Al-Ahram Hebdo, Egypte | En quête d’un avenir meilleur

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Labib Al-Sebai
 
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 Semaine du 4 au 10 mai 2011, numéro 869

 

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Egypte

Journée Internationale du Travail . La célébration a revêtu une valeur symbolique cette année après la chute du régime Moubarak.

En quête d’un avenir meilleur

« Liberté signifie justice sociale », ont scandé des milliers de travailleurs ayant envahi l’emblématique place Tahrir au Caire dimanche, à l’occasion du 1er mai. Des représentants de syndicats indépendants ont pris la parole devant les manifestants rassemblés sur la place. Ils ont réclamé la mise en place d’un salaire minimum de 1 200 livres égyptiennes, le jugement des responsables syndicaux corrompus, de meilleures conditions de travail et l’indépendance des syndicats.

Dans un communiqué commun, 49 organisations, dont la Coalition des jeunes de la révolution, des partis politiques, des groupes de gauche et des syndicats, ont réclamé l’instauration de salaires minimum et maximum et le gel des avoirs des dirigeants syndicaux liés au régime Moubarak.

Tôt le matin, la rue Qasr Al-Aïni, qui débouche sur la place, a témoigné d’une forte affluence avec notamment de nombreux autobus transportant des ouvriers de divers gouvernorats. « Vive les libertés syndicales », « La grève, un droit légitime », lisait-on sur des banderoles brandies par la foule. La journée a commencé par une dénonciation publique des politiques de la privatisation qui ont marqué les années Moubarak. Ensuite, les dirigeants syndicaux ont été appelés à prendre la parole. Certains travailleurs de diverses entreprises se bousculaient afin de se saisir du haut-parleur et pouvoir ainsi partager leurs doléances et adresser leurs plaintes au Conseil des ministres et au Conseil suprême des Forces armées.

« J’ai été témoin d’une affaire de corruption dans la société d’assurance où je travaille. Les responsables ont intenté plusieurs procès contre moi pour m’obliger à fermer la bouche. Aujourd’hui, je suis venu réclamer la fin de la corruption et le jugement rapide de tous les corrompus », lance Amgad Al-Cheikh, un employé. « J’ai quatre enfants et mon salaire ne dépasse pas les 400 livres, comment peut-on survivre dans de telles conditions financières ? », s’indigne d’une voix nerveuse Hassan Mohamad, un ouvrier venu spécialement de la ville de Port-Saïd pour l’occasion. Il est forcé de constater que la révolution « n’a pas changé grand-chose. Avant, un kilo de tomates était à une livre, aujourd’hui il a atteint les 4 L.E. Nous voulons sentir un vrai changement », souhaite-t-il.

Vers 18h, le ministre de la Main-d’œuvre, Ahmad Al-Boraï, a surpris les manifestants, en débarquant sur la place Tahrir pour célébrer le 1er mai avec eux. « Les salaires, les contrats décents de travail et les libertés syndicales sont nos premières priorités », assure le ministre. Aux plus mécontents, il demande de patienter. « Je respecte vos plaintes, mais je ne peux pas donner des solutions immédiates. Nous travaillons à améliorer les conditions des travailleurs, mais on a besoin de temps », répond-il.

« Enfin, nous pouvons obtenir nos droits par la loi, sans restriction ni entrave de la sécurité de l’Etat », note sur un ton de satisfaction Moustapha Al-Charqawi, travailleur à la Société du lin de Tanta, l’une des sociétés du secteur public qui s’est fait connaître par d’innombrables grèves et sit-in au cours des deux dernières années.

Sous l’ère Moubarak, la création de syndicats indépendants était interdite, et les organisations syndicales affiliées au régime n’étaient pas reconnues par les instances internationales du travail. Toutefois, au cours des trois dernières années, le mouvement ouvrier a réussi à créer quatre syndicats indépendants (quoique non reconnus) dont ceux des taxes foncières, des retraités, ainsi qu’une « Association indépendante des enseignants ». Après la révolution, bon nombre de syndicats indépendants ont vu le jour comme celui des travailleurs des transports publics. Le 12 mars dernier, le ministère de la Main-d’œuvre a décrété la « libéralisation » des syndicats qui englobe la liberté de créer des syndicats et des unions ouvrières ainsi que de s’affilier à des institutions homologues à l’étranger, sans l’autorisation de l’Etat. Des droits impensables dans un passé proche mais très naturels aujourd’hui alors que l’ancien dirigeant de la Fédération égyptienne des syndicats, contrôlée par l’Etat, est sous le coup d’une enquête pour corruption.

Même si les photos de l’ancien président Gamal Abdel-Nasser côtoyaient les drapeaux rouges brandis par des manifestants ce dimanche, il ne faut pas s’attendre à une réédition de l’expérience socialiste des années 1960, et malgré les déclarations du gouvernement de transition qui se veut rassurant à l’égard des hommes d’affaires, les manifestants sont rassurés que le temps du capitalisme sauvage et des gouvernements d’hommes d’affaires est révolu.

Talaal Choukr, président de l’Union générale indépendante des travailleurs (récemment formée), se permet d’être optimiste. Le ministère de la Main-d’œuvre se penche actuellement sur l’élaboration d’une loi pour garantir les libertés syndicales nouvellement acquises.

Ola Hamdi

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