Al-Ahram Hebdo, Opinion | La reconnaissance envers la révolution

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 Semaine du 4 au 10 mai 2011, numéro 869

 

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Opinion

La reconnaissance envers la révolution
Abdel-Azim Hammad

Nombreux en Egypte comme à l’étranger qui sont d’accord sur le fait que le plus beau dans la révolution de janvier 2011 est le fait qu’elle n’a été commandée par personne, que ce soit une organisation ou une idéologie. Dans ce sens, elle a été la révolution de tout un peuple, y compris les forces armées. Les spécialistes en politique et en sociologie la définissent comme la révolution du postmodernisme. Mais il faut cependant reconnaître que ce point fort de la révolution peut se transformer en un point faible très dangereux pour l’avenir de notre pays.

Le problème n’est pas celui des révolutionnaires qui représentent en fin de compte le peuple égyptien, toutes tendances confondues. Il ne réside pas non plus dans les revendications des forces populaires adoptées par les forces armées et le gouvernement, ayant composé plus tard le projet politique de la révolution et que l’on peut résumer dans la mise en place d’un Etat démocrate, moderne et développé économiquement. Le véritable problème est la manipulation par certaines forces de cette faiblesse et les prémices se sont déjà fait sentir. Nous voyons de nos propres yeux les tentatives d’épuiser l’énergie de la révolution ainsi que les ressources économiques et politiques de l’Etat. Ainsi, c’est l’harmonie de la société qui est compromise par des causes secondaires d’ordre confessionnel, criminel ou encore par les revendications de certaines tranches sociales. En effet, le danger imminent menaçant l’avenir du pays est la chute économique qui se profile à l’horizon.

Les récents événements au gouvernorat de Qéna confirment mes propos et entraînent le pays sur une voie épuisant ses ressources et avortant le projet authentique de la révolution. Il y a également les événements d’Abou-Qorqas à Minya, qui sont un phénomène parmi tant d’autres d’ordre confessionnel, lorsque les salafistes ont encerclé la cathédrale de Saint-Marc suite à des conversions religieuses. Cela est intervenu à un moment où le projet civil et démocratique de la révolution est le véritable remède à long terme de ces problèmes, à condition de lui donner la chance d’aboutir.

L’autre imminent danger émane de ceux qui étaient silencieux avant la révolution. Maintenant, ils saisissent la balle au bond et veulent imposer un projet, allant totalement à l’encontre de celui figurant sur l’agenda du 25 janvier, c’est la mise en place d’un Etat religieux. Les adeptes de cette tendance sont même allés jusqu’à menacer d’imposer cet Etat par la force, bien que la révolution ait ancré le principe réfutant l’évincement d’un quelconque courant, organisation ou même individu.

Un état de fait qui est accompagné d’un vide politique complet et d’un vide sécuritaire relatif sur lequel nous n’avons plus besoin maintenant de nous attarder.

Mais le problème réside véritablement dans le vide politique qui nécessite un intérêt particulier et de vraies solutions. Il faut dire que l’élite politique reste désorganisée et fait du bruit dans l’espace médiatique en l’absence de toute action influente. Si nous avons pu remarquer l’absence de cette élite à Qéna, nous voyons qu’elle reflète un modèle stéréotypé d’absences à tous les niveaux, laissant le champ libre à d’autres organisations non convaincues par le projet civil et démocratique de la révolution du 25 janvier. Un modèle qui se répétera tant que l’élite continuera sur cette voie et tant qu’elle ne rassemblera pas symboles, partis et organisations syndicales et civiles sous une même ombrelle par le biais d’une conférence. Celle-ci poserait les fondements d’une charte populaire dans la période transitoire et prendrait soin de se focaliser d’une manière claire et sans équivoque sur les engagements de la société avant même ceux du gouvernement. La charte devrait également définir les lignes rouges dans la concurrence et les débats politiques. Un rassemblement qui donnerait lieu à un mécanisme de travail susceptible de relever toutes les infractions et de garantir la couverture juridique nécessaire pour mener à bien ce projet.

Si nous voulons parler du spectre de la chute économique, il suffit de le résumer à quelques indices. Tout d’abord, pour satisfaire les besoins du pays, il faut puiser 3 milliards de dollars mensuellement dans les réserves monétaires, à l’heure où les ressources en devises reculent en raison de la stagnation du secteur touristique et la régression des transferts des Egyptiens résidant à l’étranger. N’oublions pas que le retour de milliers, voire de millions d’Egyptiens de Libye et d’autres pays arabes en révolte complique la situation sur le marché du travail, que ces gens essayeront d’intégrer. Bien entendu, le déficit de la balance des paiements ira en s’aggravant, et en réaction, le déficit budgétaire ne fera que s’élargir et le taux de croissance diminuera à moins de 3 %.

Il faut noter aussi que ce qui est publié sur les aspects négatifs de la conjoncture économique et l’instabilité politique en Egypte aura des répercussions négatives sur les investissements étrangers. Le maigre espoir réside en effet dans l’amélioration de la situation interne, politique, économique et sécuritaire avant la tenue de la conférence de Londres prévue dans trois semaines, pour soutenir l’économie égyptienne et dynamiser les investissements étrangers directs.

Si nous menons une relecture attentive de ce qui a été mentionné, nous constaterons que les dangers guettant la révolution et la patrie ne sont pas le fruit de la révolution mais l’œuvre de forces bien déterminées ou encore d’erreurs que l’on peut facilement contourner.

Il nous incombe donc d’éprouver de la gratitude tant envers la révolution qu’envers ceux qui l’ont déclenchée. Non seulement en cessant ces pratiques nocives mais en faisant en sorte de ne pas basculer dans l’impasse du déchirement et de la faillite économique et morale.

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