Yémen .
Refusant de signer le plan de paix présenté par les pays du
Golfe, le président Ali Abdallah Saleh bloque la situation
alors que son pays est secoué par les menaces de violence et
de chaos.
Menace d’une guerre civile
La situation s’aggrave de plus en plus et une guerre civile
est sur le point d’éclater. Après de difficiles tractations
entre les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG),
l’opposition et le président yéménite Ali Abdallah Saleh, ce
dernier a refusé de signer, dimanche 22 mai, l’accord sur la
transition. Réunis à Riyad, les ministres des Affaires
étrangères du CCG ont donc annoncé avoir « décidé de
suspendre leur initiative en l’absence des conditions
propices pour la réussite de leur médiation ». Selon le
communiqué publié à la fin de leur réunion consacrée à la
question yéménite, « les ministres espèrent que M. Saleh
signera rapidement cet accord qui offre le meilleur moyen
possible pour surmonter la situation actuelle au Yémen ».
Les monarchies du CCG expriment « leur profonde inquiétude
quant à l’évolution de la situation au Yémen » et appellent
les Yéménites à faire preuve de patience et de sagesse pour
épargner à leur pays « la catastrophe qui pourrait le
frapper » selon le communiqué.
Une fois la décision du Golfe annoncée, Saleh a mis en garde
l’opposition contre une « guerre civile ». « S’ils ne plient
pas et s’ils veulent entraîner le pays dans une guerre
civile, ils en assumeront la responsabilité et la
responsabilité du sang qui a coulé et qui coulera dès lors
qu’ils persisteront dans leur stupidité », a déclaré M.
Saleh. Et pour une fois de plus bloquer la situation, le
président a multiplié les conditions pour signer l’accord de
sortie de crise élaboré par le CCG et prévoyant son départ
dans un mois. Ainsi, la nouvelle pomme de discorde entre le
président et l’opposition est devenue le lieu de la
signature de l’accord. De sa part, le président a exigé que
l’opposition signe avec lui l’accord au palais présidentiel.
« La cérémonie de signature de l’accord doit se dérouler au
palais présidentiel en présence de toutes les parties
politiques concernées », a affirmé dans un communiqué le
parti présidentiel, le Congrès Populaire Général (CPG).
Déjà, cet accord a été paraphé par l’opposition, le parti
présidentiel et ses alliés en présence du secrétaire général
du CCG, Abdellatif Zayani. Mais l’accord avait été signé au
domicile d’un dirigeant de l’opposition, cette dernière
ayant refusé de se rendre au palais présidentiel. « La
signature à huis clos ne peut être reconnue, elle reflète de
mauvaises intentions à l’égard de l’initiative » du CCG, a
estimé le communiqué du parti présidentiel.
Défendant sa position, le porte-parole de l’opposition
parlementaire a affirmé que l’opposition refusait de se
rendre au palais présidentiel. Ainsi, le secrétaire général
du CCG, Abdellatif Zayani, a quitté Sanaa pour Riyad sans
avoir obtenu la signature par le chef de l’Etat de l’accord
sous une forte tension. Le médiateur a été évacué, avec
l’ambassadeur des Etats-Unis à Sanaa, Gerald Michael
Feierstein, de l’ambassade des Emirats arabes unis où ils
avaient été encerclés par des centaines de partisans armés
du régime yéménite. Pour protester contre cet incident, un
haut responsable du CPG, le parti de M. Saleh, Ahmed Soufane,
a annoncé sa démission du bureau politique du parti.
Quant à l’opposition, elle a averti M. Saleh qu’il serait «
chassé du pouvoir sous la pression de la rue s’il ne signait
pas l’accord. Si M. Saleh ne signe pas, la révolte va
s’intensifier et il (finira) par être chassé du pouvoir », a
averti M. Mohamed Qahtan. Pour concrétiser leur
avertissement, les opposants à M. Saleh ont organisé sur la
place du « Changement » la plus grande manifestation qu’ait
connue la capitale depuis janvier pour réclamer le départ
immédiat du président. A cet égard, quelque 1,5 million de
manifestants ont pris part à ce rassemblement. Leur sit-in a
été protégé par les hommes du général Ali Mohsen Al-Ahmar,
qui a fait défection en mars et s’est rallié aux
contestataires.
Aujourd’hui, le président Saleh a perdu le soutien d’une
grande partie des chefs des tribus et de l’armée.
Maha
Salem