Al-Ahram Hebdo,Arts | Les enjeux d’une histoire

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 Semaine du 4 au 10 mai 2011, numéro 869

 

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Feuilleton . Le tournage de la biographie de l’homme d’affaires Ahmad Al-Rayane fait du bruit. Certains y voient plus qu’une œuvre dramatique, et notamment une volonté visant à ternir la réputation des islamistes avant les élections.

Les enjeux d’une histoire

Pas de Ramadan sans séries télé, et surtout des biographies controversées : cette règle vaut en Egypte comme ailleurs dans le monde arabe. Pourtant, cette année, le feuilleton phare du Ramadan pourrait être, pour la deuxième année consécutive, une saga politico-historique. Ecrit par les deux scénaristes Mahmoud Al-Bezzawi et Hazem Al-Hadidi, Al-Rayane — dont le budget dépasserait les 10 millions de L.E. — retrace l’histoire de l’homme d’affaires de tendance islamique Ahmad Al-Rayane, dans le temps propriétaire d’une société d’investissement des capitaux, sujette à l’un des procès les plus célèbres du XXe siècle. Il a été condamné à 23 ans de prison. Et aujourd’hui, quelques mois après sa libération, la production d’une œuvre biographique sur sa personne enflamme la critique. Puisque d’aucuns ont accusé le comédien Khaled Saleh, interprétant Al-Rayane, d’avoir été payé par l’homme d’affaires, afin d’embellir son image. « Je refuse de pareilles accusations, car en tant qu’artiste, mon rôle est de présenter des personnages avec lesquels je n’ai aucun rapport en dehors du scénario », explique Khaled Saleh. Et d’ajouter : « J’avoue être attiré depuis des années par le personnage d’Al-Rayane. J’ai cherché à le rencontrer après sa sortie de prison pour bavarder avec lui sur sa vie et son rapport aux cercles du pouvoir durant les années 1980. J’ai réussi à enregistrer plus de 15 heures avec lui, sur lesquelles est basée une grande partie du scénario ». Et à lui également d’affirmer : « La vie d’Ahmad Al-Rayane est assez riche en éléments dramatiques ! A titre d’exemple, sa vie a été toujours dominée par trois composantes : la religion, l’argent et les femmes, de quoi justifier son mariage avec 13 femmes, interprétées, entre autres, par Dorra et Riham Abdel-Ghafour ». Pour sa part, le scénariste Hazem Al-Hadidi nie toute possibilité de pro-islamisme, ou de faire la propagande d’Al-Rayane : « Ce n’est pas du tout une œuvre biographique pour qu’on soit accusé — même avant le tournage — de manque d’objectivité. Par contre, on peut la considérer comme une œuvre fictive basée sur une biographie, montrant la fine distinction entre l’ambition et la convoitise ». Pour lui, « les 15 premiers épisodes sont construits autour de faits purement fictifs, mais qui conviennent au personnage. Ses confessions nous ont beaucoup aidé à écrire le scénario. Au lendemain de la révolution du 25 janvier et la chute de l’ancien régime, il s’est montré assez franc ».

Une mission délicate

Le projet du feuilleton est né il y a trois ans. Toutefois, il n’a connu d’essor que l’année dernière, avec la diffusion du feuilleton consacré à Hassan Al-Banna, fondateur du mouvement des Frères musulmans. La popularité d’Al-Banna garantissait le succès de son autobiographie, ce qui n’est pas du tout le cas d’Al-Rayane, d’où l’intérêt du nouveau feuilleton focalisant sur les moments-clés dans la vie d’un homme d’affaires mal-aimé. La réalisatrice Chérine Adel, qui n’a jamais caché le peu d’affinité qu’elle a avec ce genre de personnages controversés, affirme vouloir faire « une œuvre assez regardée », favorisant une réflexion différente sur un homme d’affaires polémique. Il n’est cependant pas question d’objectivité totale pour autant, puisque Ahmad Al-Rayane, en chair et en os, a suivi de près la conception du scénario. Référence historique ? C’est bien ce retour en grâce qui pourrait exaspérer une partie de la classe politique, surtout en dévoilant la relation entre religion, argent et pouvoir. Les uns s’inquiètent d’ailleurs que l’œuvre donne une vision erronée de l’Histoire. « Dans un pays accusant presque 40 % d’analphabétisme, plusieurs œuvres biographiques sont bien parties pour devenir la référence historique sur les faits qu’elles racontent », signale l’avocat Nabil Al-Ansari, l’un des détracteurs du feuilleton.

D’autre part, il s’avère clair que l’ancien régime, qui se méfiait de tous les mouvements islamiques depuis l’assassinat de Sadate en 1981, « n’aurait jamais autorisé le tournage d’un tel feuilleton. La censure allait notamment s’opposer à sa diffusion sur la télévision publique », explique Chérif Sedqi, critique de cinéma. D’après l’équipe de travail, il ne s’agit pas ici de remettre en cause la portée de l’action d’Ahmad Al-Rayane ou d’émettre un jugement de valeur sur l’homme, mais de montrer comment il a su, à un moment donné, faire partie de l’histoire du pays et de ses cercles du pouvoir.

Yasser Moheb

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