Médecins . Accusés d’ignorer les intérêts des
patients, ils ont provisoirement suspendu leur grève jeudi dernier, en
attendant que le gouvernement tienne à ses promesses.
Les blouses
blanches reprennent leur travail
La
grève tant dénoncée des médecins n’a finalement duré que deux jours. Entamée le
mardi 17 mai par plus de 17 000 d’entre eux au niveau des hôpitaux publics de
plusieurs gouvernorats, elle a été suspendue le jeudi 19. Le premier ministre, Essam Charaf, s’est entretenu
avec les organisateurs auxquels il a promis une hausse du budget de la santé
dans le nouveau budget ainsi qu’une augmentation des salaires. Les grévistes la
voulaient « symbolique », comme celle qui avait été décrétée une semaine avant
et n’avait duré qu’un seul jour. Ces sonnettes d’alarme sont tirées par les
médecins pour attirer l’attention du gouvernement de transition : le secteur de
la santé est dans un état déplorable, prétendent les grévistes.
Au-delà
de l’amélioration des services offerts aux patients et des revendications
salariales des médecins, ils réclament également le départ de l’actuel ministre
de la Santé Achraf Hatem pour ses liens présumés avec
le Parti National Démocrate (ex-PND au pouvoir). « La révolution n’a pas
atteint le ministère de la Santé. Ni les responsables, ni leurs politiques
n’ont changé », explique Ahmad Haggag, de l’hôpital
public Al-Nil à Choubra Al-Kheima.
« Le ministre a encore perdu en popularité quand il a essayé de donner une
fausse image à notre grève. Celle-ci ne se limite pas à des demandes
salariales, ce que nous voulons c’est le développement de tout un secteur
vital, celui de la santé », ajoute-t-il.
Extension de la couverture
Outre
la hausse salariale, les médecins réclament l’augmentation de la part de la
santé de 4 à 15 % du budget de l’Etat, l’extension de la couverture médicale à
tous les citoyens. « Nos demandes n’ont rien de bizarre, certains pays
accordent jusqu’à 20 % de leur budget à la santé. Le niveau de vie des médecins
est crucial si l’on veut offrir un service correct aux patients », renchérit Dr Mohamad Salah du même hôpital.
Pour
exacerber l’isolement des grévistes, le président de l’ordre des Médecins Hamdi Al-Sayed a choisi de les dénoncer publiquement. «
Cette grève est illégale et inhumaine. Elle n’affectera que les citoyens les
plus pauvres qui fréquentent les hôpitaux publics », a affirmé Al-Sayed sur la
chaîne satellite Al-Hayat. Mais là aussi, contre un « président de l’ordre qui
ne les représente plus », les médecins se défendent. « Notre grève était
symbolique et très partielle, elle s’est limitée aux cliniques, les autres
services importants comme les urgences et les soins intensifs n’ont pas été
touchés. En plus, nous n’avons pas exigé que nos demandes soient satisfaites
dans l’immédiat. On n’a fait qu’exiger des engagements officiels », explique
Mohamad Abdel-Fattah, médecin et l’un des
organisateurs de la grève. Il estime que le moment a été bien choisi, car la
grève intervient juste avant la préparation du nouveau budget annuel de l’Etat.
Le
nouveau budget sera annoncé en juillet prochain. Les revendications des
médecins peuvent ou non être prises en compte. Dans ce dernier cas, ils
menacent d’une vraie grève, voire de démissions collectives.
Sabah Sabet