Ossama Bin Laden .
Cet homme, le plus recherché du monde depuis les attentats
du 11 Septembre dont il fut le cerveau, a été tué au
Pakistan.
Assassinat d’un symbole
Après dix ans de traque, le chef d’Al-Qaëda et instigateur
des attentats du 11 Septembre 2001, Ossama bin Laden, a été
tué lors d’une opération des forces spéciales américaines au
Pakistan. Une fois cette nouvelle annoncée, une vague de
joie planait non seulement aux Etats-Unis mais aussi dans le
monde entier. « Ce soir, je suis en mesure d’annoncer aux
Américains et au monde que les Etats-Unis ont mené une
opération qui a tué Ossama bin Laden, le dirigeant
d’Al-Qaëda, un terroriste responsable du meurtre de milliers
d’innocents », a déclaré le président américain Barack
Obama.
Essayant d’enterrer le plus vite possible la question de cet
homme, la dépouille de Bin Laden a été immergée en mer dans
un lieu non précisé, dans le respect des traditions
musulmanes, selon les chaînes de télévision CNN et MSNBC.
Pour garder la confidentialité de son opération, Washington
semble avoir fait cavalier seul lors de cette opération. Les
Américains n’ont pas prévenu les autorités pakistanaises de
l’opération et justifient la violation de la souveraineté
pakistanaise par « l’obligation légale et morale d’agir », a
affirmé un haut responsable de l’administration Obama. Une
annonce affirmée par les autorités pakistanaises qui ont
confirmé ensuite que Bin Laden avait été tué au cours d’une
opération menée « directement » par les forces américaines
sur son sol. Des chaînes de télévision pakistanaises ont
montré le visage partiellement défiguré d’un homme qu’elles
présentaient comme Bin Laden, sans pouvoir cependant
authentifier l’image.
Après la propagation de l’annonce de la mort de Bin Laden,
la communauté internationale a félicité Washington pour sa «
victoire » et son « succès » tout en rappelant que la fin de
Bin Laden ne signifiait pas la fin d’Al-Qaëda et de la lutte
antiterroriste.
A cet égard, le président américain a appelé à rester
vigilant, assurant qu’il n’y avait aucun doute qu’Al-Qaëda
continuait à menacer les Etats-Unis. Avis partagé par les
alliés de Washington. Plusieurs capitales occidentales
appelaient à la vigilance après la mort d’Ossama bin Laden,
craignant des représailles jugées presque inévitables par
les experts en dépit de l’affaiblissement opérationnel des
réseaux d’Al-Qaëda depuis plusieurs années.
Affirmant ces déclarations, l’Interpole, l’organisation de
coopération policière internationale, a mis en garde contre
la possibilité d’un risque terroriste « plus élevé » après
l’élimination du chef d’Al-Qaëda, appelant ses pays membres
à une « vigilance accrue ». « Le terroriste le plus
recherché au monde n’est plus, mais la mort de Bin Laden ne
signifie pas la disparition des organisations affiliées à
Al-Qaëda ou inspirées par Al-Qaëda, qui continuent et vont
continuer à s’impliquer dans des attaques terroristes à
travers le monde », a souligné l’Interpole.
A cet égard, plusieurs pays ont annoncé un renforcement de
la sécurité de leurs intérêts à l’étranger, comme le
Royaume-Uni où le ministre des Affaires étrangères, William
Hague, estime qu’« il pourrait y avoir des éléments
d’Al-Qaëda qui essaieront de montrer dans les semaines à
venir qu’ils sont encore actifs ».
Cependant, le pays le plus menacé par d’éventuelles
représailles est évidemment les Etats-Unis. « Il n’y a aucun
doute sur le fait qu’Al-Qaëda va continuer à essayer de s’en
prendre à nous. Il nous faut rester vigilants dans notre
pays et à l’étranger, et nous le resterons », a prévenu le
président américain Barack Obama, tout en se réjouissant
d’un coup décisif car la personnalité de Bin Laden était
extraordinairement symbolique.
Déjà sur les forums djihadistes, les premières réactions à
la mort de Bin Laden allaient de l’incrédulité à la colère,
en passant par les menaces contre l’Amérique. « C’est un
moment de honte pour le peuple pakistanais qui n’est pas
parvenu à protéger un héros de l’islam. C’est un jour noir
pour nous », des déclarations publiées sur les forums.
En dépit de l’invasion de l’Afghanistan fin 2001 et du
renversement du régime des Talibans qui abritait la
direction d’Al-Qaëda, Bin Laden, dont la tête était mise à
prix pour 25 millions de dollars, avait jusqu’ici échappé à
la capture et même aux tentatives de localisation, en
particulier dans les zones frontalières entre l’Afghanistan
et le Pakistan où il était réputé avoir trouvé refuge.
Alors que des spéculations se faisaient jour sur la survie
même de ce Saoudien privé de sa nationalité par Riyad, des
messages audio lui étant attribués avaient été régulièrement
diffusés, dans lesquels il continuait à s’en prendre aux
Occidentaux. Les Etats-Unis maintiennent encore aujourd’hui
100 000 soldats en Afghanistan pour combattre l’insurrection
qui s’y poursuit et mènent des opérations clandestines au
Pakistan, notamment des frappes de drones.
Cependant, les experts s’interrogent sur les capacités
réelles de ces réseaux djihadistes, marginalisés par les
révolutions du printemps arabe et qui n’ont plus réussi en
Occident d’action majeure depuis les attentats de Londres en
2005. « Ossama bin Laden avait vraiment un leadership
idéologique, il était le seul à pouvoir fédérer des groupes
disparates dans le monde. Cela porte donc un coup très dur à
Al-Qaëda pour ce qu’il en restait », affirme à l’AFP le juge
antiterroriste français Marc Trividic. Mais, admet-il, «
personne n’est capable de prévoir l’action d’un kamikaze
isolé ». Cependant, selon des sources, le réseau d’Al-Qaëda
a planifié ou inspiré des dizaines d’attaques dans le monde
depuis les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis
(qui avaient fait près de 3 000 morts).
Maha
Salem