Initiatives .
L’Université Française d’Egypte (UFE) se prépare à la Coupe
du monde SIFE (Students In Free Enterprise), du 3 au 5
octobre 2011 à Kuala Lumpur, en Malaisie. Elle travaille sur
5 projets dont 3 sont liés à l’environnement.
La jeunesse aux bonnes idées
Nommée
deux fois championne du monde au concours SIFE (2009 et
2010), l’équipe de l’Université Française d’Egypte (UFE)
déploie d’intenses efforts pour décrocher un troisième titre
consécutif. Le projet jugé par l’équipe comme le plus solide
est le Vertical Axe Wind Turbin (VAWT). L’idée est la
production locale d’une éolienne capable de générer
l’électricité de manière propre et durable pour les
logements isolés du désert. « On parle ici d’une éolienne
qui diffère de celles utilisées en Egypte dans la région de
Zaafarana. C’est une éolienne fabriquée par les étudiants
eux-mêmes dans des ateliers et de petites usines. Le coût de
fabrication de cette éolienne en Egypte s’élève à 15 000 L.E.,
tandis que les coûts de cette éolienne fabriquée en Europe
ou aux Etats-Unis varient entre 50 à 70 000 L.E. Cette
éolienne produit 6 kilowatts d’électricité, quantité
suffisante pour éclairer une petite maison et faire
fonctionner jusqu’à deux climatiseurs », affirme David
Youssef, étudiant en 3e année de la faculté d’ingénierie à
l’UFE et qui travaille sur ce projet. Les étudiants sont
maintenant dans la phase de production locale d’une première
éolienne du genre, prototype financé par une entreprise
privée dénommée Mentor Graphics. Le but est d’utiliser cette
éolienne pour éclairer jusqu’à trois maisons primitives dans
la région d’Al-Magharah, près d’Al-Alamein, dépourvue
d’électricité et où vivent des bédouins. Selon David
Youssef, il s’agit de fournir 10 éoliennes pour cette région
afin d’éclairer 30 logements. « Nous sommes en train de
chercher un sponsor pour continuer notre travail et
atteindre notre but. Nous menons des tournées pour expliquer
le projet aux différents sponsors. On essaye de les
convaincre en leur expliquant l’importance du projet pour le
pays et pour produire des éoliennes bon marché pour générer
l’électricité non seulement proprement mais aussi
durablement. En plus, on leur explique qu’ils seront cités
comme sponsor chaque fois que l’on fera une présentation du
projet dans le monde », souligne David. Ils sont convaincus
de l’efficacité du projet et très optimistes quant au fait
qu’il pourra changer le sort de l’Egypte et réduire l’effet
de serre qui résulte de la production traditionnelle
d’électricité des grandes centrales électriques. En plus, le
projet permet d’éviter la perte de 20 % d’électricité dans
le cas de l’utilisation des grandes centrales électriques.
Une perte qui accentue l’effet de serre.
La prouesse du projet
Du coup, le problème environnemental devient ... une
solution environnementale ! C’est la prouesse du projet
développé actuellement par l’équipe SIFE de l’Université
Française d’Egypte. Des plantes appelées en Egypte Ward
Al-Nil (jacinthe de l’eau) se reproduisent très vite sur le
Nil et causent divers problèmes environnementaux et
économiques. Ces plantes entravent la navigation et la pêche
et empêchent la lumière du soleil de pénétrer dans les eaux,
ce qui augmente les bactéries. En plus, chacune de ces
plantes se nourrit sur 5 litres d’eau et leur reproduction
illimitée menace la quantité d’eau du Nil disponible.
Pour choisir un projet, l’équipe SIFE réfléchit aux
problèmes de la société égyptienne. C’est ainsi qu’est née
l’idée. Le projet consiste à ramasser ces plantes, les
sécher et les mélanger à d’autres produits végétaux afin de
créer un nouveau fourrage pour le bétail à prix réduit. Pour
Samar Halawa, responsable de ce projet et étudiante en
traduction à l’UFE, l’objectif est de débarrasser le Nil de
ces plantes parasites sans augmenter les déchets en les
transformant en un nouveau produit. « Nous avons fait
beaucoup de recherches avant de commencer le projet et avons
discuté longuement avec des experts et professeurs de la
faculté de l’agriculture de l’Université de Aïn-Chams et
celle d’Alexandrie. Nous avons découvert qu’en mélangeant la
jacinthe de l’eau aux résidus de cannes à sucre et des
feuilles de bananiers, on obtient un nouveau produit qui
sert de fourrage pour le bétail », explique Samar. Le
produit a été analysé dans les laboratoires et les experts
agronomes ont découvert un manque de protéines. Pour
remédier à ce problème, ils ont donc suggéré l’ajout
d’autres éléments.
Ce projet sera exécuté sur 3 phases. Dans la première phase,
la production sera de 4 tonnes. La tonne sera vendue à 400
L.E. tandis que le prix du fourrage varie de 800 L.E. à 2
600 L.E. Ces 4 tonnes produites dans la première phase
seront distribuées à 4 familles de paysans à Edco.
Dans la deuxième phase du projet, l’équipe SIFE travaillera
avec une ONG à Edco, l’Association du 6 octobre, qui
fournira des machines pour hacher la jacinthe de l’eau et
d’autres éléments pour ensuite les mélanger. « Cette
coopération avec le secteur non gouvernemental peut aider le
projet à continuer et garantir sa durabilité, si le produit
est bien accueilli sur le marché », indique Samar. Selon
elle, le produit peut être nourrissant mais le goût peut ne
pas plaire aux animaux. La dernière phase consistera à
construire une petite usine, qui offrira 50 emplois. L’un
des buts de ce projet est de créer un marché pour la
jacinthe de l’eau. Aujourd’hui, la tonne se vend à 250 L.E.
Si le projet réussit, cela encouragera à dégager le Nil de
ces plantes pour gagner de l’argent.
Le troisième projet en faveur de l’environnement présenté
par l’équipe SIFE de l’UFE est lié au biogaz et sera réalisé
sur l’île d’Al-Warraq. Des campagnes de sensibilisation ont
été lancées pour apprendre aux habitants la technologie du
biogaz. « Ce projet n’est pas nouveau, mais on le continue
», commente Islam Galal, directeur du projet. Il vient de
finir la construction du moteur qui transformera les déchets
des animaux et des égouts en biogaz pour faire fonctionner
la première boulangerie biogaz de l’île. « Ce moteur est
unique dans le monde, du point de vue de la conception, du
fonctionnement et de l’efficacité. Il est capable de
produire 10 000 pains au quotidien. On commencera à
l’expérimenter cette semaine », explique Islam. En fin de
phase expérimentale, les équipements de la boulangerie
seront fournis par l’hypermarché Carrefour et le terrain qui
accueillera la boulangerie a été alloué à l’équipe SIFE. Le
but de ce projet est la construction de deux réacteurs afin
de réduire la pollution due aux déchets animaux et humains
et de développer la production d’énergie locale. La
boulangerie verra le jour le 1er juillet 2011.
Dalia Abdel-Salam