Iran .
La tension grandit dans le camp conservateur. Après la
polémique qui l’a opposé au guide suprême, Ali Khamenei, le
président Mahmoud Ahmadinejad
s’est engagé dans une nouvelle bataille avec le président du
Parlement, Ali Larijani.
Ahmadinejad
fragilisé
La lutte autour du pouvoir va crescendo en Iran, déchirant
de plus en plus le camp conservateur. Après la polémique qui
a opposé le président Ahmadinejad
au guide suprême, Ali Khamenei, une nouvelle crise a éclaté
cette semaine entre Ahmadinejad
et le président du Parlement, Ali
Larijani, à propos de la restructuration du
gouvernement. Déclarant ouvertement la guerre au président,
M. Larijani a, pour la première
fois, accusé publiquement M.
Ahmadinejad de violer la loi en refusant de répondre
aux exigences du Parlement sur la manière de mener la fusion
en cours de plusieurs ministères. « Si le gouvernement a des
problèmes de compréhension de la loi, le Parlement peut la
lui expliquer », s’est moqué M.
Larijani. En riposte, le président iranien a ironisé
samedi : « Le chef respecté du Parlement croit qu’il est
l’incarnation de la loi, mais ce n’est pas correct. M.
Larijani ferait mieux de relire
la loi », a ajouté le président en accusant le président du
Parlement de troubler la vie politique.
En effet, les relations entre le Parlement, dominé par les
conservateurs, et le gouvernement sont toujours marquées par
de graves tensions, ravivées par la nouvelle crise entre MM.
Ahmadinejad et
Larijani qui s’étaient retrouvés
en concurrence lors de la présidentielle de 2005. Mais c’est
la première fois que les deux dirigeants s’en prennent l’un
à l’autre si durement et si publiquement.
Le projet de restructuration, à l’origine de la polémique,
prévoit la fusion de plusieurs ministères — dont ceux de
l’Energie et du Pétrole — pour ramener leur nombre de 21 à
17 en vertu d’une décision inscrite dans le 5e plan
quinquennal 2010/2015. Vendredi, le Conseil des gardiens de
la Constitution (Conseil constitutionnel), dominé lui aussi
par le courant ultra-conservateur,
a tranché la bataille en faveur du Parlement, qui exige un
droit de veto sur les fusions décidées par le gouvernement
et le choix des ministres devant diriger les nouvelles
entités.
Ahmadinejad
laisse passer la tempête
Sentant son pouvoir s’effriter, le président iranien a tenté
de paraître plus conciliant que jamais, en congédiant samedi
trois ministres importants, qui faisaient partie de ses
fidèles : le ministre du Pétrole Massoud
Mirkazemi, celui des Affaires
sociales Sadeq
Mahsouli, et celui de
l’Industrie Ali Akbar Mehrabian.
Le Parlement exige que le ministère du Pétrole soit intégré
à celui de l’Energie, que le ministère de l’Industrie
fusionne avec celui du Commerce et que le ministère des
Affaires sociales soit intégré au ministère du Travail. Le
ministère des Transports a déjà fusionné avec celui du
Logement et du développement urbain.
La crise entre le président et le Parlement a été précédée
par un grave conflit qui avait opposé ouvertement pendant
dix jours, fin avril, le président et son entourage aux
ultra-conservateurs rassemblés
derrière le guide suprême iranien, Ali Khamenei, après le
refus de ce dernier d’accepter le limogeage du ministre des
Renseignements Heydar
Moslehi. M.
Moslehi comme M. Larijani
sont considérés comme des proches de l’ayatollah Khamenei,
et les opposants à M. Ahmadinejad
ont vivement critiqué le président, accusé de désobéissance
au guide suprême. Laminé par les critiques, le président a
paru plus conciliant que jamais : « J’obéis à Khamenei comme
un fils à son père ». Même si d’influentes personnalités
conservatrices estiment que la crise entre le président et
le guide était « passée », ce bras de fer sans précédent
continuera à jeter ses ombres sur l’avenir politique du pays
et surtout sur le camp conservateur déchiré, dans l’optique
des présidentielles de 2013.
Maha
Al-Cherbini