Bachar
est-il un réformateur ?
Makram
M. Ahmad
Les
manifestations se poursuivent en Syrie. Elles sont mêmes
devenues plus violentes depuis que les Syriens ont vaincu
leur peur. Des informations confirment que le nombre de
victimes ces deux dernières semaines a dépassé les 70
martyrs. En effet, le discours du président
Bachar Al-Assad
à l’Assemblée du peuple n’a pas réussi à convaincre la rue
de sa volonté sérieuse d’opérer des réformes.
Ce discours a déçu les Syriens qui s’attendaient à ce qu’il
annonce l’abolition de la loi d’urgence, la promulgation de
la nouvelle loi des partis, la libération immédiate des
centaines de détenus et l’amendement de la Constitution,
notamment l’article 8 qui octroie au parti Baath le droit de
monopoliser le pouvoir en sa qualité de parti leader de
l’Etat et de la société.
Cependant, Al-Assad a préféré
que son discours soit une démonstration de force et ne
comprenne aucune concession, mettant l’accent sur
l’existence d’un grand complot visant à saper la résistance
de la Syrie face aux Américains et aux Israéliens. Un
complot exécuté par des bandes de mercenaires armés
comprenant des Jordaniens et des Palestiniens, lesquels
auraient causé les incidents sanglants survenus dans de
nombreuses villes syriennes.
Le fossé entre le pouvoir et la rue s’est élargi, car Al-Assad
avait promis ces réformes en 2000, après son ascension au
pouvoir, dans ce qu’on a appelé le printemps de Damas, qui
n’a duré que quelques mois.
Puis, il a renouvelé ses promesses en 2005 après avoir
retiré ses forces du Liban sous la pression du Conseil de
sécurité. Mais il n’a mis en œuvre aucune promesse, bien
qu’il ait réussi à se débarrasser de l’ancienne garde
héritée de son père. Son adjointe,
Bossayna Chaabane, a
dernièrement déclaré qu’il confirmait le droit de manifester
pacifiquement et qu’il ordonnait de ne pas utiliser la
violence contre les manifestants. Mais quelques heures après
ces déclarations, des dizaines de manifestants ont trouvé la
mort dans les rues syriennes par les balles des forces de
sécurité.
A Washington, la secrétaire d’Etat fait face à de fortes
moqueries, elle, qui a qualifié le président Al-Assad
de leader réformateur, selon le sénateur John Kerry, le
président du comité des affaires étrangères au sénat. Les
politiques du président Obama
font également l’objet de lourdes critiques, car elles
ignorent les comportements du régime syrien au Liban et ses
relations avec le Hezbollah et flattent même Al-Assad
dans l’espoir de réussir à briser les relations de coalition
entre Téhéran et Damas. Ce qui s’avère impossible. Les
réclamations du congrès s’accrut
pour que l’administration d’Obama
adopte une position plus sévère envers Damas, après
l’augmentation du nombre de victimes parmi les manifestants.