Orascom Telecom . L’Assemblée générale extraordinaire vient d’approuver la scission du groupe en deux entités. Une mesure qui vise à régler les problèmes financiers du groupe.

Diviser pour se protéger

Afin de garder ses actifs sous contrôle, le milliardaire Naguib Sawirès vient de scinder le groupe de télécommunication régional Orascom Telecom, dans lequel il possède une part majoritaire, en deux entités : Orascom Telecom Holding (OTH) et Orascom Telecom and Media Technology (OTMT). Khaled Bichara, le directeur exécutif d’OT, souligne que tous les rapports publiés par les institutions internationales affirment que les petits actionnaires accepteront cette mesure car « elle est à leur profit ». Il ajoute : « Après avoir approuvé cette démarche, les actionnaires d’OT auront la liberté de posséder dans les deux entités des actions équivalentes à leur part dans le groupe holding ». Selon lui, les procédures liées à cette scission seront achevées avant l’été prochain. La valeur de l’action d’OTH sera de 40 piastres alors que celle de la nouvelle société OTMT sera de 60 piastres.

A ce jour, le milliardaire Naguib Sawirès n’a pas dévoilé ouvertement les raisons réelles derrière cette mesure surprenante. « Nous avons pris cette décision pour des raisons politiques, en vue de garder les actifs égyptiens », a déclaré Sawirès lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, sans donner plus de précision.

Qu’est-ce que cela signifie au juste ? En scindant Orascom Telecom en deux entités, Sawirès a séparé les activités de sa compagnie Mobinil de celle de son partenaire Vimpelcom. Et il appartiendra à cette dernière de mener les négociations avec le gouvernement algérien autour de la filiale du groupe Djezzy. « Le changement de figures sera au profit de tous les acteurs sur le marché », assure Bichara. Selon lui, Sawirès possédera 51,8 % de la nouvelle entité (OTMT) et le reste représente la part des petits actionnaires. Cette société (qui rassemble Mobinil, OT Venture et les sociétés de câbles) sera spécialisée dans les services d’Internet et du câble. « De plus, 500 millions de L.E. seront consacrées au plan d’acquisition de la nouvelle entité sur le marché national », a déclaré Sawirès au journal économique égyptien Al-Mal. Quant à l’autre société dont la structure est partagée entre le groupe russo-norvégien Vimpelcom (51,8 %), qui vient de fusionner avec l’italien Wind (possédant déjà 51 % d’OT), et les petits actionnaires, elle sera spécialisée dans les services de télécommunications.

Bichara résume les raisons de cette décision surprenante. « Il y a deux objectifs principaux. Le premier consiste à renforcer la position financière du groupe. Le second concerne le renforcement de la capacité du groupe dans sa dure et longue bataille autour de Djezzy avec le gouvernement algérien. Faire partie d’un groupe de télécommunication international comme Vimpelcom est très important pour nous en ce moment. Le groupe russe possède une position financière très forte par rapport à Wind. Donc, il fournira les liquidités nécessaires pour financer nos plans d’expansion à n’importe quel moment », assure Bichara, en ajoutant que Vimpelcom vient d’acheter les dettes d’OT. En vertu de l’accord conclu entre OT et Vimpelcom, cette dernière doit acheter les dettes du groupe holding évaluées à 2,7 milliards de dollars. Ainsi, elle prolongera la durée du remboursement des dettes des sociétés dépendantes jusqu’en mai 2014. « La restructuration des dettes améliorera les liquidités au sein du groupe », explique Amr Al-Alfi, président du département des recherches au sein de la maison de courtage CI Capital. Le groupe Orascom Telecom a subi une chute de ses profits nets au cours des deux dernières années. Selon le site Internet du groupe, ses profits sont passés de 10 milliards de L.E. en 2008 à 3 milliards en 2009. Un chiffre qui a encore subi une énorme baisse l’année dernière (530 millions de L.E. de janvier à septembre 2010). Cette chute s’explique en partie par une baisse similaire des revenus du groupe, estimée à plus de 70 %. Ceux-ci sont passés de 4 milliards de L.E. en 2009 à un milliard seulement en septembre 2010.

Pour améliorer la situation, le groupe vient d’approuver une augmentation du capital qui passera de 7,5 milliards de L.E. à 14 milliards, soit 2,35 milliards de dollars.

Quant au second objectif, Bichara rappelle que Vimpelcom sera responsable de mener les négociations avec le gouvernement algérien. C’est l’objectif le plus important, selon les analystes au sein des banques d’investissement, comme Amr Al-Alfi, directeur des recherches auprès de CI Capital. « Cette solution est la meilleure pour OT. Vimpelcom sera un meilleur négociateur                                                                                                                                           avec le gouvernement algérien et il réussira à accomplir la transaction à la place de Sawirès », note-t-il, en ajoutant que la scission du groupe en deux entités n’a pas eu d’impact sur l’action. Cette dernière a augmenté de 4 % seulement depuis l’annonce de la nouvelle, le 29 mars dernier. L’action d’OT s’échangeait dimanche à 4,36 L.E. Il est vrai que l’impact est restreint aujourd’hui, mais l’avenir sera meilleur pour les actionnaires du groupe.

Gilane Magdi

 

Orascom Telecom and Media Technology (OTMT)

(28,75 %) Mobinil
(61 %) ECMS-Mobinil

(99,99 %) OT Venture
(16,48 %) Smart Village
OT Venture Subsidies

(75 %) Keryolink
(95 %) Middle East and North Africa Sea Cable
Link Development
Orascom Telecom Liban

(51 %) Trans World Associate Pakistan

(100 %) Med Cable Limited

Source : Orascom Telecom