Restauration .
Le monastère Sainte-Catherine a repris sa splendeur d’antan,
après 44 mois de travaux. Complet, le programme ne s’est pas
arrêté aux monuments.
Sauver les murs et la nature
Plus d’un million et demi d’euros. C’est la somme globale du
projet de « Restauration et de protection des monuments et
de l’environnement à Sainte-Catherine et des sommets des
monts Moïse et Sainte-Catherine ». Le million et demi est
apporté par l’Union européenne, dans le cadre du Programme
du développement régional du Sud-Sinaï, tandis que le
monastère a participé à hauteur de 80 000 d’euros. « Ce
projet vise à protéger l’héritage culturel et à gérer, d’une
manière écologique efficace, le tourisme au monastère. Il
s’agit de promouvoir le tourisme durable et fortifier le
développement économique local », explique Khaled Méttoualli,
directeur du programme.
Pour ce faire, l’équipe du projet devait étudier et examiner
l’état des cinq bâtiments que renferme le monastère et qui
sont la basilique, l’ancien réfectoire — connu sous le nom
de l’église des Croisés —, la bibliothèque, la mosquée et le
puits de Moïse. Tous ces éléments architecturaux ont leur
importance historique, religieuse et architecturale, mais
cet ensemble a subi une grave détérioration due aux ravages
sur la nappe phréatique et au réseau des eaux usées. Les
membres du projet ont constaté l’état inquiétant du
monastère et de ses environs à l’instar des monts Moïse et
Sainte-Catherine. L’ensemble de la vallée où se dresse le
monastère est aussi fortement détérioré. Mais le défi ne
s’arrête pas à l’environnement. En effet, les tribus qui
vivent dans la vallée ont, elles aussi, besoin d’aide. Le
tourisme, s’il a permis un apport d’argent, a eu aussi ses
effets négatifs.
Les travaux ont ainsi duré presque 4 ans. « Nous avons
installé des réseaux sanitaires d’eau potable. Nous avons
aussi modifié le système d’irrigation afin d’éviter les
effets néfastes de l’eau d’irrigation du jardin sur les
monuments », ajoute Mahfouz Chalabi, l’ingénieur exécutif du
projet.
L’accent a de même été mis sur la construction de canaux
destinés à juguler les torrents qui se créent en cas de
fortes pluies et qui provoquaient alors des dégâts
considérables sur les bâtiments.
Parallèlement, des travaux ont été menés sur les bâtiments
historiques. Le mur de la basilique qui se trouve auprès de
l’arbre saint a été restauré ainsi que la façade de la
cathédrale qui a été rendue à son état d’origine. La mosquée
dressée au sein du monastère et celle qui se trouve sur le
sommet du mont Moïse ont aussi été restaurées. Certains
bâtiments ont nécessité cependant une reconstruction
complète. « C’est l’exemple des
ermitages et des bâtiments de services », ajoute
l’ingénieur. Quant à la restauration des icônes, elle sera
opérée par les restaurateurs du monastère.
Afin d’accomplir un réaménagement complet du site, le
programme a prévu un nouveau déroulement des visites
touristiques qui sont enrichies d’emplacements de repos, de
cafétérias et de restaurants ainsi que de vestiaires.
Un projet de recyclage des déchets solides a été installé
aux environs du site. « Nous avons intégré la communauté
locale à ce genre de travail. C’est l’un des ultimes
objectifs du programme régional du développement du
Sud-Sinaï », reprend Méttoualli. Un avis partagé par le père
John Me Taxas, qui assure que la communauté locale est
incitée à se tourner vers des métiers artisanaux. Cette
dernière a rapidement compris son intérêt et vend désormais
sa production aux touristes aux abords du monastère. De
même, le monastère coopère avec la tribu des Gabaliya, dont
les membres jouent le rôle de guides touristiques. Ils
accompagnent les touristes au sein du monastère ou au sommet
du mont Moïse, que ce soit à dos de dromadaire ou à pied. Le
monastère, enfin renouvelé, est prêt à accueillir les
visiteurs. Il ne manque plus que la bibliothèque qui sera
inaugurée l’année prochaine.
Doaa Elhami
* Le monastère est ouvert tous les jours, de 9h à midi, sauf
les jeudis et vendredis.