Al-Ahram Hebdo, Afrique | Le danger est imminent

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 Semaine du 27 avril au 3 mai 2011, numéro 868

 

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Afrique

Nigeria . Le chaos et la violence sanglante planent sur le pays depuis l’annonce de la victoire de Goodluck Jonathan alors que ce dernier insiste toujours sur la tenue des élections des gouverneurs.

Le danger est imminent

Comme prévu, le pays a été secoué de violences après les élections présidentielles. Une fois les résultats définitifs annoncés, des affrontements sanglants ont été déclenchés tout au long du pays. Avec 57 % des voix, le chef de l’Etat Goodluck Jonathan a remporté les élections. Ce chrétien du Sud était face à 19 adversaires dont le principal était le général Muhammadu Buhari, musulman du Nord. En première réaction, le général Buhari, crédité de 31 % des suffrages, conteste les résultats du scrutin. Son parti, le Congrès pour le changement progressiste, a dénoncé à plusieurs reprises des irrégularités et fraudes lors de la présidentielle en faveur de M. Jonathan. Aussi, le parti a réclamé une analyse « biométrique » des bulletins de vote « dans au moins 11 Etats », sur les 36 que compte ce géant pétrolier et pays le plus peuplé d’Afrique avec près de 160 millions d’habitants. Ancien chef d’une junte dans les années 1980, le général Buhari, 69 ans, a dit vouloir s’en tenir aux recours légaux — une plainte a été déposée auprès de la Commission électorale — et a appelé à la fin des violences.

Malgré cet appel, les émeutes ont affecté le Nord et ont fait plus de 500 morts selon une ONG nigériane de défense des droits civiques. Les autorités n’ont pas donné de bilan des victimes de ces jours de violences, par crainte d’aggraver la situation.

Selon les analystes, ces violences entre chrétiens et musulmans dans le Nord n’ont pas pour origine la religion, mais la pauvreté dont souffre continuellement la population de ce géant pétrolier d’Afrique. Les violences post-électorales traduisent le désespoir et la frustration de certains Nigérians ne voyant pas d’exutoire. « Tous les Nigérians, chrétiens et musulmans, souffrent toujours malgré la richesse de leur pays, alors ils accusent les autorités d’être à l’origine de leurs souffrances. Ils voulaient voir un nouveau visage », explique le Dr Ibrahim Abdel-Razeq, analyste au Centre des études africaines au Caire.

Avis partagé par plusieurs analystes, le Dr Ayman Abdel-Wahab ajoute qu’il s’agit de plusieurs facteurs qui sont susceptibles d’avoir mis le feu aux poudres : soupçons de fraudes, litiges entre militants du même bord ou de camps politiques différents mais strictement aucun n’a de lien avec la religion. Dans un pays aussi turbulent que le Nigeria, aux quelque 250 groupes ethniques, avec de fabuleuses richesses en pétrole et gaz mais dont 70 % de la population est pauvre, « de réelles disparités existent entre le Nord musulman et le Sud chrétien. Le Nord a longtemps souffert souvent de la mauvaise condition de leur vie quotidienne tandis qu’ils voient le Sud jouir toujours des richesses du pays, surtout le pétrole, ce qui provoque de la haine et de la rancune entre les deux entités », explique le Dr Ayman, analyste au Centre des études politiques et stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.

Essayant de calmer la situation, le président nigérian Goodluck Jonathan a déclaré que les émeutes actuelles rappellent les événements qui ont précédé la guerre du Biafra. Pour accentuer ses pressions, il a renforcé la sécurité dans tout le pays pour empêcher de nouvelles violences post-électorales. En plus, la Commission électorale nigériane a annoncé le report de 48 heures des élections des gouverneurs de la fédération et des assemblées régionales, qui se sont tenues le 26 avril, dans deux des Etats du Nord, Kaduna et Bauchi. Le chef de la Commission électorale, Attahiru Jega, a expliqué espérer que ce délai de deux jours permettra d’apaiser la colère et d’améliorer encore la sécurité dans ces deux Etats. En ajoutant que « la désignation des gouverneurs, qui gèrent d’énormes budgets grâce aux revenus pétroliers, représente un enjeu majeur à haut risque. Le Nord, majoritairement musulman, est économiquement marginalisé par rapport au Sud, riche en pétrole et à majorité chrétienne, ce qui alimente les divisions ».

Auparavant, le président Jonathan avait annoncé que les élections des gouverneurs se dérouleraient comme prévu et qu’une commission d’enquête judiciaire sur les violences allait être désignée.

« Ces actes de désordre sont une triste réminiscence des événements qui ont plongé notre pays dans trente mois d’une regrettable guerre civile », a affirmé le président.  En 1967, la sécession et la proclamation d’une République du Baiera (sud-est) avaient déclenché une guerre civile, jusqu’en janvier 1970, qui avait fait un à deux millions de morts, selon les estimations.

Maha Salem

 




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