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 Semaine du 8 au 14 février 2012, numéro 908

 

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Dossier

Niveau de vie . Un quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. En 2000, ce taux ne dépassait pas 17 %. Le gouvernement tarde à prendre des mesures pour inverser la tendance.

Toujours plus de pauvres

25,2 % des Egyptiens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cela représente un total de plus de 20 millions de personnes, selon les résultats d’une enquête réalisée par l’Organisme central de mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS), rendue publique la semaine dernière. Le taux de pauvreté en Egypte a augmenté de 3,6 % par rapport à 2008/2009, date de la précédente enquête. La pauvreté touchait alors 21,6 % de la population.

« C’est une réalité effrayante », a déclaré Gouda Abdel-Khaleq, ministre de l’Approvisionnement. La dernière décennie du règne de Moubarak a vu la pauvreté dépasser tous les records. En 2000, le taux de population vivant en dessous du seuil de pauvreté n’était que 16,7 %. Les racines économiques de la révolution du 25 janvier semblent être aussi profondes que les raisons politiques.

« La hausse des prix n’est pas allée de pair avec une hausse des salaires. Les déséquilibres dans la distribution des revenus persistent », constate Héba Al-Leissi, professeur d’économie à l’Université du Caire, qui a participé à la réalisation de l’enquête.

Les politiques actuelles ne vont toujours pas dans la bonne direction. Pour Héba Al-Leissi, comme pour de nombreux économistes, les politiques adoptées par les gouvernements de l’après-révolution ne sont pas en mesure de réduire la pauvreté. « Les politiques qu’adopte le gouvernement actuel sont loin de suffire aux besoins de la société. L’impôt sur le revenu doit être progressif. Il faut aussi encourager l’investissement, difficile dans les circonstances actuelles, à travers l’injection de fonds publics. Et surtout, il faut mettre en œuvre des mesures et des mécanismes pour aider les plus pauvres  », plaide Al-Leissi.

Elle n’est pas la première à réclamer de telles actions de la part du gouvernement. Des économistes de toutes tendances — gauche, droite et même des noms affiliés à l’ancien régime — se lassent de répéter le même discours. Mais le gouvernement fait la sourde oreille. Ces revendications sont pourtant loin d’être révolutionnaires et ne sont pas susceptibles de mener à un changement radical du régime économique du pays.

Après la révolution, le gouvernement a à peine relevé l’impôt sur le revenu, le passant de 20 à 25 % pour les salaires dépassant 10 millions de L.E. par an. Une décision qui n’a pas satisfait les économistes. « En Angleterre, l’impôt sur les tranches de salaire les plus élevées atteint 90 %. Cela permet d’augmenter les revenus publics, et donc les dépenses sur les besoins sociaux, mais aussi de freiner l’inflation », explique Al-Leissi.

Par ailleurs, beaucoup d’économistes s’étonnent du plan de rigueur imposé par le gouvernement Ganzouri. Le but est de réduire le déficit alors que la croissance est en baisse. Les dépenses publiques ont été coupées de 20 milliards de L.E., soit l’équivalent des dépenses de santé sur un an. « En temps de récession, la règle est l’accroissement des investissements publics, afin d’encourager le secteur privé. Couper les investissements publics alors que les investissements privés sont en baisse est très négatif pour la croissance », estime Samir Radwane, ancien ministre des Finances. Le budget présenté par Radwane avait aussi été critiqué pour ne pas être suffisamment orienté vers les pauvres. Mais les modifications introduites à deux reprises par le Conseil militaire ont finalement poussé les économistes à le regretter.

Les investissements gouvernementaux sont passés d’une prévision de 60 milliards à 47,2 milliards de L.E., avant d’en retrancher 1,5 milliard de L.E. suplémentaires sous Ganzouri. En outre, plusieurs mesures sur une meilleure répartition des revenus ne sont pas entrées en vigueur à l’échéance prévue. Et ceci sans aucune explication officielle. Tout comme l’application d’un salaire maximum dans l’administration publique et l’introduction d’un système de coupons pour subventionner les bonbonnes de gaz à usage domestique. Les deux mesures devraient voir le jour début 2012.

« C’est cela qui crée le manque de confiance dans le gouvernement : il ne tient pas à ses promesses. Il faut une politique claire et il faut donner des explications tout en rendant les chiffres transparents », souhaite Al-Leissi .

Marwa Hussein

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La pauvreté à la loupe

25,2 % des Egyptiens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Selon l’Organisme central de mobilisation publique et des statistiques, le seuil de pauvreté est de 3 180 L.E. par an, soit 265 L.E. par mois.

Parmi ces 25,2 %, 4,8 % vivent dans une extrême pauvreté, soit en dessous du seuil de pauvreté alimentaire du CAPMAS, l’institut à l’origine de l’enquête. Les dépenses de ce dernier groupe sont inférieures à 172 L.E. par mois, soit moins d’un euro par jour.

Alors que le taux des pauvres a considérablement augmenté entre 2008/2009 et l’année passée, le pourcentage des personnes vivant dans une extrême pauvreté a légèrement reculé. A l’époque, il était de 6,1 % des personnes en dessous du seuil de pauvreté. Ces chiffres sont beaucoup plus élevés que ceux de 1999/2000 le taux de pauvreté était de 16,7 % dont 2,9 % d’extrême pauvreté.

Qui sont les pauvres ? Selon le CAPMAS, il existe une corrélation entre la pauvreté et plusieurs autres facteurs comme la zone géographique, le niveau d’éducation, la taille de la famille et les conditions de travail.

Une personne est plus susceptible d’être pauvre si elle est illettrée, issue d’une famille nombreuse, si elle ne travaille pas au sein d’une institution ou n’a pas de travail permanent et si elle vit dans une zone rurale de la Haute-Egypte.

51 % de la population vivant dans les zones rurales en Haute-Egypte sont pauvres, contre une moyenne de 10 % dans les gouvernorats urbains. La pauvreté dans les zones les plus pauvres a augmenté de 7 % au cours des dernières années du régime de Moubarak, malgré un discours permanent sur des politiques visant le développement de la Haute-Egypte.

Le taux de pauvreté diminue avec la hausse du niveau d’éducation. Plus de 26 % des analphabètes sont pauvres. Malgré des taux élevés de chômage parmi les diplômés universitaires, seulement 6,5 % des diplômés comptent parmi les pauvres.

5 % seulement des personnes vivant dans des familles de moins que 4 membres sont pauvres tandis que 64 % des individus provenant de familles composées de 10 personnes ou plus tombent en dessous du seuil de pauvreté.

Le calcul de la pauvreté est basé sur une enquête de la consommation et des dépenses des familles et des individus. Celui-ci révèle que les dépenses moyennes annuelles d’une famille égyptienne en 2010/11 étaient de 19 286 L.E. par an (environ 3 210 dollars). Un chiffre qui s’élève dans les zones urbaines à 22 236 (3 700 dollars), et recule dans des zones rurales à 16 876 (2 800 dollars). Alors que le taux de pauvreté a augmenté, les dépenses moyennes des Egyptiens ont augmenté. Ce qui signifie que les disparités augmentent.

La majorité des dépenses vont à la nourriture, un pourcentage qui augmente avec le niveau de pauvreté. En 2010/11, les plus pauvres dépensaient plus de 49 % de leur revenu pour se nourrir. Les 20 % les plus riches de la société égyptienne dépensent, quant à eux, 32,5 % de leurs revenus dans la nourriture. Le logement arrive après l’alimentaire, bien que riches et pauvres dépensent à peu près la même proportion de leur revenu dans cette charge .

M. H.

 




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