Edition .
Al-Nouri
Ebeid,
président de l’Union des éditeurs tunisiens, préside la
délégation tunisienne au Salon international du livre du
Caire. Il livre son point de vue sur cette 43e édition.
Entretien.
« Après les révolutions arabes
vient le printemps du livre »
Al-Ahram Hebdo : Comment
évaluez-vous la 43e édition du Salon international du livre
du Caire dont la clôture est prévue le 10 février et dont
votre pays est l’invité d’honneur ?
Al-Nouri
Ebeid :
En dépit de tout le désordre dans la rue égyptienne,
j’apprécie l’organisation de cette manifestation culturelle.
Le Salon a maintenu la diversité des livres cette année
malgré la difficulté de la situation en Egypte. Cela fait
vingt ans que je participe au Salon du livre du Caire. En
tant qu’observateur, je peux affirmer qu’il n’y a eu aucune
interdiction de livre durant cette édition par rapport aux
années passées. Des homologues et collègues de quelques pays
arabes et étrangers n’ont pas pu venir cette année à cause
de la confusion et du changement des dates d’ouverture. Nul
doute qu’il y a eu beaucoup d’efforts déployés pour tenir un
Salon pareil, notamment pour ce qui est des pavillons.
L’inauguration était beaucoup plus simple que lors des
éditions précédentes. Il n’y a pas eu cette présence
intensive des forces de l’ordre. Je pense que l’inauguration
cette année avait une bonne influence sur tous les
participants. En fait, cette édition en janvier m’a permis
de participer à l’anniversaire de la révolution du 25
janvier.
— Vous-êtes vous rendus à Tahrir
le 25 janvier, puisque le Salon a fermé ses portes ce
jour-là ?
—
Le Salon international du livre du Caire cette année était
une bonne occasion pour moi parce que j’ai participé à la
manifestation qui est partie du quartier de
Doqqi vers
Tahrir. J’étais avec les gens dans cette
manifestation qui visait à ne pas oublier les victimes et
les martyrs de tous les incidents depuis le 25 janvier 2011.
La manifestation a commencé à Doqqi
avec des cercueils représentant les martyrs, traversant la
rue Tahrir et l’Opéra pour finir
à la place Tahrir. J’étais très
content de voir la participation des gens et des jeunes.
Même les personnes âgées qui n’ont pas pu descendre ont
participé à partir de leurs balcons. Je remercie les
circonstances qui m’ont permis de venir en Egypte pour le
Salon du livre et l’anniversaire de la révolution
égyptienne.
— Pensez-vous que la participation de la Tunisie au Salon
cette année ait reflété la diversité des maisons d’édition
tunisiennes ?
—
La Tunisie cette année, en tant qu’invitée d’honneur, était
soucieuse d’avoir une présence particulière, notamment après
la révolution dans ce pays. Nous avons organisé des
colloques sur les nouvelles publications, le cinéma et le
théâtre. 35 maisons d’édition ont participé à cette 43e
édition. Elles ont présenté au public égyptien des
publications sur la révolution tunisienne. Nous parlons de
200 titres ou presque. Le slogan de notre pays était « Le
livre porte les révolutions arabes ». Les intellectuels
tunisiens ont essayé de jeter la lumière sur la révolution
de leur pays dans leurs publications et le rôle de
l’intellectuel tunisien depuis le XIXe siècle. Le slogan de
cette révolution était « Le peuple veut » qui est inspiré
d’un vers du grand poète tunisien Aboul-Qassem
El Chebbi. 40 personnalités parmi les poètes, les
spécialistes du cinéma et de la musique ont assisté à cette
édition. Nous avons visé la coopération culturelle entre les
deux pays.
— Dans le contexte de la coopération culturelle, deux
protocoles ont été signés entre l’Egypte et la Tunisie.
Quels sont les points essentiels de ces protocoles ?
—
Nous avons réussi durant cette édition du Salon
international du livre du Caire à signer deux protocoles. Le
premier est professionnel entre les deux Unions des éditeurs
tunisiens et égyptiens. Il s’agit de faciliter la
circulation du livre entre les deux pays, d’intensifier
l’action entre les éditeurs, d’encourager les bourses
d’études et l’échange entre les étudiants des universités
des deux pays dans les facultés de journalisme, notamment en
édition et en impression, ainsi que les instituts des
beaux-arts. Selon ce protocole, les éditeurs dans les deux
pays prendront en charge la formation des étudiants. Le
second protocole est signé avec le GEBO (l’Organisme général
égyptien du livre). Il s’agit de surmonter toutes les
difficultés concernant la diffusion du livre dans les deux
pays et de soutenir la diffusion du livre dans les
expositions locales et internationales.
— Quel est, selon vous, l’avenir de l’édition numérique pour
les maisons d’édition arabes ?
—
Pour ce qui est de l’édition numérique, il existe
jusqu’aujourd’hui des difficultés techniques qu’il faudra
surmonter, sinon les éditeurs et les écrivains arabes vont
se retrouver à l’extérieur de ce système d’ici cinq ans. Il
est temps, après le Printemps des révolutions arabes, qu’il
y ait un printemps du livre.
Propos recueillis par
Rasha
Hanafy