Al-Ahram Hebdo, Egypte | Un risque à ne pas exclure

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 Semaine du 2 au 8 mars 2011, numéro 860

 

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Egypte

Contre-Révolution . L’armée est appelée à prendre des mesures pour dissiper le cauchemar d’une restauration de l’ancien régime.

Un risque à ne pas exclure

« Notre crédit auprès de vous nous permet de nous attendre à ce que vous acceptiez nos excuses », lit-on dans un communiqué diffusé samedi par le Conseil suprême des forces armées, qui gère les affaires de l’Etat depuis le départ du président Hosni Moubarak. Ces « excuses » sont destinées aux manifestants qui avaient été évacués la veille et par la force de la place Tahrir.

Ces manifestants étaient descendus vendredi par milliers pour réclamer la démission du cabinet fraîchement composé et la formation d’un nouveau gouvernement de technocrates. Peu après minuit, racontent un responsable de sécurité et des témoins, la police militaire avait encerclé quelques centaines de manifestants et les ont battus à coups de matraques et d’armes à électrochocs pour les disperser. Furieux, les manifestants ont lancé des appels à de nouveaux rassemblements.

Pour la première fois depuis des décennies, des personnalités de l’opposition ont été invitées à faire partie du gouvernement. Le Conseil suprême des forces armées entend ainsi prouver aux dirigeants de la contestation sa détermination à mettre en œuvre les réformes démocratiques promises et à répondre aux revendications de la population.

Cependant, si le gouvernement accueille 11 nouveaux ministres d’ouverture, plus de la moitié de ses membres ont servi sous Hosni Moubarak. Pour beaucoup d’observateurs, il est inacceptable, ne serait-ce qu’au niveau symbolique, de garder un gouvernement dont le chef, Ahmad Chafiq, a prêté serment devant le président déchu.

Le ministre de la Justice, Mamdouh Mareï, et celui des Affaires étrangères, Ahmad Aboul-Gheit, sont parmi les anciennes figures qui soulèvent le plus d’objections. Le premier étant considéré comme un symbole de l’empiétement du pouvoir exécutif sur la sphère judiciaire et le second comme celui d’une ère de « décadence » pour la diplomatie égyptienne.

Ces revendications traduisent une inquiétude générale vis-à-vis des caciques de l’ère révolue qui gardent leurs postes non seulement au sein du gouvernement mais aussi de l’appareil sécuritaire, des autorités municipales et des médias de l’Etat.

Confrontées à la persistance des critiques contre les anciennes figures du régime toujours en place, les nouvelles autorités ont voulu donner des gages de rupture avec le passé …, mais sur un tout autre plan. La publicité donnée à cette lutte contre la corruption survient sûrement dans ce contexte. Arrestations, poursuites judiciaires, démissions et révélations sur des malversations se sont multipliées ces derniers jours, invoquant la lutte contre la corruption et les détournements de fonds. Une poursuite qui est allée jusqu’à demander le gel des avoirs à l’étranger de l’ex-président et de sa famille.

Si les figures-clés sont passées dans l’ombre, les structures politiques, sécuritaires et médiatiques de l’ancien régime, laissées plus ou moins intactes, peuvent être exploitées par les « barons » du Parti National Démocrate (PND, du président Moubarak). Ces membres importants de l’ancien régime seraient en train de monter leur propre « contre-révolution » pour faire avorter le processus démocratique naissant et réinstaurer leur pouvoir. Force est de constater que les symboles de ce parti, son secrétaire général Safwat Al-Chérif et deux de ses plus illustres figures (le président du Parlement Fathi Sorour et le directeur du cabinet présidentiel Zakariya Azmi), ont été épargnés de cette campagne anti-corruption.

Le danger de ladite « contre-révolution » gagne en probabilité. D’autant plus que les prochaines élections législatives devront avoir lieu avant la fin d’une période transitoire de six mois. Dans un paysage politique formé d’un PND qui resserre ses rangs, de Frères musulmans qui attendent de récolter les fruits de la démocratie promise et d’une opposition laïque très fragmentée, une transition abrupte peut mener à une reproduction du schéma classique : « PND versus islamistes ». Cela à l’issue d’élections entachées, comme cela a été toujours le cas, par la violence, l’achat de voix et le trucage.

Malgré des démarches positives comme la suppression des deux chambres du Parlement et du ministère de l’Information qui assurait la propagande du régime, l’armée égyptienne n’a pas donné toutes les assurances requises pour prouver ce qu’elle a à plusieurs reprises affirmé : qu’il n’y aurait « pas de retour en arrière ». La suppression des très redoutés services de sûreté d’Etat, la levée de l’état d’urgence, les changements au sommet des médias officiels, l’appel à la promulgation d’une nouvelle Constitution, la prolongation de la transition pour donner du temps à la formation de nouveaux partis, restent des demandes populaires non satisfaites.

« Faites-nous confiance », répètent les membres du Conseil suprême des forces armées dans leurs dialogues avec les représentants des forces politiques. Un appel auquel beaucoup semblent prêts à répondre. Mais la situation peut changer à tout moment, si les militaires traînent à prouver leurs bonnes intentions ou s’ils multiplient, dans les jours qui viennent, leurs excuses pour un usage « non prémédité » de la force envers les opposants.

Chérif Albert

 

 

 

 

 

 

 

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