Al-Ahram Hebdo, Dossier | La porte vers les étoiles

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 Semaine du 20 au 26 avril 2011, numéro 867

 

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Dossier

Héritage . L’Unesco a récemment inscrit l’Observatoire de Hélouan, construit en 1903, sur sa liste indicative, étape préliminaire avant de l’intégrer au patrimoine mondial.

La porte vers les étoiles

L’emplacement, les réalisations scientifiques, les influences sociales et sans oublier la valeur historique des bâtiments sont les plus importants critères ayant incité l’Unesco à inscrire l’Observatoire de Hélouan sur le patrimoine mondial à préserver. Fondé en 1903, l’observatoire se dresse à l’ouest du Caire sur le sommet d’un plateau en calcaire. Une localisation parfaitement sélectionnée à l’époque, grâce à son altitude et la pureté de l’atmosphère qui permettent l’observation astronomique avec netteté. Dès son installation, « l’Observatoire de Hélouan a mondialement marqué l’astronomie. Il était, en fait, pilote dans l’enregistrement de plusieurs phénomènes astronomiques, la découverte des planètes, la photographie des nébuleuses et bien d’autres », explique l’astronome Salah Mahmoud, directeur de l’observatoire. Et au fur et à mesure, les activités de l’observatoire augmentent et ne s’arrêtent pas à l’astronomie. Elles sont étendues pour mettre leurs études et expériences scientifiques à la disposition des autres sciences, à l’instar de l’archéologie et des sciences sociales. Il ne faut pas oublier aussi les bâtiments historiques qui datent du début du XXe siècle. Ils témoignent d’une architecture khédiviale oubliée aujourd’hui. Pour toutes ces raisons, l’Unesco a décidé d’inscrire ce fondement scientifique dans sa liste indicative de l’Unesco. Une étape préliminaire qui sera suivie par deux ans d’études par les experts de l’Unesco pour ensuite l’enregistrer définitivement comme patrimoine mondial à préserver.

L’Observatoire de Hélouan retrace en fait la fin d’une période astronomique et le début d’une autre. Il témoigne de l’habileté égyptienne dans cet art, qui est connu dès l’aube de l’Histoire en Egypte (voir enc.). En effet, la moderne astronomie égyptienne a trouvé son terrain fertile au cours du règne de Mohamad Ali pacha, fondateur de la famille alide. Il encourageait les jeunes à étudier les différentes sciences de l’époque dont l’astronomie. Son initiateur a été le notable égyptien Mahmoud pacha Al-Falaki (1815-1885), pionnier de la Renaissance égyptienne au milieu du XIXe siècle. Al-Falaki — voulant dire l’astronome — lui a été attribué comme nom de famille. Après avoir étudié l’astronomie en 1842, Mahmoud Al-Falaki l’a pratiquée lors de la fondation du premier observatoire égyptien à Boulaq, dénommé à l’époque Rasd-khana (observatoire), construit en 1840. Mahmoud Al-Falaki a été commandé par le khédive Ismaïl pacha pour observer l’éclipse solaire des années 1860. Cet important événement astronomique occupait la une de tous les journaux du pays à l’époque. Quelques années plus tard, Al-Falaki pacha a demandé d’installer un second observatoire. Celui-ci a été construit en 1865 dans le quartier de Abbassiya et a été plus tard transféré à Hélouan au sud du Caire en 1903, en raison de l’expansion urbaine, tout en gardant celui de Abbassiya qui fonctionnait jusqu’au début des années 1950. L’Observatoire de Hélouan a été construit au sommet d’un plateau de calcaire, au sud du Caire, sur la rive orientale de la banlieue de Hélouan. Aux alentours, le visiteur contemple la verdure en bordure du Nil, à l’ouest la pyramide à degrés et les pyramides de Dahchour, au nord-ouest sont admirablement observées celles de Guiza. Le site présente un intérêt naturel où le désert s’étend dans la partie orientale tandis que la végétation et la culture vertes apparaissent sur les deux côtés du fleuve, dans la partie ouest. Le Jardin japonais, les sources d’eau minérale et le Musée de cire, sans oublier l’Université de Hélouan, sont relativement proches de l’observatoire.

Celui-ci renfermait au début deux bâtiments essentiels construits en calcaire. Le premier se composait d’un seul étage. Et, au fil des années, un second a été ajouté lorsque les bureaux du directeur et le personnel, la bibliothèque et les laboratoires de mesures astronomiques ont été programmés. Actuellement, le premier étage est occupé par les bureaux administratifs. Quant au deuxième bâtiment, c’est une belle villa entourée d’un jardin. Elle servait de résidence pour le directeur de l’observatoire. Mais actuellement, elle est transformée en un musée astronomique visité par « les étudiants et les élèves de différents âges », explique Sanaa Imam, responsable de communication à l’observatoire. Ce musée renferme en fait deux salles consacrées aux horloges qui ont été utilisées au XVIIIe siècle pour le service du temps et l’ajustement des observations par satellite artificiel. Il ne faut pas encore oublier l’horloge stellaire, deuxième horloge fabriquée après celle de Greenwich. « Il n’y a que 15 du genre distribuées dans les observatoires du monde entier. Notre musée en comprend 6. C’est un nombre considérable », explique Dr Achraf Chaker, professeur de physique astronomique. Aussi le musée comprend-il une salle pour les sismomètres. D’ailleurs, le visiteur peut y admirer l’évolution des télescopes pendant l’époque moderne, à partir de 1870. De 6 pouces zénith, ce vieux télescope corrigeait la durée de l’enregistrement du passage des étoiles au méridien. Le visiteur peut admirer, en plus, les modèles illustrant la sphère céleste, les modèles de montage de Mahmoud pacha Al-Falaki pris par le réfracteur de 10 pouces, des sismographes et des photographies astronomiques prises par le télescope de 30 pouces de la comète de Halley, d’autres planètes et la lune.

Positions des comètes

Parmi les objets les plus précieux de l’Observatoire de Hélouan se distingue le télescope au réflecteur 30 pouces offert en 1905 par M. Reynolds (un astronome anglais, qui devint plus tard le trésorier de la Société royale d’astronomie du Royaume-Uni). Il est conservé au sein d’un dôme en calcaire bâti en 1901. Ce télescope « était le premier grand télescope d’Afrique et du Moyen-Orient jusqu’en 1945. Il a aussi été le premier télescope du monde à enregistrer la comète de Halley en 1909, lors de sa visite à la terre », renchérit le directeur. Les photographies de la comète ont été obtenues par M. Knox-Shaw, directeur de l’Observatoire à l’époque. Pour lui, ces observations entamées par le télescope ont continué pendant 3 ans, sans interruption, jusqu’en 1911.

Elles ont offert une série complète de photos pour toute la durée d’observation. Après ce grand succès, le télescope a été utilisé pour déterminer les positions des comètes en photographie, faible ou difficile à observer. De même, il a aidé la communauté astronomique à l’instar de Knox-Shaw, Gregory et Mohamad Réda Madwar, premier directeur égyptien de l’observatoire de Hélouan, dans le développement de la classification des galaxies modernes.

« Et notamment les galaxies amorphes. Le télescope de 30 pouces a de même enregistré le huitième satellite de Jupiter. Quinze bonnes plaques du satellite avec diverses positions ont été obtenues. D’ailleurs, le télescope de 30 pouces a découvert la planète Pluton », reprend le directeur. D’une victoire à l’autre, les astronomes de Hélouan ont participé de 1914 à 1921 au programme international de mesure des fluctuations de la constante solaire. L’observatoire a inscrit sa marque dans les observations des éclipses solaires totales de 1952 et 2006. La première était à Khartoum, au Soudan, tandis que la seconde a été observée au Salloum dans le nord-ouest de l’Egypte. Les activités scientifiques de l’observatoire influençaient directement la vie quotidienne des citoyens. Notamment avec le télescope méridien Circle, érigé en 1874, qui était couramment utilisé pour observer le passage d’étoiles au méridien et corriger l’heure diffusée aux ports, stations de radio et de télévision, ainsi qu’à l’horloge de l’Université du Caire. D’ailleurs, les séries d’observations entamées par l’observatoire en plus de l’heure ont aidé les peuples africains à changer leurs croyances quant à l’astronomie, les comètes et l’heure, encourageant ainsi d’autres pays à entrer dans l’ère de la science. Les activités de l’Observatoire de Hélouan au cours de son histoire sont matériellement associées à des traditions sociales et aux croyances concernant les observations du nouveau croissant de lune, la définition du mois de l’hégire, le moment du jeûne du Ramadan et du pèlerinage. En outre, l’observatoire a abordé le calcul du temps de la prière pour les musulmans et les calendriers coptes, ainsi que la direction de La Mecque.

Toute cette longue histoire pleine de succès témoigne de l’habileté des astronomes égyptiens et de l’efficacité de leur rôle national et mondial. Sans oublier que cet observatoire est le plus ancien qui existe encore en pleine activité, ce qui double sa valeur. Ce qui explique la décision de l’Unesco.

Doaa Elhami

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