Al-Ahram Hebdo, Arts | Gare à l’anarchie
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 Semaine du 4 au 10 mai 2011, numéro 869

 

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Arts

Théâtre . Actuellement sur les planches d’Al-Talia, Laylat al-qatala (la nuit des meurtriers) soutient la révolution et met en garde contre le chaos. Un succès.

Gare à l’anarchie

« Ce n’est pas le salon, c’est la salle de bain. Ce n’est pas la salle de bain, c’est la cuisine ». Ces paroles sont chantées par le jeune Lalo et ses sœurs, pendant un jeu nocturne assez bizarre. Un jeu qui se termine souvent par un meurtre et un châtiment et par l’expression de leur volonté de se débarrasser de leurs parents.

Cette chanson rend plus explicite l’idée-clé de la pièce la plus célèbre de l’écrivain cubain José Triana La nuit des meurtriers, traduite par le critique Fathi Al-Achri au début des années 1980 et donnée pour la première fois en Egypte en 1984.

L’intérêt accordé à cette pièce est lié à plusieurs facteurs. D’abord, il s’agit d’une pièce pour trois acteurs seulement. Deuxièmement, sa structure dramatique complexe permet à chaque acteur d’approfondir pleinement son personnage. Mais le plus important est que l’intrigue permet de débattre l’idée de la révolte sociale, politique ou religieuse. La pièce aborde également la différence entre la remise en cause de toute autorité et le chaos, notamment en l’absence d’une vision globale des choses. D’où l’importance de cette présentation théâtrale à l’heure actuelle, dans la petite salle d’Al-Talia.

Vers la fin de la pièce, les trois protagonistes semblent dire : « Faites attention, notre révolution est encore à ses débuts … Les jours qui viennent peuvent nous conduire au désordre ».

Le metteur en scène, Tamer Karam, a décidé de commencer la pièce au seuil même du théâtre. Deux jeunes filles, habillées en noir, accueillent les spectateurs, avec en main des torches qui éclairent leurs visages. Puis elles se dirigent vers les sièges où les spectateurs remarquent la présence d’un jeune homme debout au fond de la scène. Il porte une sorte de cadavre, couvert d’un drap blanc taché de sang. Ainsi on est témoin d’un crime qui a commencé par un jeu.

Le jeune homme au cadavre pousse un cri aigu, annonçant le début du spectacle. La salle est plongée dans le noir puis la lumière s’accompagne d’une musique bruyante et de coups rapides sur le sol. Les filles se joignent au frère pour entamer un jeu dangereux. Leur conversation dévoile que ce n’est pas leur première nuit,  et quand les deux sœurs refusent de jouer sous prétexte que le jeu est devenu ennuyeux et inutile, le frère les oblige à y prendre part : un despote est né.

Les événements se précipitent, misant sur l’échange des rôles : les trois comédiens les alternent, celui du père, de la mère et des amis. Le désaccord entre le frère et l’une des sœurs est utilisé par le dramaturge et le metteur en scène pour distinguer ce qui relève du jeu et ce qui tient de la réalité, de la nuit du meurtre.

Le texte de José Triana est d’une galanterie qui ne laisse pas le spectateur tomber dans le piège d’une fausse sympathie avec les fils, malgré la logique de leur prétexte. Le texte nous pousse à repenser et à comparer la logique des parents à celle des enfants.

Le décor maintient la logique du jeu. Par exemple, les chaises portent les motifs d’un jeu de cartes, rappelant quelque part qu’il s’agit d’un jeu et lançant aux spectateurs : « Attention, vous êtes arbitres et témoins de ce jeu ». Le metteur en scène s’est servi également de la musique pour dire que la comédie — qui fait exploser les rires — implique aussi un crime caché.

L’élément le plus important de cette pièce reste le jeu des trois comédiens (Younès, Jessi et Yasmine) sans lequel le spectateur sombrerait dans l’ennui. Le jeune metteur en scène Tamer Karam réussit à dévoiler les capacités de ses comédiens. Résultat : une belle mise en garde contre le chaos.

Mohamad Al-Roubi

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