Nigeria
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La police nigériane a pu identifier le cerveau présumé de
l’attentat du 26 août contre le bâtiment de l’Onu à Abuja.
L’organisation Al-Qaëda serait liée à l’acte terroriste
selon les enquêtes.
Al-Qaëda dans le collimateur
Dix
jours après l’attentat meurtrier perpétré le 26 août contre
le siège des Nations-Unies à Abuja faisant 23 morts et 70
blessés, les autorités nigérianes ont enfin arrêté cette
semaine le cerveau de l’attaque, Mamman Nur. Ayant des liens
avec Al-Qaëda au Maghreb islamique, Nur est un élément connu
de la secte islamiste nigérienne Boko Haram. Pour échapper à
une arrestation, Nur s’est installé en Somalie où il a pu
contacter les shebab, le mouvement islamiste en Somalie. Ce
pays de la Corne de l’Afrique est en partie contrôlé par les
rebelles shebab, liés à Al-Qaëda, qui ont fréquemment
revendiqué des attentats visant le plus souvent les soldats
de la force de l’Union africaine déployée pour appuyer le
fragile gouvernement de transition somalien. Quelques
semaines avant l’attentat, Nur est revenu au Nigeria, et il
aujourd’hui accusé sur la base du témoignage de deux
suspects arrêtés par la police 5 jours avant l’attentat et
considérés comme responsables à la secte islamiste Boko
Haram.
Cette dernière avait revendiqué l’attentat d’Abuja le même
jour. Un acte qui n’est pas le premier pour ce mouvement qui
a aussi commis de nombreuses attaques au Nigeria, dont un
attentat à la voiture piégée contre le QG de la police à
Abuja en juin dernier, qui a fait au moins 2 morts. Après
l’insurrection de juillet 2009, violemment réprimée par les
forces de l’ordre (environ 800 morts en quelques jours),
Boko Haram avait fait profil bas avant de réapparaître en
2010 et de multiplier les attaques. Ces dernières étaient
souvent dirigées contre la police, l’armée ou des
responsables politiques et religieux, sans jamais s’en
prendre à une cible internationale. Ce dernier attentat
semble donc sans précédent pour Boko Haram qui n’a jamais
osé frapper une cible internationale. Selon le responsable
de la sécurité des Nations-Unies, Gregory Starr, dépêché à
Abuja avec la secrétaire adjointe de l’Onu, Asha-Rose Migiro,
« il n’y avait pas eu avant l’attentat de menace spécifique
contre les opérations onusiennes au Nigeria ».
Mais il semble que l’évolution de Boko Haram ne s’est pas
bornée au changement de cibles : elle comprend aussi une
évolution des moyens d’attaques mêmes. Ces deux derniers
mois ont, en effet, témoigné d’un recours du groupe à des
procédés de plus en plus sophistiqués, utilisant notamment
des bombes actionnées à distance. Autant d’indices qui ont
amené les analystes à craindre de forts liens avec la
branche maghrébine d’Al-Qaëda (AQMI), active au Niger
voisin. Mais nul ne peut savoir jusqu’à présent la teneur ou
la profondeur des liens qu’auraient tissés ces deux groupes
terroristes.
Si les forces de sécurité nigériane ont affirmé
l’arrestation du cerveau de l’attentat, les responsables des
Nations-Unies affirment qu’ils n’ont reçu aucune information
officielle sur des arrestations après l’attentat contre son
siège. « L’Onu n’a été informée officiellement d’aucune
arrestation, a indiqué le coordinateur des Nations-Unies au
Nigeria, Daouda Touri. « Nous demandons à ce qu’il n’y ait
pas d’impunité ».
Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique. Ses quelque
150 millions d’habitants sont à peu près également répartis
entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud,
essentiellement chrétien.
Sabah
Sabet