Al-Ahram Hebdo, Egypte | L’épine de Charm Al-Cheikh

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 Semaine du 13 au 19 avril 2011, numéro 866

 

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Egypte

Coupures de presse . Où va l’Egypte ? C’est la question dans la presse cette semaine, suscitée par une intervention militaire musclée à Tahrir, et celle, sonore, de Moubarak. Mais la question repose surtout sur la manière d’en finir avec l’ancien régime.

L’épine de Charm Al-Cheikh

« Il y a un très fort sentiment parmi les différentes organisations de jeunes qui ont organisé la manifestation colossale de vendredi dernier, à Tahrir et ailleurs, que la révolution a un goût d’inachevé et qu’elle n’a atteint qu’une petite partie de ses objectifs alors que les sacrifices consentis ont été énormes », écrit Salama Ahmad Salama dans son éditorial, sur les pages du quotidien Al-Shorouk. Durant la manifestation, qui a été témoin d’un tribunal populaire pour condamner l’ex-président Hosni Moubarak, les revendications se sont concentrées sur la prise de mesures fermes pour en finir avec l’ancien régime. « Alors qu’ils aspirent à un changement radical, les choses leur paraissent comme allant dans le sens d’une simple réforme. Il y a une volonté d’épuration face à une tendance à la stabilité imposée par la nature des militaires. C’est entre les deux que les cœurs des Egyptiens balancent ».

Dans cet article, quelque peu ambigu et confus, on finit par comprendre que l’auteur est adepte de la stabilité. Mais, en même temps, il juge que les jeunes ont raison de vouloir en finir avec le passé au vu de ce qui s’est passé dans la nuit du vendredi à samedi à Tahrir. « Il y a une réelle crainte d’un retour du régime Moubarak. La contre-révolution est apparue clairement hier, à Tahrir, qui a vu une bataille sanglante orchestrée par l’homme d’affaires Ibrahim Kamel : l’un des bras droits de l’ancien régime. Ce qui conforte les revendications des jeunes pour une éradication totale des symboles du passé ». Mais il n’est pas judicieux, selon lui, de faire pression sur le Conseil suprême des forces armées pour hâter le jugement de Moubarak, « car cela ne permet pas de prendre des mesures conformes à la loi ».

Vouloir en finir avec le passé est un sentiment général, et chacun y œuvre selon ses moyens. Pour certains fonctionnaires du ministère de la Main-d’œuvre et de l’Immigration, cela s’est traduit par l’action symbolique d’effacer les noms de Moubarak et de l’ancienne ministre, Aïcha Abdel-Hadi, de la plaque commémorative accrochée à l’entrée de la salle de conférences. « Les sources au sein du ministère ont dit que personne ne sait qui est à l’origine de cette initiative. Le ministre a nié avoir donné des ordres en ce sens ». Là aussi, les gens, comme pour tout, sont partagés en deux camps. « Ceux qui veulent effacer le nom de l’ex-président de toutes les plaques commémoratives du ministère pour que l’Histoire n’en garde aucun souvenir, et ceux qui jugent, au contraire, que quels que soient les agissements de l’ancien régime, l’Histoire ne doit pas être effacée … ».

Histoire, justice et politique

Mais le débat est plus profond que le rapport à l’Histoire. Alors que la coalition de la révolution, formée de jeunes révolutionnaires, dont le groupe du 6 Avril, appelle à ouvrir une enquête officielle sur les agissements de l’armée contre les manifestants de la place Tahrir dans la nuit du vendredi à samedi, la majorité des éditoriaux en appellent à la raison. Dans Al-Masry Al-Youm, Alaa Al-Ghatrifi note que mettre le peuple en contradiction avec l’armée est la dernière carte de l’ex-président. « En politique, tout est soumis à discussion, mais dans les situations exceptionnelles et dans les moments de transition — et surtout quand il s’agit de l’armée, la seule institution encore solide dans le pays et notre seul rempart face à l’anarchie, il faut opter pour la raison. Ceux qui parlent sans logique en arborant une liberté dénuée de responsabilité nous poussent vers le précipice où le scénario de Moubarak veut nous jeter depuis le début de la révolution, à savoir jeter le peuple dans un affrontement face à l’armée ».

Les manifestants refusent les compromis et ont promis, vendredi dernier, de se diriger vers Charm Al-Cheikh, lieu de résidence de l’ex-président. « Une source sécuritaire a révélé que les mesures de sécurité se sont intensifiées dans le gouvernorat du Sud-Sinaï et autour du ressort où se trouve l’ex-président », a rapporté Al-Shorouk.

Moubarak a décidé, quant à lui, de prendre les devants par le biais d’une intervention sonore sur la chaîne Al-Arabiya, où il a annoncé n’avoir aucun avoir à l’étranger. Une intervention jugée par certains comme une tentative d’attiser un affrontement entre l’armée et le peuple en insinuant une probable implication de cette dernière en raison de la lenteur dans la prise de décision dans l’évasion des capitaux des Moubarak.

Au-delà des réactions politiques engendrées par cette intervention, la toile a explosé à la minute sous l’effet d’un déluge de commentaires satiriques. On peut lire : « Moi, j’ai une solution pour le Conseil militaire qui va l’arranger : remettre Moubarak au pouvoir et envoyer tout le peuple en résidence surveillée à Charm Al-Cheikh », un commentaire qui illustre l’opinion d’une bonne partie de la population, qui a des doutes quant aux réelles intentions du Conseil vis-à-vis de l’ancien régime. Ou alors « La révolution s’est déclenchée le 25 janvier, nous sommes le 10 avril. 76 jours sont passés. L’argent volé a eu tout le temps de faire un aller retour vers Mars ».

Du côté des analyses, le président de l’unité de la réforme démocratique au sein du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, Dr Amr Hachem, a déclaré aux journaux que « le fait que cette intervention ait eu lieu sur une chaîne proche de l’Arabie saoudite est un indice que le Conseil militaire a accepté la demande saoudienne d’offrir une poignée de dollars contre une amnistie de Moubarak. Le peuple n’acceptera jamais cela ! ».

Face à cet avis suspicieux à l’égard de l’armée, il y a celui de l’autre camp, plus pondéré. Dans une déclaration au journal Online Al-Doustour, le chercheur Amr Hamzaoui avance que « cette intervention veut tout simplement dire que, sentant l’approche de l’ouverture d’une enquête contre lui, l’ex-président, qui demeure un citoyen qui a des droits, a voulu se défendre ».

Najet Belhatem

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