dramaturgie. Quand
les danseurs sont sur le plateau, ils écrivent leur histoire
au moment où elle se révèle à eux. C’est un moyen de saisir
l’instant, la vie même et de raconter l’histoire à partir
des éléments présents », explique
Maisonneuve, qui souligne souvent l’importance de bien garder l’aspect
humain dans leur expression.
Actuellement, tout le groupe de Raqs
ala al-tayer
est invité à une résidence d’un mois en France. Les danseurs
vont découvrir les différents endroits dans lesquels ils
vont jouer chaque soir un spectacle. Un grand défi
d’expérimenter la composition instantanée. Les activités de
résidence et les ateliers du travail déboucheront sur la
création d’un spectacle final en décembre prochain intitulé
Nobody
Knows,
Everybody Knows qui
se donnera à la Bibliotheca
Alexandrina. Avec impatience, on
attend les fruits de ce projet.
May Sélim