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 Semaine du 2 au 8 mai 2012, numéro 920

 

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A 30 ans, le jeune auteur, compositeur, interprète, pianiste et comédien Mike Massy, à la voix douce et romantique, se fait remarquer par sa rigueur, sa technicité, son style musical et la qualité de ses compositions et de ses prestations. Il fait vibrer les instruments, mais aussi nos émotions.

Jeune artiste, grand talent

rrière un look jeune et désinvolte se cache le regard triste et perçant d’un artiste au talent inné et bien forgé. En lui se dévoilent aussi à la fois ce côté innocent des enfants et toute la profondeur des adultes. « C’est vrai, dit-il, parce qu’il y a une partie spontanée en moi, qui se reflète d’ailleurs sur ma musique. En contrepartie, vous avez le vécu qu’on prend de la société et sans lequel vous ne pouvez pas écrire des chansons comme celles-là qui ne sont pas superficielles ». Des chansons comme celles-là, Mike les a bien travaillées, compilées pendant neuf longues années de dur labeur, et diffusées dans son premier CD « Ya Zaman », son premier grand succès. L’album a eu un succès extraordinaire, notamment au dernier Salon du livre francophone à Beyrouth, en novembre 2011, où l’artiste a signé son ouvrage devant une longue file d’attente formée de jeunes et d’adultes, avec en toile de fond la projection du documentaire relatant la réalisation de l’album entre Beyrouth et Bruxelles. Le succès, il le connaît aussi avec les ventes de son album dans les librairies musicales libanaises. Il est le numéro 1 des ventes pendant cinq mois consécutifs. « Le fruit de mon parcours, poursuit-il, se retrouve dans cette boîte de souvenirs qui s’appelle justement Ya Zaman qui est en moi, tout simplement ». Puisant dans ses origines libanaises et orientales mélangées à la culture générale occidentale, Mike raconte dans son album, « l’amour, la vie, les souvenirs et la patrie et douze chansons simples qui me ressemblent », dit-il.

 Et d’ajouter : « L’album a été fait entre le Liban et la Belgique, avec la collaboration de 39 musiciens et techniciens des deux pays. C’était pour moi un hasard et un rêve de rencontrer le compositeur belgo-iraqien Osama Abdel-Rasul. Bien qu’en arabe, l’album est international, transparent, libre, une réflexion de moi, avec une musique live, fraîche et non pas élitiste, accessible à tous ceux qui veulent écouter quelque chose de différent, d’authentique ». Eloges de soi, authenticité caractéristique des gens du Nord, ou message transmis ? L’artiste a réussi à tracer sa voie pour atteindre un grand public, son public, au Liban et ailleurs. « Message, me dites-vous ?, reprend-il. Moi, je ne sais pas dire des messages. Je sais chanter, m’exprimer, dire les choses qui me ressemblent à travers l’art. Il y a dans chaque texte quelque chose à dire, qui dénote une maturité bien placée. C’est ça le message ».Né le 31 mars 1982 à Anfeh, une ville du Nord-Liban, Michael Al-Massih, de son vrai nom, n’a grandi ni dans une famille de musiciens, ni parmi des enfants de son âge passant leur temps libre à jouer au football ou autres. « Mon enfance a été totalement différente des autres enfances, remarque-t-il. Ce n’était pas du tout facile de se priver d’une partie de foot par exemple, pour jouer tous les jours uniquement au piano. C’était une obligation et j’avoue que j’enviais les enfants qui s’amusaient et jouaient pendant que j’étais préoccupé par le piano et la musique classique ». A neuf ans, il commence donc à jouer au piano et écoute Brel, Aznavour, Faïrouz. Sa soeur aînée était, elle, très littéraire et Mike essayait d’imiter sa belle écriture. Comment est né son nom de scène ? Il l’a tout simplement puisé au naturel, tout d’abord de son entourage et de sa famille qui l’appelaient Mike tout court. Et ensuite de la Belgique, où le « h » d’Al-Massih ne pouvait être facilement prononcé. II simplifie donc les choses et choisit de devenir Mike Massy sur scène. Commence alors tôt pour Mike un long parcours prometteur et diversifié. En 1996, il entre au Conservatoire national de musique, puis en 2001, à 19 ans, il se spécialise en opéra en langue arabe, approfondissant les mouwachahate et les chansons orientales et occidentales. Sa passion pour l’art l’attire sur scène, au théâtre, à la faculté des beaux-arts où il décroche un diplôme d’études supérieures en art dramatique. Bien plus, pendant dix ans, il suit des études de danse-ballet à l’école « Arabesque » et devient membre de sa fameuse troupe. Attirant l’attention, il débute en tant que choriste, pianiste, puis accompagnateur choriste avec de grands noms tels Marcel Khalifé et Ziad Multaka. En 2003, il lance un album de cantiques religieux « Ila as samaa atbaouka », un petit essai expérimental, un vœu spirituel. Plus tard, il tient plusieurs rôles dans des feuilletons télé, des courts métrages et des pièces musicales. Il compose des musiques de documentaires et rencontre des musiciens de tous bords dans des tournées et concerts effectués dans les pays arabes, du Liban à l’Egypte, de la Syrie à Abou-Dhabi, de l’Algérie au Maroc, et en Europe, des Pays-Bas à l’Italie, en passant par la Belgique où il a participé à de grands festivals avec des musiciens et artistes de renom, accompagnant des noms aussi célèbres que la Libanaise Jahida Wehbé, l’Egyptien Fathi Salama et la Tunisienne Lobna Noomen qui chante avec lui en duo dans son nouvel album.

« Nous n’avons ni d’auteurs ni de compositeurs en Orient, à l’instar de Brel ou de Barbara », lance-t-il. Ces derniers sont des personnages, nous avons uniquement des icônes comme Faïrouz ou Zaki Nassif. L’exemple le plus proche des personnages en Orient c’est Marcel Khalifé et dans une certaine mesure, Ziad Rahbani. Tout en ajoutant : « L’art, c’est la liberté. Si l’art ne se rebelle pas, il n’a plus de sens. D’ailleurs les grands artistes, comme John Lennon, ont toujours été rebelles. Il ne faut pas oublier que la liberté aussi est un art ». En 2006, alors qu’Israël s’acharne cruellement sur le Liban, Mike va « se ressourcer », comme il le dit fièrement, en Egypte. Il se rend au Caire, une ville intrigante et authentique, à ses yeux, et choisit la « bensione Roma » (la pension Roma) où il séjourne pendant « deux belles années » dont il garde les meilleurs souvenirs. Et comme des artistes du monde entier se côtoyaient dans cette pension, il en profite pour écrire, rêver, échanger et s’épanouir. C’est en Egypte qu’il va rencontrer la Tunisienne Lobna Noomen et celle-ci va prêter ses mots et sa voix à la chanson « Soti hareb menni » (ma voix me fuit), interprétée en duo avec une grande sensibilité et maturité artistique.Où se retrouve-t-il davantage, dans les albums, dans les feuilletons ou dans les pièces ? « Je me retrouve davantage sur scène parce qu’il y a les deux facettes en moi », répond-il. C’est dans cet album que je me retrouve le plus parce que je suis quelqu’un qui écoute tout. Quand on écoute beaucoup, on est capable de créer et j’espère être toujours capable de créer ». Sur la pochette de l’album, une tasse de café est mise en relief. Un café bien libanais qui évoque des souvenirs et la musique libanaise avec d’autres dimensions, baroque, jazz et orientale.

« J’ai choisi le baroque et le classique, justifie-t-il, parce que j’ai fait des études académiques en musique classique. Le jazz, parce que j’ai été inspiré par le jazz des années 1950. Et enfin l’oriental, parce que, à un moment donné, la chanson française et la musique classique ne m’ont plus suffi. J’ai senti le besoin de revenir aux sources pour pouvoir rajouter un plus à la musique, qu’elle soit orientale ou occidentale. Voilà pourquoi ce mélange est né ».Dans son premier grand succès « Ya Zaman », Mike Massy a donc réussi à faire cette fusion subtile entre l’oriental, la « World Music », le baroque et le jazz, avec des violons qui se mêlent à l'oud, une flûte, un accordéon, une clarinette, un qanoun et un nay, pour faire vibrer tous ces instruments mais aussi toutes nos émotions et toucher le plus de personnes possibles. Entre légèreté et mélancolie, il a réussi à redonner à cette musique « de chez nous » l’élégance qui lui manquait. Après les albums, les feuilletons, les musiques de films et de documentaires, quoi de neuf ? « Pour le moment, rétorque-t-il, j’attends de faire encore quelque chose qui me ressemble. Je travaille pour l’année prochaine sur une adaptation d’une pièce de théâtre d’un auteur contemporain avec de la musique et des chansons interprétées par des comédiens qui chantent, et je rêve de cinéma avant les feuilletons », conclut-il, avec la ferme intention, qui se lit dans ses yeux perçants, de revenir avec un produit différent, de standard international, et voir ses rêves réalisés avec tout le succès escompté l

 

Mireille Breidi

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Jalons 

31 mars 1982 : Naissance à Anfeh, au Nord-Liban.

1996 : Entrée au Conservatoire national de musique.

2001 : Spécialisation en opéra en langue arabe. Diplôme d’études supérieures en art dramatique à la faculté des beaux-arts. Etudes de danse-ballet et membre de la troupe « Arabesque ».

2003 : Album de cantiques religieux « Ila as samaa atbaouka ».

2006 : Séjour de deux ans au Caire.

2008 : Musique du documentaire « Itsi Bitsi Spider » pour les Nations-Unies, avec Tania Nasr.

2010 : Musique originale du film « Tannoura Maxi » du cinéaste Joe Bou Eid.

2011 : Album « Ya Zaman » (ô bon vieux temps), un mélange de musique orientale,            de baroque et de jazz.

2012 : Préparation d’un album de chansons occidentales avec une reprise des chansons de grands compositeurs libanais ou encore une pièce de théâtre ... A suivre.

 

 




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