Football .
Accablé par les difficultés administratives, financières et
techniques, Ittihad d’Alexandrie risque cette saison la
relégation. Une hantise pour ses supporters.
Ittihad d’Alexandrie dans une mauvaise passe
Avec
l’émergence au cours des dix dernières années de clubs
dépendant de sociétés publiques ou privées, les clubs
associatifs ont commencé à céder du terrain. Le Championnat
égyptien n’en comprend plus que 5 aujourd’hui. Ittihad
d’Alex fait partie de cette minorité et risque sérieusement
d’être relégué en D2, voire de subir le sort de ses
prédécesseurs Mansoura, Ghazl Al-Mahalla et Tersana qui ont
quitté le championnat de l’élite lors des dernières saisons.
En effet, Ittihad d’Alex a connu des moments très difficiles
au cours du premier tour du championnat. Il termine ce
premier tour à la dernière place avec seulement 11 points.
Les supporters du club espéraient que le second tour
témoignerait d’un retour du club qui permette aux hommes de
Mohamad Amer d’améliorer leur place dans le classement. Mais
la reprise du championnat a, au contraire, donné lieu à des
problèmes qui ont secoué la Citadelle verte.
Sans moyens réels, le club dépend presque exclusivement du
soutien financier de son président Mohamad Mosselhi. Ce
dernier, l’un des cadres du Parti National Démocrate (PND),
a dû quitter son poste après la révolution. Mohmad Amer,
directeur technique de l’équipe, a démissionné à son tour
après le départ de Mosselhi et Ahmad Sarry, son adjoint,
assure l’intérim jusqu’à la nomination d’un nouveau
directeur technique.
Après la démission de Mosselhi, le club est resté sans
président jusqu’à ce que le Conseil national du sport nomme
Essam Chaaban comme président il y a trois semaines. Depuis
l’arrivée d’une nouvelle direction, les dirigeants du club
ne cessent de prendre des décisions controversées. A
commencer par celle de suspendre les activités sportives au
sein du club, ce qui a privé l’équipe de basketball des
demi-finales de la Coupe d’Egypte. Les Verts ont raté
l’occasion de remporter un titre qui était à leur portée,
surtout que l’équipe de basketball du club a dominé la scène
locale au cours des deux dernières saisons.
Il est vrai que la direction du club est revenue sur sa
décision mais quelques jours après, un autre épisode curieux
est survenu lorsque 22 joueurs de l’équipe de football ont
porté plainte auprès de la Fédération contre la direction du
club en raison de leurs arriérés de paiement. La direction a
pris cette plainte comme une fronde puis demandé à Ahmad
Sarry, directeur technique de l’équipe, de suspendre les
joueurs. « Le comportement des joueurs était inacceptable.
Ils ont porté plainte contre leur club au lieu de le
soutenir. Il est clair que le club souffre d’une grave crise
financière. Les joueurs n’auraient pas dû porter plainte »,
déclare Essam Chaaban, président du club.
Par ailleurs, les joueurs défendent leur attitude. Ils sont
restés trois mois sans salaires et s’ils ont porté plainte
c’est pour obtenir leurs droits et non pour résilier leurs
contrats avec le club. « Nous ne sommes pas des traîtres. On
est resté trois mois sans salaires. Certains joueurs qui ne
sont pas d’Alexandrie ont dû quitter leur appartement faute
de pouvoir payer le loyer », confie Mahmoud Chaker
Abdel-Fattah, vedette de l’équipe. « Nous avons été choqués
par le comportement du directeur technique qui a pris le
côté de la direction au lieu de soutenir les joueurs et
défendre leurs droits », ajoute-t-il.
Une scène qui prête à l’ironie
Face à ces problèmes, la direction a demandé à Ahmad Sarry
de disputer la rencontre contre Misr Lil Maqassa de la 16e
journée du championnat avec l’équipe juniors épaulée par le
duo camerounais Marc Mboah et Edit Otobong. Du coup,
l’équipe a subi une large défaite (0-4) contre son hôte.
Face à la colère des supporters, la direction a alors décidé
de nommer Mohamad Omar, ancien directeur technique de la
sélection égyptienne juniors -17 ans, comme directeur du
secteur du football au club. Quant aux joueurs, ils ont
refusé de s’entraîner sous la direction d’Ahmad Sarry et ont
demandé son limogeage. Résultat : une scène qui prête à
l’ironie. Les juniors s’entraînaient avec leur directeur
technique et les autres joueurs s’entraînaient seuls. « Nous
sommes prêts à jouer sans salaire jusqu’à la fin de la
saison. Mais s’entraîner sous la direction d’Ahmad Sarry,
c’est impossible », déclare Hussein Fahmy, milieu de
l’équipe.
Samedi dernier, Essam Chaaban et son conseil
d’administration ont présenté leur démission au Conseil
national du sport mais Hassan Saqr, président du conseil,
n’a pas encore donné sa décision sur cette démission. Ce
mercredi, Ittihad d’Alexandrie a un rendez-vous assez
difficile face à la puissante formation d’Ittihad Al-Chorta
au stade de Borg Al-Arab à l’occasion de la 17e journée du
Championnat national. On sait à ce jour que c’est l’équipe
juniors du club qui disputera cette rencontre. La mission
pour les jeunes joueurs d’affronter une formation plutôt
organisée, comme celle d’Ittihad Al-Chorta, est difficile et
une défaite risque d’aggraver la situation de l’équipe
alexandrine déjà critique. Les Verts sont actuellement en
queue de championnat avec 11 points seulement récoltés en 16
journées, et l’équipe ne peut plus supporter d’autres
défaites.
Conscient de la situation critique du club, Essam Salem,
nouveau gouverneur d’Alexandrie, a déjà déclaré que la
situation du club figure parmi ses priorités et il fera son
maximum pour lui faire éviter la relégation.
Plus largement, cette mauvaise situation inquiète les
Alexandrins qui n’arrivent pas à croire que leur club, créé
en 1918, puisse quitter le championnat de 1re division et
subir le même sort que l’Olympique d’Alexandrie, relégué en
2007 sans avoir réussi depuis à revenir en D1.
Pour eux
c’est un vrai cauchemar.
Mohamad Mosselhi