Privatisations .
L’entreprise Al-Nil pour l’égrenage du coton est un exemple
de société privatisée qui risque la liquidation en raison de
pertes et du départ d’ouvriers à la retraite anticipée.
Dans le rouge depuis longtemps
Une
dizaine d’ouvriers ont protesté la semaine dernière devant
l’usine d’égrenage Mahalla Al-Kobra,
la plus grande entité de Nil pour l’égrenage du coton
(NCGC), pour 8 revendications essentielles : principalement,
il s’agit de dissoudre le conseil d’administration, nommer
un représentant gouvernemental et verser les salaires
non-payés depuis deux mois et demi. « Pour nous sanctionner
depuis la révolution, la direction ne paye que le tiers des
salaires depuis 2 mois et demi. Qui peut vivre avec 300 L.E.
? », s’indigne
Achraf
Kechk, l’un des manifestants, en assurant que
l’administration ne paye pas non plus les primes (40 % du
salaire) ni une part des profits annuels depuis 3 ans.
L’appel au retour dans le secteur public est en vogue et les
ouvriers d’Al-Nil ne font pas exception. « Nous avons déposé
une plainte auprès du procureur général, car le propriétaire
de l’entreprise veut liquider son activité pour passer à une
activité immobilière. Nous réclamons le retour de la société
sous la tutelle de l’Etat », déclare
Mohsen Daoud, président du syndicat des ouvriers dans
la société, en dévoilant sa situation « désastreuse » après
la privatisation.
Daoud accuse aussi le président et le conseil
d’administration de vouloir vendre les 86
feddans (36,1 hectares) sur
lesquels sont construites ces usines, dont la valeur est de
25 000 L.E. le m2. Il ajoute que l’administration a obligé
presque la moitié des ouvriers à opter pour la retraite
anticipée.
Privatisée en 1997, NCGC, lancée en Bourse, se dédie
notamment à l’égrenage du coton. Les usines de la société
produisent par ailleurs de l’huile, du savon et du fourrage
pour animaux. C’était avant l’arrêt de son fonctionnement.
De sa part, le PDG de la société, Sayed Abdel-Alim Al-Seifi,
nie ces accusations des ouvriers en notant à l’Hebdo la
difficulté du retour de la société dans le giron
gouvernemental. « La NCGC a été lancée en Bourse. Elle
compte plus de 12 000 investisseurs. Je ne possède que 3,4 %
du capital de la société », explique-t-il, en assurant que
toutes les plaintes des ouvriers ont été gardées par les
entités gouvernementales. Ainsi, l’Autorité de
l’investissement a noté dans son rapport publié il y a deux
mois qu’elle « n’a pas trouvé de violations de
l’administration ». Le rapport a cependant noté que les
machines des usines de Minya
datent des années 1930 et par conséquent, sont obsolètes.
Par ailleurs, Al-Seifi justifie
la décision de l’administration quant au non-versement des
profits et primes sociales par le fait que la société ne
réalise que des pertes. « De 2005 à 2009, ces pertes ont
atteint 38,6 millions de L.E. », explique-t-il, en
justifiant ce fait par la baisse de la production du coton
de plus de 70 % ces 20 dernières années. Arguments réfutés
par Mohsen Daoud. « La direction
refuse toute liquidation de l’activité de Nil pour
l’égrenage du coton », se plaint-il.
Reste
à la justice de se
prononcer.
Gilane
Magdi