Libye .
Alors que sur le terrain les combats font rage, Mouammar
Kadhafi est devenu le deuxième chef d’Etat poursuivi par la
Cour pénale internationale après le Soudanais Omar
Al-Béchir.
Kadhafi déclaré criminel de guerre
La cour Pénale Internationale (CPI) a émis lundi des mandats
d’arrêt à l’encontre du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi,
de son fils Seif Al-Islam et de Abdoullah Al-Senussi, chef
des services de renseignement, pour crimes contre
l’humanité. A la demande du Conseil de sécurité des
Nations-Unies, Luis Moreno-Ocampo, procureur en chef de la
CPI, avait demandé en mai dernier l’émission de ces mandats
pour meurtre avec préméditation d’opposants.
Un seul chef d’Etat en exercice, le président soudanais Omar
Al-Béchir, fait jusqu’ici l’objet d’un mandat d’arrêt de la
CPI, premier tribunal international permanent chargé de
poursuivre les auteurs présumés de génocide, crimes contre
l’humanité et crimes de guerre. Entrée en fonction en 2002,
la CPI ne dispose d’aucune force de police propre et dépend
de la volonté des Etats pour l’exécution des mandats
d’arrêt. Mais la Cour a compétence en Libye en vertu de la
résolution du Conseil de sécurité du 26 février, ce que
contestent les autorités libyennes qui affirment ne pas être
concernées par ses décisions, n’ayant pas ratifié le statut
de Rome, son traité fondateur.
Ce qui a poussé, au nom de l’Afrique, le président
sud-africain Jacob Zuma à hausser le ton dimanche dernier
face à l’Otan, soulignant qu’elle n’avait pas été mandatée
par l’Onu pour conduire « l’assassinat politique » de M.
Kadhafi. « La résolution 1973 de l’Onu utilisée par l’Otan
pour conduire ses opérations en Libye n’autorise pas un
changement de régime ou un assassinat politique du dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi », a déclaré dimanche à Pretoria le
président sud-africain lors d’une réunion composée de cinq
chefs d’Etat (comité des médiateurs) pour aider à un
règlement de la crise libyenne. « Les bombardements continus
de l’Otan et de ses alliés sont une préoccupation qui a été
soulevée par notre comité et par l’assemblée de l’UA (Union
Africaine) car la finalité de la Résolution 1973 était de
protéger le peuple libyen et faciliter les efforts
humanitaires », a déclaré M. Zuma. Sur le terrain, les
rebelles libyens ont lancé dimanche une offensive contre les
troupes de Mouammar Kadhafi stationnées dans la plaine entre
les montagnes berbères et Tripoli. Les deux camps
s’affrontent à l’arme lourde, entre intenses bombardements
aux roquettes de type Grad et tirs soutenus de mitrailleuses
lourdes, à une cinquantaine de kilomètres de Tripoli, tandis
que le colonel Kadhafi, le plus ancien dirigeant arabe et
africain, s’accroche toujours au pouvoir. Mais « nous nous
attendons à recevoir une offre très bientôt, il est
incapable de respirer désormais », a affirmé Abdel-Hafiz
Ghoga, vice-président du Conseil National de Transition
(CNT), organe politique de la rébellion. Il a précisé que le
CNT n’était pas en contact direct avec Mouammar Kadhafi. «
Des pays ont été choisis par le régime de Kadhafi pour
présenter une proposition au CNT, mais nous n’avons rien
reçu pour le moment », a-t-il dit. « Nous étudierons
sérieusement toute proposition qui nous sera présentée, à
condition qu’elle garantisse que Kadhafi et son régime, son
cercle rapproché, ne restent pas au pouvoir », a déclaré M.
Ghoga. « Nous voulons préserver la vie, donc nous voulons
mettre un terme à la guerre le plus vite possible. En plus,
nous lui avons toujours laissé une marge de manœuvre pour
partir », a-t-il souligné. En outre, le Wall Street Journal
a indiqué que Mouammar Kadhafi « envisage sérieusement » de
quitter la capitale libyenne pour une autre ville du pays,
car il ne se sent plus en sécurité à Tripoli à la suite des
raids aériens de l’Otan.
Inès
Eissa