Bénin
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La population a voté pour élire ses députés. Le scrutin
constitue un test pour le président après sa réélection
contestée par l’opposition et des scandales de corruption
ayant émaillé son premier mandat.
A l’épreuve des urnes
Quelques semaines après les élections présidentielles,
quelque 3,6 millions d’inscrits sur 9,3 millions d’habitants
de ce pays ouest-africain ont été appelés aux urnes, pour
choisir leurs députés au Parlement. Parmi près de 1 600
candidats issus d’une vingtaine de partis et coalitions, les
Béninois doivent choisir 83 députés. Bien que le taux de
participation soit l’enjeu essentiel de ces élections, les
Béninois n’ont pas afflué aux urnes. « Le taux de
participation à ce scrutin tourne autour de 48 % pour tout
le pays », a affirmé Honorat Adjovi,
porte-parole de la Commission électorale nationale autonome
(Cina).
En effet, la mouvance présidentielle compte 34 députés dans
le Parlement sortant, contre 49 élus de l’opposition qui ont
donné du fil à retordre au président Thomas Boni
Yayi depuis 2009. Le chef de
l’Etat a affirmé qu’il s’agissait « de choisir ceux qui vont
valider nos politiques de développement pour accompagner le
pays vers une émergence réelle ». L’objectif pour M.
Yayi est d’obtenir une majorité
absolue au Parlement et de confirmer sa légitimité après le
rejet par l’opposition de sa victoire (53 % des suffrages)
au premier tour de la présidentielle du 13 mars.
Son principal opposant, Adrien
Houngbidji (36 %), a dénoncé des fraudes.
L’opposition a saisi la justice qui a confirmé la réélection
du président. Houngbidji a
appelé les électeurs à lui « donner une majorité au
Parlement, afin que nous soyons un vrai
contre-poids pour le pouvoir en place », a rapporté
Houngbidji dans un communiqué.
A l’issue des législatives de 2007, la coalition de partis
soutenue par Boni Yayi avait
remporté 35 sièges et la majorité des députés soutenait le
président. Beaucoup lui ont depuis tourné le dos et, en 2009
et 2010, le budget a par exemple dû être adopté par
ordonnance. De plus, le scrutin du 13 mars a été reporté
deux fois et il a été confronté à d’importants problèmes
d’organisation. A cet égard, la Commission électorale du
Bénin a annoncé que les législatives s’annonçaient plus
transparentes grâce à un fichier électoral électronique
révisé, plus difficilement manipulable que le précédent «
qui a favorisé les fraudes » et « le grand désordre » lors
de la présidentielle, a estimé M. Lazare
Sehouito, l’un des responsables
de l’Union fait la Nation (UN, principale alliance de
l’opposition), précisant : « Nous veillons au grain ».
Mais l’opposition perçoit ces préparatifs comme
insuffisants. Elle veut minimiser le pouvoir du président et
son entourage pour diminuer la corruption et le désordre qui
planent sur le pays. Le premier mandat du président
Yayi avait été marqué par des
scandales de corruption. Le dernier en date, qualifié d’«
affaire Madoff à la béninoises
», a vu, en 2010, des milliers de Béninois ruinés par une
escroquerie aux dépens de petits épargnants, semblable à
celle qui a valu 150 ans de prison à l’Américain Bernard
Madoff en 2009. Profitant de ce
procès, l’opposition a accusé M. Yayi
de complicité et a dénoncé ses liens avec l’une des sociétés
d’épargne impliquées. L’Union fait la Nation (UN),
principale alliance de l’opposition, a appelé ces jours-ci
les électeurs « à sanctionner ce régime qui nous a volé
notre victoire. Nous comptons le prouver par la rafle (de
sièges) que nous allons opérer », a affirmé Lazare
Sehouito.
Après cette série de scrutins présidentiel et législatif,
les Béninois espèrent des réponses aux problèmes sociaux
dans leur pays, affecté notamment fin 2010 par de graves
inondations (55 000 foyers détruits, 680 000 personnes
sinistrées, selon l’Onu).
Maha
Salem