Al-Ahram Hebdo, Evénement | La fuite en avant de Saleh

  Président
Labib Al-Sebai
 
Rédacteur en chef
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 Semaine du 1er au 7 juin 2011, numéro 873

 

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Yémen . Le président Ali Abdallah Saleh s’agrippe encore au pouvoir malgré les pressions incessantes de la communauté internationale pour une transition politique.

La fuite en avant de Saleh

La situation est de plus en plus grave. Le Yémen est ébranlé par une rébellion au nord, des demandes séparatistes au sud et la menace d’Al-Qaëda à l’est. Les généraux opposés à Ali Abdallah Saleh accusent le président yéménite d’avoir livré une province du sud aux groupes armés afin d’agiter l’épouvantail d’Al-Qaëda et de continuer à bénéficier d’un soutien international. Ils accusent Saleh de vouloir « scinder l’armée yéménite » et appellent les unités encore fidèles au chef de l’Etat à rallier la contestation. Des éléments armés qui seraient liés à Al-Qaëda ont pris le contrôle de Zinjibar, principale ville de la province sudiste d’Abyane, à l’issue de combats avec les forces gouvernementales ayant fait 18 morts. Dans un communiqué, ces officiers, dont le général Ali Mohsen Al-Ahmar, rallié à la contestation de mars dernier, accusent le chef de l’Etat d’avoir livré la province d’Abyane aux groupes terroristes armés.

Avis partagé par l’opposition parlementaire. Dans un communiqué, le Forum commun, coalition de l’opposition, a accusé le président Saleh d’avoir « livré Zinjibar aux groupes armés qu’il a formés et armés, afin de continuer à utiliser l’épouvantail d’Al-Qaëda pour effrayer la communauté  internationale. C’est un complot criminel de Ali Abdallah Saleh qui doit partir immédiatement », assure le communiqué.

Faisant la sourde oreille, M. Saleh, qui refuse de démissionner malgré une vague de contestation populaire contre son régime, avait affirmé, la semaine dernière, que le réseau d’Al-Qaëda, bien implanté dans le sud du Yémen, gagnerait en puissance après son départ. Une déclaration qui inquiète la communauté internationale. Cette dernière renforce sa pression sur le président Saleh pour accepter le plan des monarchies du Golfe après 33 ans à la tête du Yémen. Quant aux pays du G8, ils ont au terme de leur sommet, pressé le président yéménite à « respecter ses engagements » en faveur d’une transition démocratique, selon la déclaration finale du sommet. Selon ce dernier, le G8 a apporté son soutien aux efforts des monarchies du Golfe et à un processus inclusif qui doit permettre des réformes politiques et sociales au Yémen et conduire à une transition pacifique et ordonnée. De son côté, le haut commissariat des Nations-Unies pour les droits de l’homme a dit craindre que les autorités yéménites ne plongent le pays dans « une guerre civile en réprimant dans le sang des manifestations pacifiques ».

D’un autre côté, la contestation populaire à M. Saleh a pris un nouveau tournant avec les premiers combats armés dans la capitale yéménite entre troupes fidèles au chef d’Etat et partisans d’un des plus puissants chefs tribaux du pays, Sadek Al-Ahmar, chef de la tribu des Hached. Ces affrontements ont fait en trois jours au moins 44 morts, selon des sources des deux camps. Selon des sources tribales, les combats opposent la Garde nationale à des membres de la tribu d’Arhab, dirigée par l’influent chef islamiste, cheikh Abdel-Majid Zendani, accusé par Washington de soutenir le terrorisme. Les partisans du cheikh Ahmar, devenu la bête noire du régime depuis qu’il s’est rallié à la contestation de mars dernier, ont pu prendre le contrôle du siège de l’agence de presse officielle qui a toutefois continué à diffuser des informations officielles. Ils ont aussi pris le contrôle de la compagnie aérienne nationale Yemenia, selon un haut responsable. Les tribus avaient commencé à basculer dans l’opposition en février dernier. Face à la recrudescence des violences, de nombreux habitants ont fui la capitale où se multiplient les coupures d’électricité et d’eau.

Sauver l’économie

Sur la place de l’Université, épicentre de la contestation lancée fin janvier dernier, des manifestants qui campaient en permanence depuis des mois ont voulu se joindre aux partisans du cheikh Ahmar. Les combats ont été provoqués par les partisans de M. Saleh, qui a choisi la fuite en avant, après avoir refusé de signer un plan de sortie de crise proposé par les monarchies arabes du Golfe. « Le président yéménite s’accroche bec et ongles au pouvoir. Il ne veut pas céder et il tente de gagner du temps en laissant le chaos et la violence planer sur le pays. Il croit que les monarchies arabes vont changer le plan pour qu’il reste en poste », explique Ibrahim Abdel-Qader, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Le plan du CCG prévoit la formation par les opposants d’un cabinet de réconciliation et la démission un mois plus tard de Saleh en échange de l’immunité pour lui et ses proches, puis la tenue d’une élection présidentielle dans les 60 jours.

Les pays du Golfe voulaient sauver l’économie du pays paralysée complètement après trois mois de manifestations contre le régime et une crise politique, sans espoir d’issue rapide. Certains analystes prévoient un effondrement de l’économie du Yémen si la situation perdure.

Les protestations à travers le pays paralysent l’activité économique, creusent le déficit budgétaire et empêchent une aide extérieure. L’effet est visible avec la diminution de l’approvisionnement en produits pétroliers après le sabotage, en avril dernier, par des hommes armés des tribus du sud d’un oléoduc, causant selon les spécialistes des pertes de 300 à 400 millions de dollars par mois. Déjà, la crise économique était l’une des raisons qui ont poussé les Yéménites à descendre dans la rue. Quelque 40 % des 23 millions de Yéménites vivent avec moins de 2 dollars par jour et le tiers souffre de malnutrition, selon les organismes économiques internationaux.

Maha Salem


 

Chronologie de quatre mois de manifestations

27 janvier : Des milliers de manifestants se rassemblent à Sanaa, à l’appel de l’opposition, pour réclamer le départ de Saleh. Contre-manifestations organisées par le Congrès Populaire Général (CPG, au pouvoir).

2 février : Saleh promet des réformes et de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013.

3 février : Des dizaines de milliers de manifestants à Sanaa pour réclamer un changement de régime.

20 février : L’opposition parlementaire se joint à la contestation lancée par des étudiants. Des milliers de personnes campent devant l’Université de Sanaa.

21 février : La contestation s’étend au nord chiite, avec des dizaines de milliers de manifestants à Saada. Les oulémas prohibent le recours à la force contre les manifestants.

25 février : D’importantes tribus se joignent à la contestation. De nombreux députés du CPG démissionnent.

1er mars : Saleh accuse Israël et les Etats-Unis d’orchestrer la révolte.

18 mars : 52 morts lors d’une attaque contre des manifestants à Sanaa. Cette tuerie attribuée à des partisans du régime marque la journée la plus sanglante.

21-22 mars : L’un des principaux chefs de l’armée, Ali Mohsen Al-Ahmar, annonce sa défection. Ralliement de dizaines d’officiers à la contestation et défections de diplomates.

23 mars : Saleh propose de partir fin 2011. L’opposition veut son départ immédiat.

21 avril : Le CCG propose à Saleh de démissionner 30 jours après la formation d’un gouvernement d’union.

20 mai : Des centaines de milliers de manifestants à travers le pays.

22 mai : Saleh refuse une nouvelle fois de signer l’accord du CCG, paraphé la veille par l’opposition, et met en garde contre une « guerre civile ». Les monarchies du Golfe suspendent leur médiation.

23 mai : La contestation prend un nouveau tournant avec des combats à Sanaa entre troupes pro-Saleh et partisans de Sadek Al-Ahmar, chef de la tribu des Hached.

24 mai : Combats avec des armes de tous calibres aux alentours de la résidence du cheikh Al-Ahmar et des bâtiments du ministère de l’Intérieur.

25 mai : Les partisans de cheikh Sadek contrôlent le siège de l’agence officielle Saba et de la compagnie aérienne Yemenia. Fermeture de l’aéroport de Sanaa. Barack Obama appelle Saleh à céder le pouvoir immédiatement.

26 mai : Combats sanglants entre partisans du cheikh Sadek et troupes fidèles à Saleh, accusé de chercher à entraîner le pays dans une guerre civile. Saleh ordonne l’arrestation de cheikh Sadek et de ses frères.

 

 




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