Libye . Un de nos fidèles lecteurs dénonce la situation désastreuse en Libye, ce pays voisin de l’Egypte.

Subira-t-elle le sort de l’Iraq ?

Nous savons que les Etats-Unis et leurs collaborateurs, qui sont engagées dans des « opérations chirurgicales » en Libye contre les positions supposées des forces de Kadhafi, ont essayé de s’assurer des garanties pour avoir leur part du pétrole libyen avant d’aider les révolutionnaires. En plus d’une allégeance des futurs dirigeants à leur politique impérialiste, celle qui consiste à ne jamais se montrer hostile à leur égard et à l’égard d’Israël. Ce n’est pas pour rien que Bernard Henri Lévy est allé sonder les Libyens sur place dès la première semaine de l’insurrection, suite à quoi des rencontres ont été organisées avec les chefs de la coalition afin de négocier la position que les futurs dirigeants de la Libye doivent adopter. A mon avis, si les Etats-Unis et leurs alliés avaient voulu se débarrasser réellement de Kadhafi, ils auraient pu le faire dès les premiers jours de leur arrivée sur les côtes libyennes. Mais ils ne l’ont pas fait. C’est une tactique politique. D’une part, ils ont laissé les Libyens se massacrer entre eux, afin de les affaiblir et, d’autre part, ils ont donné la possibilité à leurs pilotes de chasse de s’entraîner et d’expérimenter leurs armes. Mais en même temps, ils ont fait monter les enchères dans les négociations avec les Libyens et augmenter la facture qui sera payée par les futurs dirigeants de Tripoli, avec la participation probable des monarchies pétrolières du Golfe. L’Histoire nous a appris que là où les Etats-Unis mettent le nez, il n’y a que des morts et des destructions. Que les peuples arabes qui se révoltent contre leurs régimes corrompus sachent qu’ils ne doivent rien attendre de positif de ceux qui bafouent les valeurs universelles en Palestine, en Iraq, au Liban et en Afghanistan. Ils peuvent à la rigueur solliciter le soutien des peuples occidentaux mais pas celui de leurs dirigeants, car ces derniers ont prouvé dans d’autres circonstances qu’ils méprisaient les peuples épris de liberté, notamment lorsqu’il s’agit de peuples arabes et musulmans.

En rédigeant ce texte, nous avons appris que le président des Etats-Unis, Barak Obama, prévoit un autre développement dans l’intervention des alliés en Libye « si Kadhafi n’abdique pas ». Quel serait ce développement ?

Nous craignons que ce soit ce de quoi nous avions mis en garde bien avant l’envoi des forces occidentales à proximité des côtes libyennes, c’est-à-dire une occupation progressive de la Libye par les Etats-Unis et leurs alliés, à l’instar de ce qui s’est passé en Iraq. Si cette hypothèse se réalisait, cela signifierait que BHL a gagné son pari et que la première étape du plan occidental qui consiste à faire avorter les révolutions arabes pour mieux assurer la protection d’Israël a parfaitement réussi.

Chérif Boudelal,
France.

Le spectre de la contre-révolution

J’aimerais signaler mon refus de la campagne déloyale menée par certaines personnes pour saboter la révolution du 25 janvier. Après le succès qui a caractérisé cette révolution blanche, voilà que les anciennes figures du régime de Moubarak commencent à réapparaître, accusant les forces patriotiques de trahison. A commencer par ElBaradei, qui a été accusé d’opportunisme. C’est vrai qu’il a vécu pendant longtemps loin de l’Egypte, mais n’oublions pas qu’il a été le premier à oser se présenter comme un possible rival de Moubarak aux élections présidentielles. En d’autres mots, il était le premier à nous donner l’espoir de voir un président égyptien en dehors de la famille Moubarak. Et même si l’on n’est pas d’accord avec certaines de ses positions, il serait absolument absurde de l’accuser de trahison juste parce qu’on est contre sa politique. Cette campagne qui consiste à accuser les gens honnêtes de trahison a atteint aussi les forces armées qui, dès le déclenchement de la révolution, ont joué un rôle important dans la protection des révolutionnaires. N’oublions pas que les forces armées ont été le support sur lequel toute l’Egypte s’est appuyée après l’effondrement de la police et de la Sûreté de l’Etat ! En fait, lancer des accusations sans fondement pendant cette période critique ne fera qu’aggraver la situation. Je comprends qu’on est tous concernés par ce qui se passe sur la scène politique, mais cela ne peut jamais être une excuse pour accuser les autres de trahison. Evitons ce piège préparé par certains !

Moustafa Mohamed,
Le Caire.

Préserver les gains de la révolution

A six ou sept mois des élections présidentielles, plusieurs candidats ont commencé à apparaître sur la scène politique.

Parmi les plus prometteurs figure Abdalla Al-Achaal. Expert juridique, ambassadeur et professeur de droit international, cet homme est, à mon avis, le plus approprié pour le poste de président.

 Je le soutiens pas seulement à cause de ses qualifications mais aussi en raison de ses positions. En 2003, il avait démissionné de son poste d’assistant du ministre des Affaires étrangères parce qu’il n’était pas d’accord avec la politique de l’ex-régime, qui était contraire à son esprit d’égyptien libre. Et même après sa démission, il n’a pas eu recours aux programmes télévisés pour clarifier sa position et n’a pas cherché à se présenter comme un martyr de la corruption.

Al-Achaal a proposé qu’un comité regroupant 100 personnalités soit formé pour rédiger une nouvelle Constitution et contrôler les élections présidentielles. Ces personnalités doivent jouir d’une bonne réputation, être  crédibles et neutres, ne pas avoir d’ambition politique et ne pas rechercher les gains personnels.

Une idée que je trouve, personnellement, très bonne, puisque maintenant les événements en Egypte s’accélèrent et nous avons profondément besoin  de raisonner d’une manière logique, pour ne pas perdre les gains de la révolution. Avec des personnes comme Al-Achaal, nous serons capables de briser tous les obstacles que certains essaient de poser sur notre chemin.

Dina Achraf,
Héliopolis.

Sauvez la révolution !

Depuis le déclenchement des manifestations en Egypte, nous éprouvons une profonde anxiété. Nous n’avons jamais imaginé que de telles révoltes pouvaient avoir des conséquences néfastes comme celles que nous avons constatées après la révolution. D’autre part, nous notons la lenteur des procédures à l’encontre des criminels et des anciens responsables du régime. Pourquoi cette lenteur ? Qu’est-ce qui empêche que ces procédures soient accélérées. Quel est donc l’objectif ? Des mains invisibles seraient-elles en train de tramer un complot contre la révolution ? Les responsables de l’ancien régime sont encore sur la scène. Ils ont de l’argent et une certaine influence. Assurément, ils se servent de tous ces moyens en leur possession pour mettre le peuple aux prises avec l’armée et faire échouer la révolution. Notre pays a besoin d’un changement radical.

Inès El-Hélaly El-Zahed,
Le Caire