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 Semaine du 29 juin au 5 juillet 2011, numéro 877

 

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Exposition . Situé sur le plateau d’Al-Guelf Al-Kabir, dans le Désert occidental, le site de Wadi Soura renferme deux grottes préhistoriques dont les peintures ont été dégradées par les facteurs naturels et le comportement de certains touristes. Une mission italienne a entrepris la tâche de les restaurer.

Un patrimoine en danger

« Wadi Soura est l’une des vallées que renferme la réserve naturelle et archéologique d’Al-Guelf Al-Kabir. Cette vallée raconte, à travers les outils préhistoriques, les grottes et leurs graffitis, l’histoire de l’occupation des lieux par l’homme et ses activités variées », explique Khaled Saad, directeur général du département de la préhistoire au sein du ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités. Cette vallée comprend d’innombrables grottes qui étaient exploitées comme des abris pour les premiers hommes. Parmi celles-ci se distinguent trois couvertes de graffitis, dont deux sont soumises aux études. Elles sont situées à 300 mètres l’une de l’autre. C’est là où opère, depuis deux ans, une mission italienne dirigée par la préhistorienne Barbare Barich, de l’Université de Rome La Sapienza et financée par la Coopération italienne. Son objectif essentiel est de restaurer les graffitis, ainsi que préserver et conserver le site et tout son entourage.

Récit de peintures

Découverte en 1933 par le comte hongrois Laszlo Almasy, la grotte de Soura I (la grotte des images) est unique en Egypte, voire dans le monde entier. Elle comprend plus de 2 000 graffitis qui couvrent ses murs. Raison pour laquelle cette grotte attire l’attention des spécialistes et touristes des quatre coins de la planète. Ces peintures varient entre gravures rocheuses et colorées. D’ailleurs, ces représentations expriment plusieurs sujets : funéraires, danses rythmiques dont certains sont rituels, à l’instar du rite de l’autruche, le headless, la présentation des offrandes tandis que d’autres sont religieuses, à l’instar des scènes des nageurs et des nageuses. A cause de cette représentation, les premiers découvreurs ont appelé cette grotte la « grotte des nageurs ». A côté des danses rythmiques, rituelles et religieuses, se distinguent les saisonnières qui étaient effectuées pendant les festivals, à l’exemple de celui de la récolte et celui des porteurs des offrandes et ce, sans oublier les danses quotidiennes qui reflètent les jeux des enfants de cette époque lointaine. Tous ces graffitis significatifs augmentent la valeur de la grotte Soura I, en plus de leur datation variée. D’après les anciens chercheurs, les plus anciens graffitis de cette grotte remontent au néolithique (environ 7 000 ans av. J.-C.), tandis que les plus récentes, elles, sont datées à la période thinite (Ie et IIe dynasties pharaoniques). En revanche, les plus nouvelles études effectuées au sein du département de la préhistoire suggèrent que cette datation est beaucoup plus reculée que le néolithique. En outre, cette grotte et ses images expliquent la présence de l’homme préhistorique dans le Désert occidental et ses relations avec ses voisins en Libye dans la région d’Akakus de Tassili sur les frontières libyo-algériennes. Aussi avait-il établi des liens avec ses homologues au Soudan.

Un patrimoine à sauvegarder

Quant à la grotte II, dont les peintures traitent les mêmes sujets abordés dans la première, elle a été découverte quelques années plus tard par le voyageur italien Foggini. Les deux grottes attirent un nombre considérable de touristes et de préhistoriens de toutes les nationalités. En effet, une mission italienne y opère depuis deux ans. Son motif essentiel est de restaurer les peintures des deux grottes, les préserver et conserver tout leur entourage parsemé d’outils préhistoriques datés du paléolithique. « D’après nos comparaisons entre l’état des peintures aux temps de la découverte et aujourd’hui, nous avons constaté de forts dégâts », affirme Giulio Lucarini, l’adjoint de la directrice de la mission. Pour lui, en gros, il y a deux genres de causes. Le premier est naturel dont les effets sont très modestes. Quant au second, il est humain et son effet est destructif. Le tourisme est le premier facteur. En effet, les touristes au nombre de 40 par jour et leur mauvais comportement représente un grand danger pour les graffitis. Ils les touchent et les arrosent avec de l’eau pour obtenir de belles photos. Avis partagé par le géologue Mohamad Hamdan, membre de la mission et professeur à l’Université du Caire. Selon lui, cette eau efface les peintures et affaiblit la roche de la grotte. « Aussi, certains touristes y gravent leur nom et la date de leur présence sur le site, déformant ainsi les peintures préhistoriques », reprend Khaled Saad. En même temps, Certains individus qui pénètrent illégalement à partir des frontières tchadienne et soudanaise passent par Wadi Soura et abîment avec leurs véhicules les outils préhistoriques autour des grottes.

Tous ces comportements représentent un grand danger aux yeux des préhistoriens et des archéologues. Selon Lucarini, les restaurations actuelles qui sont réalisées à l’aide de la plus récente technologie, comme le microscope numérique qui analyse les couleurs et les matériaux et les transmet à l’ordinateur, ne suffiront pas pour préserver le site. Et, par conséquent, l’humanité risque de perdre un trésor, voire un patrimoine unique. Il faut sauver Wadi Soura. Pour ce faire, il faut établir une coopération entre les ministères d’Etat pour les Affaires des antiquités, de l’Environnement, le ministère du Tourisme et les forces armées. Il faut aussi fournir le financement nécessaire pour maintenir les équipements comme les véhicules 4X4, les cartes, les appareils GPS et des téléphones satellites qui permettent de contrôler la réserve et de la sécuriser en cas d’urgence. Il faut aussi installer des points de contrôle et mettre en place un règlement pour les guides, les conducteurs, les touristes et les rangers.

Doaa Elhami

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