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 Semaine du 7 au 13 septembre 2011, numéro 887

 

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Enquête

Musée Gréco-Romain D’Alexandrie . Fermé depuis plus de six ans pour restauration, ses archéologues veulent lancer une campagne internationale afin de dénoncer des malversations qui entravent sa réouverture. Explications.

Des rénovations interminables

Le musée gréco-romain d’alexandrie, le plus important musée consacré à l’archéologie gréco-romaine dans le monde, reflète une civilisation et un passé florissant d’une ville qui était non seulement la capitale de l’Egypte, mais aussi un important centre culturel et commercial.

Son projet de restauration et de rénovation, entamé il y a plus de sept ans avec un budget de 120 millions de L.E., avait pour objectif de restaurer les objets et le bâtiment et d’agrandir le musée, afin d’y conserver ce qui en résulte des fouilles alexandrines qui ne cessent de croître.

Tout avait bien commencé. D’abord, la moitié du musée a été fermée en 2002 et les travaux devaient prendre fin en 2004. Plus tard, tout le musée a fermé ses portes aux visiteurs et depuis, les travaux censés durer deux ans n’ont jamais été achevés. Certains prétendent que le plafond du premier étage du musée risquait de s’effondrer et que cela était l’une des causes du retard. Depuis plus de six ans, les objets du musée sont dans les dépôts.

Mais il semble en réalité que les problèmes de réorganisation au sein du Conseil Suprême des Antiquités (CSA) et le déficit budgétaire dont il souffre sont la raison principale de sa fermeture pendant toutes ces années. Après la révolution du 25 janvier 2011, un des employés du musée, Mohamad Ibrahim, a informé le procureur général que les travaux de restauration avaient été achevés en 2004. Mais le CSA, sous la tutelle de Zahi Hawas à l’époque, a décidé de recommencer les travaux après avoir attribué le projet à une autre société sans recourir à un appel d’offres. « La ville d’Alexandrie et l’économie de l’Egypte en général ont perdu des millions de L.E. à cause de la fermeture du plus important musée consacré à l’archéologie gréco-romaine dans le monde. De belles pièces sont entassées dans les dépôts depuis des années. Ce fait est devenu inacceptable pour les archéologues non seulement en Egypte mais aussi dans le monde entier, sans oublier les 300 archéologues et trésoriers qui travaillent au musée », estime Ibrahim.

Situé non loin de l’amphithéâtre romain de Kom Al-Dekka, de la colonne Pompée, du Serapeum et des catacombes de Kom Al-Choqafa, ce musée comprend plus de 40 000 pièces de valeur. Les collections du musée datent principalement du IIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C., couvrant de la sorte la période ptolémaïque et romaine. Le musée abritait, entre autres, des milliers de reliques datant du IIIe siècle av. J.-C., notamment des momies, des sarcophages, des tapisseries, objets offrant un panorama aussi fidèle que varié de la civilisation gréco-romaine sous la forme qu’elle a revêtue au contact avec l’Egypte. Il contient aussi des pièces provenant du Fayoum, de Behnassa et autres.

Le musée est également réputé pour sa collection de statues appelées Tanagra. La mot Tanagra vient du nom d’un village de la Grèce antique, célèbre par sa nécropole ouverte pour la première fois en 1874 et qui contenait une quantité considérable de figurines. Ces gracieuses figurines, faites en terre cuite par des artisans alexandrins et ayant conservé jusqu’à présent leur couleur, donnent des indices précieux sur le mode de vie des Alexandrines de l’époque, sur leur manière de s’habiller et de se coiffer. La collection du musée provient des nécropoles d’Alexandrie, ces statuettes accompagnaient les défunts dans le monde souterrain.

Le musée gréco-romain d’Alexandrie a été officiellement inauguré le 17 octobre 1892 par le khédive Abbass Helmi II. Le bâtiment du musée est donc lui aussi un monument. Comportant une façade néoclassique reposant sur six colonnes, il est situé dans la rue Al-Mathaf (la rue du musée), à quelques pas du centre-ville et près du gouvernorat d’Alexandrie.

Pour clore le chapitre de sa fermeture, des archéologues égyptiens envisagent aujourd’hui de lancer une campagne internationale pour sa réouverture. Une initiative qui devrait être soutenue par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et le Conseil international des musées (ICOM).

Amira Samir

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En quête d’espace

Une campagne a été lancée par des archéologues et des intellectuels afin d’annexer le bâtiment du gouvernorat au musée gréco-romain. L’ultime solution pour remédier à l’entassement de collections rares et uniques.

Une superficie de 2 700 m2 est actuellement la seule solution pour sauver le musée gréco-romain d’Alexandrie, considéré comme le plus riche au monde en antiquités gréco-romaines. Archéologues et intellectuels se battent pour récupérer ce terrain qui abritait à l’origine le siège du gouvernorat d’Alexandrie et qui a pris feu le 28 janvier lors des événements politiques qui ont secoué le pays. Pour cela, une importante campagne, organisée par les archéologues et les intellectuels, a été lancée à Alexandrie sous le slogan : « Non au gouvernorat d’Alexandrie, oui au musée gréco-romain ». Le but de cette campagne est de cesser les travaux de reconstruction et de rénovation du bâtiment du gouvernorat afin d’attribuer le terrain au musée gréco-romain mitoyen. « On a lancé un appel urgent au Conseil suprême des forces armées et à Essam Charaf, chef du gouvernement, pour leur demander d’annexer le terrain au musée gréco-romain. En compensation, utiliser le terrain adjacent à l’ancien siège du Parti national dans le quartier de Smouha pour la construction d’un nouveau siège pour le gouvernorat », explique Khaled Azab, conseiller de l’information à la Bibliotheca Alexandrina et coordinateur de la campagne, en ajoutant que le musée gréco-romain est l’un des plus célèbres du monde et le troisième musée égyptien, inauguré par le khédive Abbass Helmi II.

Il renferme environ plus de 50 000 pièces réparties dans 27 locaux seulement. Plusieurs de ces pièces se trouvent dans un état déplorable. En fait, le musée gréco-romain souffre du manque d’espace qui empêche l’exposition de sa collection unique. Les dépôts font défaut aussi. Ainsi, les problèmes de conservation s’imposent. Outre cela, il a aussi besoin, comme tous les autres musées, d’une zone de services renfermant des bazars pour vendre les souvenirs, une petite cafétéria et une aire de stationnement pour les véhicules. « Cet espace est notre dernière chance pour pouvoir agrandir et sauver le musée, vu l’entassement des pièces antiques rares et l’impossibilité d’y faire une autre expansion à l’avenir », souligne Azab.

Une superficie supplémentaire pour une bonne muséologie n’est pas le seul but de la campagne, mais ce terrain est considéré par la majorité des archéologues comme un espace encore vierge qui n’a pas été l’objet de fouilles. Il est probable d’y faire de grandes découvertes. Des voix se sont élevées demandant au CSA de commencer immédiatement les travaux de fouilles, puisque ces travaux peuvent conduire peut-être, selon eux, à la découverte de la tombe d’Alexandre le Grand, le fondateur de la ville d’Alexandrie, ou tout son cimetière.

Si certains prétendent pouvoir trouver la tombe d’Alexandre le Grand, d’autres estiment que les fouilles sous les ruines de ce bâtiment peuvent conduire à la découverte du temple de Saturne, dieu de l’agriculture et du temps pendant l’époque gréco-romaine. En tout cas, l’archéologue Ahmad Abdel-Fattah, qui confirme cette idée, assure encore qu’il est temps de prendre la question du terrain du gouvernorat au sérieux puisque auparavant, personne n’y accordait intérêt, surtout que nous avons certaines sources antiques qui soulignent la présence d’antiquités datant de l’époque gréco-romaine. « Nous cherchons actuellement le soutien d’un certain nombre d’organismes internationaux, comme le Conseil international des musées, l’Unesco et les professeurs d’arts et d’archéologie gréco-romains au niveau des universités internationales pour que notre voix soit entendue. Ils pourront nous aider à atteindre notre but », indique Mohamad Al-Sayed, chercheur archéologique, en rappelant que la reconstruction de la Bibliothèque d’Alexandrie, qui était un rêve, est devenue une réalité dans la plus belle ville de la Méditerranée et qui forme aujourd’hui une partie de son patrimoine.

Samar Zarée

 




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