Libertés .
Le Conseil national des droits de l’homme a été remanié
cette semaine. Son rôle, et celui des autres organismes
similaires, devrait désormais gagner en importance.
Nouvel horizon pour les ONG
La
nouvelle composition du Conseil national des droits de
l’homme a été annoncée cette semaine. Le conseil a gardé son
président, Boutros Boutros-Ghali. En revanche, le magistrat
Moqbal Chaker a été remplacé par Mohamad Fayeq, président du
Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme au
poste de vice-président. 18 nouvelles figures sur un total
de 25 font leur entrée pour la première fois au Conseil.
Parmi celles-ci, Ossama Al-Ghazali Harb, président du parti
du Front démocratique, la réalisatrice Inaam Mohamad Ali, le
militant politique du mouvement Kéfaya Geroges Isaac, le
journaliste Hazem Mounir, et l’ancienne speakerine et
ancienne directrice du secteur des chaînes satellites
Dorriya Charafeddine. Il y a également les chercheurs au
Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS)
d’Al-Ahram Diaa Rachwane et Amr ElShobaki, le professeur de
sciences politiques Amr Hamzawi, les magistrats Mohamad Amin
Al-Mahdi et Mahmoud Aboul-Leil, le militant des droits de
l’homme Nasser Amin et l’écrivain Youssef Al-Qaïd. « Nous
espérons que le Conseil, dans sa nouvelle composition, va
travailler pour promouvoir la culture des droits de l’homme
», déclare dans un communiqué Hafez Abou-Seada, président de
l’Organisation égyptienne des droits de l’homme, qui reste
dans la nouvelle composition. Il affirme que la nouvelle
formation est « variée » et comprend des indépendants et des
membres de l’opposition.
Ne pas se limiter au recensement
Le Conseil national des droits de l’homme avait été fondé en
2003, sous l’ancien président Hosni Moubarak, et a été alors
accusé d’être un outil visant à embellir l’image du régime.
La question à présent est de savoir quel sera le rôle du
Conseil, et plus généralement celui des organismes de
défense des droits de l’homme dans l’après-révolution. Pour
Hafez Abou-Seada, le rôle du Conseil ne doit pas se limiter
au recensement des cas de torture et de mauvais traitement
dans les commissariats. « Après la révolution, notre vrai
rôle sera de changer la vision de l’Etat envers les
organisations de défense des droits de l’homme. Celles-ci
sont perçues comme des organisations hostiles qui cherchent
à embarrasser l’Etat. C’est plus sur ce genre de questions
que nous allons travailler. Dans les pays occidentaux, ces
organisations jouent un rôle complémentaire à celui du
gouvernement », explique Hafez. Il pense qu’il faut mettre
en place des programmes conjoints entre l’Etat et les
organisations de défense des droits de l’homme. Khaled Ali,
directeur du Centre égyptien pour les droits économiques et
sociaux, pense lui aussi que le rôle du Conseil national des
droits de l’homme et de toute autre organisation des droits
de l’homme va changer après la révolution. « Je crois qu’il
y aura un recul de la violence, de l’intimidation et de la
torture dans les commissariats de police si l’Egypte se
dirige véritablement vers un régime démocratique. Mais
d’autres types de problèmes existent et il faudra les
traiter, comme le manque de financement dont souffrent
beaucoup d’ONG », indique-t-il.
Chérif Al-Halali, directeur de l’Association arabe pour les
droits de l’homme, pense, lui, que les organisations des
droits de l’homme auront pour rôle principal de préserver la
naissante démocratie. « Il va falloir superviser la nouvelle
Constitution, la mise en place du gouvernement de transition
et les questions des libertés », dit-il. Et d’ajouter : «
Nous travaillons maintenant pour former des plateformes
communes entre les organisations des droits de l’homme pour
aider les citoyens dans la recherche de leurs droits qui ont
été violés sous l’ancien régime ». Abdel-Moneim
Abdel-Maqsoud, directeur du centre Sawassiya, évoque, lui,
une coopération plus accrue avec les pays européens dans le
domaine des droits de l’homme. Quant à Safouat Guirguis,
directeur du Centre égyptien pour les droits de l’homme, il
pense que le rôle des organisations de défense des droits
humains sera plus important en cette période très critique.
« Nous avons fait une alliance composée de 14 organisations
des droits de l’homme, pour coopérer avec le Conseil suprême
des forces armées, afin de trouver des solutions aux
problèmes des citoyens », explique-t-il. La nouvelle ère qui
s’annonce démocratique devrait réserver un rôle plus
important aux organisations de défense des droits de
l’homme.
Ola
Hamdi