Al-Ahram Hebdo, Idées | Peut-être une occasion pour l’Egypte

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 Semaine du 29 juin au 5 juillet 2011, numéro 877

 

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Idées

Prix booker du roman arabe . Les maisons d’édition égyptiennes ont entamé le marathon des candidatures pour la 5e édition. Elles misent sur la nouvelle donne de l’après-25 janvier pour voir un de leurs romans primé.

Peut-être une occasion pour l’Egypte

« La révolution n’est pas encore terminée », répète Fatma Al-Boudy, directrice de la maison d’édition Al-Eïn. Atténuant ainsi l’impact de la révolution sur les choix de sa maison. « Je pense qu’un bon roman sur la révolution du 25 janvier n’a pas encore eu le temps de se cristalliser dans la conscience et l’esprit d’un écrivain ». Al-Eïn a choisi trois romans dont Al-Ahd al-guadid (la nouvelle époque), au titre révélateur, du romancier Khaled Al-Béry. Un nom déjà retenu dans la présélection du Booker de l’an dernier qui comprend 6 nominés, pour son roman Raqsa charqiya (danse orientale), relatant la « démission » d’un jeune d’un mouvement de l’islam politique. Le second roman présenté par Dar Al-Eïn vise également un écrivain sélectionné parmi les 16 meilleurs romans nominés en 2009, Ezzeddine Chokri Fisher, qui présente cette année Enaq end guisr Brooklyn (étreinte sur le pont de Brooklyn).

« Mais on peut trouver une majorité de romans critiquant la situation sociopolitique sous le règne de l’ex-président. Surtout la pauvreté, l’ignorance, la maladie et la corruption. Avec quelques prédictions, selon lesquelles cette situation pénible ne peut continuer et que quelque chose arrivera pour bouleverser ce régime », reprend Fatma Al-Boudy. C’est le cas du 3e roman présenté par Al-Eïn, intitulé Trois oranges mamelouks, de l’écrivain nubien Haggag Adoule. Il laisse entendre en 4e de couverture que « l’Egypte bénie se développe rapidement sous le règne d’un sultan au pouvoir raisonnable et devient une puissance que craint le proche et le lointain. Tandis qu’elle se détériore beaucoup plus rapidement sous le règne d’un sultan injuste et corrompu. Son peuple est donc maussade, sa richesse est épuisée. L’Egypte sera une cible pour tout étranger envieux ». Et se demande à la fin du fragment si le peuple égyptien manque d’effervescence et de colère, qui pourrait bouillonner contre ses oppresseurs ?

Les nominations des différentes maisons d’édition égyptiennes revêtent une importance majeure cette année. Elles semblent donner un nouveau souffle au prix qui, après sa première édition de mérite allant au grand romancier égyptien Bahaa Taher, est tombé dans divers conflits. Dans ses trois éditions suivantes, le prix a souvent été accusé de corruption et de complots de la part des comités du jury. Des observateurs affirment que les scandales qui ont accompagné les éditions précédentes ne sont que l’image du champ littéraire dans le monde arabe soumis au pouvoir politique de l’argent. De grands écrivains égyptiens comme Gamal Al-Ghitani et Radwa Achour ont refusé l’année dernière de soumettre leurs romans au prix, signe d’objection sur le degré d’objectivité du jury et du prix en entier. C’est dans le contexte du printemps arabe que nombre de maisons d’édition mettent leur espoir dans un nouveau élan du prix et un climat de démocratie et d’anticorruption qui prendrait place dans le monde arabe.

Le monde des animaux pour critiquer

Les nominations d’Al-Dar Al-Masriya Al-Libnaniya sont également liées au climat sociopolitique de la période d’avant la révolution. Elle a choisi le roman Zaman al-débaa (le temps des loups), premier roman du conseiller Achraf Al-Achmaoui et dont l’action se déroule dans une forêt fictive indéfinie, ses protagonistes sont tous des animaux. Le romancier a utilisé le monde des animaux pour critiquer la réalité puisque son roman plonge dans les coulisses de la gouvernance avec ses corruptions, ses intrigues et ses complots. En second, le roman Al-Atél (le chômeur) de l’écrivain Nasser Iraq, traitant d’un problème qui devient de plus en plus angoissant en Egypte : le chômage, tout en s’inspirant de l’assassinat de la chanteuse libanaise Suzanne Tamim, dont passion, argent et corruption étaient les principaux acteurs.

La maison d’édition Merit n’a pas encore annoncé ses romans nominés pour le Booker arabe. Par contre, Mohamad Hachem, son directeur, assure que la révolution n’influencera pas leur choix. « On choisit les bons romans indépendamment de leurs sujets. Ils peuvent être, par exemple, historiques, romantiques ou sociaux », explique Hachem.

Tandis que la maison Al-Shorouk ne révèle pas ses nominés avant l’annonce de la longue liste en septembre prochain, la maison d’édition Madbouli présente des romans aux sujets diversifiés. Comme le roman social L’Ancien chanteur, du romancier Sabri Naïm, et le roman Ramad onsa (les cendres d’une femme), de la romancière yéménite Nada Chaalan, qui tourne autour de la souffrance de la femme yéménite sous le joug des tabous de l’illicite et de l’antimoral dans la société arabe, ainsi que l’oppression sociale et psychique qu’exerce la société tout entière vis-à-vis des femmes. Le dernier roman est celui de Mohamed Gaafar, Chahed malek (témoin), qui essaye de déclencher une rébellion chez le lecteur en posant des questions choquantes à l’exemple de : Qui est le traître qui a fait de la pauvreté l’épidémie qui habite notre pays ? Qui est l’assassin qui a empoisonné notre agriculture et notre nourriture ? Qui sont les faux témoins qui ont falsifié la volonté du peuple lors des élections et en plein jour ?

Quant au roman le plus représentatif de la révolution, il s’agit de 2025 … le dernier appel de Moustapha Al-Husseini, nominé au prix Booker par la maison d’édition Dawen. Ce roman aborde le sujet d’un groupe de jeunes frustrés qui forment un mouvement armé ayant pour but de faire chuter le régime politique. Bien qu’il soit publié quelques jours avant la révolution du 25 janvier, ce roman anticipe les événements et raconte ce qui se passe à la suite de l’avènement de Gamal Moubarak au pouvoir comme héritier de son père. Le romancier présente un scénario pessimiste de la post-révolution qui prétend diviser l’Egypte en petits pays au nord, au sud et à l’est, avant que cette révolution dirigée par les jeunes puisse mettre fin à un régime corrompu pour commencer une nouvelle ère de liberté, de dignité et d’égalité sociale.

Entre romans critiques et fiction prédicative, le menu copieux de cette édition apportera un nouvel espoir qui sera remis au meilleur roman arabe, début 2012 à Abou-Dhabi.

Dalia Farouq

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