Insécurité .
Gamal Assaad,
penseur copte, qui s’exprime sur la conjoncture actuelle et
les moyens de surmonter la sédition confessionnelle.« Les
chaînes
Les chaînes
religieuses
musulmanes et chrétiennes allument le feu »
Al-Ahram Hebdo : Comment voyez-vous les événements d’Imbaba
?
Gamal Assaad :
Ce qui s’est passé a Imbaba devait avoir lieu parce que
c’est le résultat des tensions sectaires qui existent depuis
une centaine d’années. Ces tensions n’ont reçu aucun remède
et on les a laissées sans intervention véritable. C’était
donc normal d’arriver à ce résultat : les incidents de Saul,
de Moqattam et puis d’Imbaba. Les chaînes religieuses
musulmanes et chrétiennes allument le feu. Les programmes
qu’on enseigne dans les écoles confirment les normes
négatives á l’égard de « l’autre » et se dressent contre son
acceptation. Le discours médiatique est superficiel dans sa
façon de traiter ce dossier. Le discours religieux à
l’église et dans les mosquées est devenu une partie du
problème au lieu d’être une solution. Ces aspects existaient
il y a longtemps et n’ont aucun rapport avec la révolution.
— Ces événements font-ils partie directement ou pas des
conséquences de la révolution ?
— La disparition de ces tensions lors de la révolution de
Tahrir était temporaire et ne signifiait pas que les
problèmes sectaires avaient disparu tout d’un coup. Les
problèmes entre chrétiens et musulmans se trouvaient avant
la révolution du 25 janvier et ils s’aggravent à la suite de
ce mouvement à cause de l’absence de la police, la
décomposition de l’Etat et la présence remarquable des actes
de violence. Après la révolution, les responsables continent
à traiter le problème de la même façon que l’ex-régime.
L’idée n’est pas la mise en place de nouvelles lois ; le
plus important, c’est l’application de ces lois et la
création d’une opinion publique qui les accepte. Le problème
a plusieurs dimensions culturelles, économiques, historiques
et morales.
— Comment peut-on résoudre la crise ?
— Quand il s’agit de résoudre le problème entre chrétiens et
musulmans en Egypte, il faut différencier entre les moyens
de lutte contre les événements religieux et les moyens de
lutte contre le contexte ou l’ambiance sectaire. Concernant
le premier, l’application immédiate de la loi est le moyen
fondamental, et aussi le retour de la police est d’une
importance majeure. Pour le deuxième, la solution est à long
terme : le développement de programmes scolaires qui
encouragent l’acceptation de l’autre, un système médiatique
libre et indépendant, ainsi qu’un discours religieux qui
incite à aimer et accepter l’autre. Le fait de manifester
pour revendiquer les droits violés et de sortir hors de
l’église est certainement positif, mais il reste que la
participation soit basée sur des fondements civils et
qu’elle ait des raisons plutôt politiques que religieuses.
On aura des élections parlementaires et présidentielles dans
quelques mois et ça sera une crise si ces élections auront
lieu dans ce contexte, le choix sera sur des conditions
religieuses. La mise en commun récemment entre Al-Azhar et
les salafistes ou entre Al-Azhar et les Frères musulmans
donne à ces courants plus de légitimité. L’Eglise et
Al-Azhar devront lever leur hégémonie sur les gens, il faut
que les Egyptiens assimilent bien leur rôle comme citoyens
et non pas comme des musulmans ou des chrétiens.
Propos recueillis par Mavie Maher