Al-Ahram Hebdo, Evénement | Israël : la peur de l’inconnu

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 Semaine du 4 au 10 mai 2011, numéro 869

 

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Syrie . Pour l’Etat hébreu, c’est une crainte du démantèlement d’un régime syrien soucieux de stabilité, en dépit de son hostilité, qui domine.

Israël : la peur de l’inconnu

« Pas de commentaire ». C’est la consigne donnée par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, aux membres de son gouvernement sur la conduite à tenir face aux événements de Syrie. Les Israéliens suivent la situation dans ce pays avec un œil méfiant. Perplexité ou impuissance ? Gagnant ou perdant ? Les analyses divergent. Un vrai dilemme vient donc s’imposer aux Israéliens qui, en y voyant une opportunité, ne nient pas en même temps la présence d’un risque.

En effet, la Syrie, l’un des principaux pays voisins d’Israël, n’est pas liée à un traité de paix avec l’Etat hébreu, présentant un grand risque pour ce dernier. Pour le rappeler, les deux pays sont toujours officiellement en état de guerre. Damas exige un retrait intégral du plateau du Golan, occupé depuis 1967. Les dernières négociations de paix entre les deux pays, sous médiation de la Turquie, ont été suspendues fin 2008 à la suite de l’offensive israélienne sanglante à Gaza.

De plus, des observateurs mettent en garde contre l’instabilité en Syrie qui pourrait menacer la sécurité régionale et contre l’éventuelle émergence d’un gouvernement encore plus hostile à Israël. Et l’on craint bien sûr l’arrivée à Damas d’un régime islamiste qui remettrait en question le fragile équilibre entre les deux pays. Un scénario effrayant vient donc se dessiner. les Israéliens craignent la possibilité de transmission de l’arsenal d’armes syrien dans « des mains irresponsables », en cas de chute du régime de Bachar Al-Assad.

Par ailleurs, les frontières restent un sujet d’angoisse. L’Etat hébreu s’inquiète ainsi de la situation à la frontière sur le plateau du Golan. Elle est calme pour l’heure, mais comment cela évoluera-t-il en cas de changement de régime ? Le régime Assad, père comme fils, a donné au fil des ans une certaine stabilité faisant de la frontière entre les deux pays une des plus sûres, bien plus qu’avec le Liban et même la Jordanie. Soucieux d’éviter la moindre confrontation directe avec un ennemi qu’il sait très supérieur, Damas s’est même abstenue de réagir à l’attaque aérienne — israélienne selon tous les experts étrangers — menée en septembre 2007 contre une centrale nucléaire construite secrètement dans le nord de la Syrie avec l’aide de Pyongyang.

Les médias israéliens évoquent d’ailleurs avec inquiétude la possibilité d’une guerre civile en Syrie, qui pourrait profiter aux Frères musulmans. Sur la radio publique, le commentateur Mordehaï Kedar a évoqué, lui, le scénario d’un démembrement de la Syrie, avec un Etat kurde au nord, druze au sud, une enclave bédouine à l’est, et la région de Damas transformée en principauté alaouite, le courant religieux minoritaire auquel appartient Al-Assad. Cette implosion permettrait, selon lui, de revenir au Moyen-Orient éclaté entre les différentes communautés ethniques et religieuses qui prévalait à l’époque de l’Empire ottoman.

« Camouflet à l’Iran »

Cette révolution syrienne serait aussi un véritable coup pour Téhéran. Certains analystes insistent sur le fait qu’un changement de régime syrien fera perdre à l’Iran son principal allié dans la région et privera les mouvements de résistance palestiniens de l’un des systèmes qui les soutient le plus. « Il pourrait s’avérer que le printemps arabe tourne en un hiver iranien ». C’est par cette formule à l’emporte-pièce que Benyamin Netanyahu a résumé la position de son pays. C’est ce qu’affirme aussi Michaël Eppel, spécialiste du Moyen-Orient à l’Université de Haïfa, qui explique que « l’affaiblissement du régime à Damas serait un camouflet à l’Iran sur le plan stratégique, ce qui constituerait un développement positif non seulement pour Israël mais aussi pour la Jordanie et d’autres pays arabes pro-occidentaux ... Cela porterait aussi un coup dur au Hezbollah, l’allié d’Assad ».

En Israël, ce qui inquiète par-dessus tout, c’est que l’Iran et des éléments du Hezbollah aident activement le gouvernement de Damas à réprimer dans le sang cette insurrection. Un haut responsable du ministère des Affaires étrangères a cité les propos de manifestants locaux témoignant qu’une partie des hommes de la sécurité déployés pour disperser les manifestations parlaient persan, attestant du lien étroit unissant Damas à Téhéran. Dans les jours qui viennent, estime-t-on en Israël, on pourra discerner plus clairement l’ampleur de l’intervention iranienne dans les tentatives qui sont déployées pour stopper les masses populaires protestant dans les rues. La Syrie est une acquisition iranienne, et il est clair que les Iraniens craignent de perdre tout ce qu’ils y ont investi. C’est pour cette raison qu’ils interviennent davantage dans ce pays que partout ailleurs dans le monde arabe. Le dilemme demeure. Et avec les révoltes qui se poursuivent, les méfiances, voire les craintes israéliennes, ne cessent de s’accroître. Reste à savoir comment évoluera la situation dans les semaines qui viennent.

Chaïmaa Abdel-Hamid
Aliaa Al-Korachi

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