Al-Ahram Hebdo, Opinion | Farouq Goweïda,  L’armée de l’Egypte, pas l’armée de Moubarak

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 Semaine du 20 au 26 avril 2011, numéro 867

 

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Opinion

L’armée de l’Egypte, pas l’armée de Moubarak
Farouq Goweïda

Malgré la fausse opulence de la société égyptienne des dernières années, la rue égyptienne, avec sa conscience historique, savait qu’une chose se préparait. Les mensonges médiatiques et la tromperie politique n’avait pas réussi à éliminer la conscience égyptienne. La révolution du 25 janvier est un volcan qui a explosé dans le pays pour pousser des millions d’Egyptiens à réclamer la justice, la liberté, une vie décente et le changement de pouvoir étatique. Alors que l’on commençait à penser que la révolution s’était calmée, les soldats vaincus du pouvoir renversé ont commencé à bouger. Ils ont envoyé notamment des messages de menace ici et là. Le vendredi 8 avril, la foule s’est dirigée encore une fois vers la place Tahrir qui regroupait, au milieu de la journée, plus d’un million de citoyens. L’ambiance était la même que celle de la nuit du départ de Moubarak. Ce vendredi-là, la foule a été plus forte que les limites sécuritaires et organisationnelles. Ni les forces de l’armée ni la police n’étaient présentes. Les musulmans et les coptes ont fait leurs prières dans une ambiance de tolérance et d’espoir. Puis, en fin de journée, la foule a commencé à se disperser. Jusque-là tout allait pour le mieux : le peuple proteste avec un langage raffiné, la position de l’armée est digne de respect et la police a réintégré la rue avec un nouvel esprit. L’armée égyptienne, à un instant crucial de l’Histoire, a donc fait le bon choix. Il suffit d’observer ce qui se passe actuellement dans les pays arabes voisins pour comprendre ce que l’armée est capable de faire.

Les militaires sont-ils plus sages que les civils ? Peut-être, dans certaines situations. L’armée égyptienne a avancé à pas lents. Mais il est sûr que ces pas, dans le contexte des événements actuels et des tentatives d’instaurer la stabilité et la sécurité, constituent une grande réalisation : il est question d’une révolution réelle, au sens propre du mot ! Des mutations et des changements importants sont réclamés : en particulier la lutte contre la corruption. Pourtant dans ce domaine, il est probable que l’armée ait une vision beaucoup plus éloignée de la réalité que la vision civile. Il faut effacer de notre esprit tout ce qui peut nuire à l’image que nous avons de l’armée. C’est elle qui a constitué l’élément-clé dans la réussite de la révolution. C’est pour cela que la scène sanglante qui a eu lieu pendant la nuit du vendredi avant dernier est triste et douloureuse. Il n’est pas ici question de défendre les forces armées ou d’interdire la diffusion d’opinions contraires mais il faut tenter, avec sagesse et réflexion, de prendre en considération certains points importants.

Premièrement, si après les manifestations grandioses de vendredi 8, des millions d’Egyptiens ont quitté la place Tahrir sans aucun problème, pourquoi des milliers de personnes ont-elles insisté à passer la nuit sur la place Tahrir ? A mon avis, il y avait une intention de sortir du contexte des manifestations de la journée. Il fallait que tous les citoyens respectent les horaires du couvre-feu tout comme le Conseil suprême des forces armées a respecté le droit des citoyens à manifester. Il est ici question d’une responsabilité commune entre le peuple et l’armée.

Deuxièmement, le Conseil suprême militaire a annoncé que certains membres des forces armées étaient présents sur la place pour annoncer leur soutien au peuple. Cela prouve la position de l’armée qui n’est pas contre le peuple. Si l’armée égyptienne est présente pour protéger la révolution, quel mal y aurait-il à ce que certains militaires soient présents parmi les manifestants ? Il faut comprendre que cette présence ne signifie pas une atteinte à la légitimité du Conseil militaire.

Quand l’armée a voulu connaître l’identité de ces militaires qui défiaient les lois, les manifestants n’avaient pas le droit d’intervenir. L’armée n’est pas venue les arrêter mais uniquement contrôler leur carte militaire. Il était donc inutile que des citoyens interviennent dans l’affaire, car c’est une question qui concerne seulement les forces armées. Les citoyens n’ont le droit d’intervenir contre l’armée que si celle-ci tente de faire un putsch. La présence de fauteurs de trouble est un défi plus dangereux pour les manifestations. Il ne faut pas que les manifestants donnent eux-mêmes cette occasion aux baltaguis qui veulent faire régner le chaos et la terreur.

Troisièmement, pendant les années noires de l’histoire de l’Egypte, le pays a beaucoup perdu. L’Egypte était parmi les pays qui respectaient le plus le système institutionnel. Mais le régime corrompu a vendu les biens du pays aux institutions politiques. Il a vendu le rôle de l’Egypte aux institutions financières. Il a détourné le rôle des banques. Il a nui aux institutions éducatives en violant l’université et les institutions culturelles et en diffusant la culture de l’ignorance et de l’arriération. Et aujourd’hui, que reste-t-il de ces institutions ? Je n’exagère pas en disant que l’unique institution qui a réussi à sauvegarder ses principes et son histoire est l’armée égyptienne. Rares sont ceux qui savent que, malgré le lien étroit entre l’institution militaire et le pouvoir en place, cette institution s’est dressée avec violence contre les politiques financières, économiques, culturelles et même sécuritaires qui ont ruiné les institutions de l’Etat.

Je ne pense pas que beaucoup d’Egyptiens savent que l’institution militaire refusait la vente de nombreux biens et qu’elle a elle-même acheté nombreux terrains et bâtiments pour les protéger contre la privatisation. L’ancien régime avait aussi proposé de vendre une grande institution médiatique, mais l’armée égyptienne avait refusé avec insistance et fermeté.

Faut-il donner l’occasion aux éléments de l’ancien régime de gâcher la relation entre l’armée et le peuple, alors que c’est l’armée qui protège l’Etat égyptien contre toutes les menaces ? Il faut que tout le monde sache que cette armée n’est pas l’armée de Hosni Moubarak mais l’armée de l’Egypte glorieuse

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