Politique .
Une de nos lectrices donne son opinion sur les sit-in qui
ont lieu dans les différents gouvernorats d’Egypte.
Les sit-in, jusqu’à quand ?
Permettez-moi,
chers lecteurs, de parler d’un fait qui se répète ces
jours-ci, surtout après la révolution du 25 janvier, ce sont
les sit-in qui ont lieu partout. Dernièrement, il y a
quelques semaines, il y avait un sit-in sur la Corniche du
Nil près de la place Al-Tahrir, par les habitants de Madinet
Al-Salam. Ils ont dressé des tentes devant Maspero. Ces gens
ont deux problèmes. Premièrement, ils veulent que l’Etat
leur donne de nouveaux appartements car, pendant la
révolution, des hommes les ont chassés de leurs domiciles.
Deuxièmement, beaucoup d’entre eux ont perdu leur travail.
Mais est-ce que c’est de cette façon qu’on revendique ses
droits ? Je ne crois pas. Est-ce que c’est de cette façon
que nous résoudrons nos problèmes ?
Nada Mounir,
Centre-ville.
Une vie décente avant la politique
Je suis un jeune citoyen de la ville de Banha. Depuis
quelques semaines, il y avait chez nous une délégation de
jeunes qui était venue pour nous expliquer comment choisir
notre prochain député et des tas de choses sur la politique.
C’est un grand effort mais est-ce que c’est suffisant ?
Est-ce que c’est vrai que la vie politique va changer après
la révolution ? J’en doute et j’ai mes raisons. Le chômage a
augmenté et, à mon avis, il sera plus facile d’acheter les
voix des citoyens dans les prochaines élections. Je ne suis
pas pessimiste, mais c’est la vérité. En effet, beaucoup
d’entreprises ont renvoyé des ouvriers dans toute l’Egypte,
même dans le privé. Je suis diplômé et je travaillais comme
chauffeur chez une famille. J’ai été viré, car le père de
famille a perdu beaucoup d’argent après la révolution. Il
faut tout d’abord permettre aux citoyens de vivre une vie
décente en leur offrant un travail. Puis instaurer la
sécurité avant de parler de politique. Pour cela, je lance
un appel au premier ministre Essam Charaf pour donner plus
d’intérêt aux villages et aux villageois.
Moustafa Ahmed0,
Banha.
Le printemps ...après l’hiver
C’était l’hiver quand tu n’avais pas, notre chère mère
Egypte, les moyens pour nous aider, tu étais captive des
prisons éternelles de l’ancien régime.
Oui, on a vécu dans la sécurité, superficielle il est vrai,
mais celle-ci avait un goût amer à cause de l’injustice
sociale qui augmentait tous les jours, parallèlement au
fossé qui sépare les couches sociales.
A ce moment-là, tu ne pouvais pas nous aider parce que tes
biens et tes richesses étaient pillés par les hommes de
l’ancien régime. Nos demandes étaient simples, un bon niveau
d’éducation, un lit confortable dans un hôpital, bref, on
voulait tout simplement avoir une vie d’êtres humains.
Et maintenant, après la chute du régime, on peut dire que,
finalement, ceux qui pourront profiter de tes biens c’est
nous le peuple, tes fils pour longtemps marginalisés. Mais
avant de réclamer nos droits, nous allons travailler
ensemble.
Alors, à tous ceux qui réclament leurs droits et les
revendiquent avec insistance, je lance cet appel :
patientez, maintenant c’est le moment du travail et je suis
sûr qu’à l’avenir, vous allez récolter les fruits de votre
fatigue, douleur et patience.
Que Dieu garde l’Egypte notre mère de ses ennemis internes
ou externes.
Beshoy Ramsès,
Le Caire.
Le rôle de la femme
La femme a toujours un rôle à jouer, quel que soit son âge.
Elle doit être traitée comme un citoyen de première classe.
Ce qui m’a encouragée à écrire cette lettre, c’est une
lettre que j’ai déjà lue dans votre journal no865.
C’est vrai que la femme a participé à la révolution du 25
janvier, et beaucoup de femmes ont été blessées et d’autres
ont été tuées par les policiers. La femme est descendue pour
lutter contre l’injustice et les inégalités.
Permettez-moi de raconter cette histoire. Une cousine qui a
participé à cette révolution était major de promo à la
faculté des sciences politiques et d’économie. Elle devait
depuis plusieurs années être recrutée comme professeur à
l’université, mais étant donné la corruption, elle n’a pas
été choisie jusqu’à présent.
J’espère que les choses changeront un jour et que chacun
d’entre nous aura tous ses droits.
Abir Ismail,
Cheikh Zayed.
Des valeurs à la japonaise
Après avoir lu beaucoup d’articles parlant de l’Egypte
post-révolution et ce qu’on doit faire pour reconstruire
notre pays et animer son économie, permettez-moi de partager
avec vous un petit article qui m’a été envoyé sur Facebook.
En fait, ce petit paragraphe n’est qu’une demande lancée par
des ingénieurs japonais âgés qui veulent aider leur pays
après la crise du réacteur nucléaire qui a sévèrement secoué
le pays. Voyons ce que ceux-ci ont écrit.
Un homme japonais âgé a déclaré : « Maintenant j’ai 72 ans,
et je peux vivre encore 13 ans. Pourtant, ça prend 20 ans
pour qu’une personne exposée à des rayons radioactifs soit
atteinte de cancer. Donc, nous, les personnes âgées, nous
avons beaucoup de chance, puisque probablement, nous ne
serons pas atteints de cancer ».
Ainsi se termine les propos de ce Japonais, mais la suite de
la nouvelle annonce que 180 vieillards se sont déjà engagés
spontanément pour travailler dans le réacteur. Ils ont tous
assuré qu’ils peuvent apporter de l’argent, des ouvriers,
des conducteurs, des cuisiniers et des chanteurs, afin de
divertir ceux qui vont travailler dans le réacteur jusqu’à
ce qu’il soit réparé.
C’est cet esprit qui anime les Japonais lors des pires
catastrophes. Je pense qu’un peuple civilisé comme le peuple
égyptien doit avoir de telles normes.
Le plus important c’est d’avoir cet esprit de solidarité et
de patriotisme. L’argent importe peu. L’Egypte pourrait être
le meilleur pays au monde.
Nadia Ghanem,
Le Caire.
Le recyclage … une solution occultée
Avec les changements majeurs que nous sommes en train de
vivre, après avoir brisé le silence et réveillé le géant qui
sommeillait depuis longtemps en nous, après la révolution
blanche du 25 janvier qui a ressuscité l’espoir pour chacun
de nous, il est temps de commencer à agir comme un pays qui
aspire à la civilisation.
Si on regarde la rue égyptienne, on verra que le problème
majeur consiste en ces ordures qui ont envahi la ville. Et
si on est incapable de trouver une solution efficace à ce
problème, il suffit d’importer celle des pays occidentaux,
qui ont eu recours au recyclage il y a plusieurs années.
C’est vrai que cela existe depuis longtemps, mais en Egypte,
on n’a pas encore pris cette méthode au sérieux.
On peut commencer par apprendre les bonnes manières aux
élèves et leur apprendre le recyclage.
Avec les problèmes écologiques qui envahissent la terre, le
monde est à la recherche d’idées intelligentes pour diminuer
le taux de pollution mondiale. Essayons de les adapter, car
elles ne coûtent pas cher, mais feront une différence
majeure dans le milieu écologique.
Emad Adly,
Le Caire.
A qui le tour demain ?
Le régime sanguinaire syrien continue ses massacres avec
autant de haine contre les manifestants. Des morts et des
blessés tombent tous les jours. En plus des massacres commis
par le régime syrien, ce dimanche 5 juin, 14 Syriens et
Palestiniens ont été tués par les soldats israéliens alors
que des centaines de personnes se sont rassemblées au Golan,
des deux côtés des frontières, pour commémorer la 44e année
de la naksa (la défaite de la guerre des 6 jours qui a
abouti à l’occupation du Golan).
Depuis 44 ans, le régime de la dynastie Al-Assad n’a pas
tiré une seule balle contre les occupants du Golan, mais il
a la gâchette facile pour tirer sur ses citoyens parmi
lesquels le nombre a dépassé les 1 100 depuis le début du «
printemps syrien » !
Mais le peuple ne désarme pas et continue, toujours
pacifiquement, ses manifestations en réclamant que leur
bourreau de président auto-proclamé « dégage ».
Tel père, tel fils. Bachar a hérité du pouvoir de son père,
le tristement célèbre et sanguinaire Hafez Al-Assad, comme
il a hérité de sa ruse et de sa cruauté. En 1982, une
révolte éclate dans la ville historique de Hama : son père
l’a fait bombarder par l’aviation et l’artillerie lourde
pendant 27 jours durant lesquels la ville est en siège.
Hafez Al-Assad détruit le tiers de la ville. Cette
expédition a provoqué la mort de 30 000 citoyens environ et
l’exil de plus de 100 000 Syriens. 10 000 opposants au
régime ont été arrêtés et faits prisonniers.
Cherif Boudelal,
France.