Al-Ahram Hebdo,Environnement | Un accord à minima

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Abdel-Fattah El Gibali
 
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 Semaine du 14 au 20 décembre 2011, numéro 900

 

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Environnement

Changement Climatique . Un signal fort a été envoyé à Durban pour que les 194 pays du monde limitent leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils ont 3 ans pour déterminer les règles applicables à tous et élaborer les outils de vérification des engagements.

Un accord à minima

A partir de 2015, les 194 pays du monde devront faire ratifier par leur Parlement leurs propres engagements qui devront être effectifs à partir de 2020. L’objectif est de limiter le réchauffement du climat de la planète à 2 degrés, même si pour l’instant cette ambition reste théorique car les scientifiques expliquent que l’on est seulement à 60 % des réductions nécessaires pour tenir le cap en 2020.

Il s’agit d’une déclaration d’intention lors de la Conférence de Durban sur la lutte contre les changements climatiques, qui s’est achevée dimanche matin 11 décembre après de longues négociations, mais qui est essentielle. Car désormais, des pays comme la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie ou le Japon, qui représentent à eux cinq la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre, se trouvent engagés dans un processus qu’ils avaient jusque-là cherché à éviter. Les prochaines années seront décisives pour déterminer le niveau des ambitions de chacun.

Malgré la pression des pays les plus vulnérables (comme les 53 pays du groupe Afrique et 43 petits Etats insulaires), les avancées restent bien faibles. Le combat de ces pays contre la hausse du niveau de la mer, la sécheresse ou la dégradation des sols pèse peu face aux enjeux économiques et au combat de coqs que se livrent la Chine et les Etats-Unis pour dominer la diplomatie mondiale.

Un plan pour le climat a été soumis par l’Union européenne. Il a obtenu le soutien de plusieurs pays riches et émergents. L’Union européenne vise, pour 2015, un nouveau traité climatique mondial pourvu de mesures contraignantes. L’objectif d’entrée en vigueur est 2020, mais pour l’instant, peu de choses bougent.

Un espoir cependant sur une mobilisation des Etats africains, les premiers à craindre une augmentation des périodes de sécheresse. « Les Etats africains étaient très ambitieux : ils ont dit qu’il fallait une réduction de 40 % des gaz à effet de serre d’ici 2017. L’Afrique maintient vigoureusement sa position, et nous appelons l’Union européenne, le Japon, le Canada et les Etats-Unis à soutenir l’Afrique pour éviter des conséquences lourdes sur ses habitants », s’alarment pays africains et ONG.

L’accord de Durban intervient alors qu’au cours du mois dernier, trois rapports publiés par l’Onu avaient à nouveau mis en évidence la corrélation entre les émissions de gaz à effet de serre et l’intensification des inondations, des vagues de sécheresse et de la hausse du niveau des mers.

Selon les chiffres des instances internationales, les émissions de CO2 des pays riches ont baissé de 1,3 % en 2008 et de 7,6 % en 2009, avant d’augmenter de 3,4 % en 2010. Aux Etats-Unis, la hausse a atteint 4,1 % en 2010. Cependant, les émissions des pays développés sont restées plus faibles en 2010 que la moyenne des émissions enregistrées de 2000 à 2007. En revanche, les émissions des pays en développement ont augmenté de 4,4 % en 2008, 3,9 % en 2009, et 7,6 % en 2010. La hausse en 2010 a été particulièrement forte en Chine (+ 10,4 % sur un an) et en Inde (+ 9,4 % sur un an).

L’Afrique, une victime innocente

C’est le continent africain qui pâtit le plus sévèrement des effets du changement climatique, tout en étant relativement peu pollueur. La situation risque de s’aggraver, tant la région se révèle vulnérable face au réchauffement de la planète. Un tiers de sa population — 300 millions d’habitants — vit déjà dans des zones de sécheresse, notamment dans la Corne de l’Afrique, et 75 à 250 millions de personnes supplémentaires pourraient perdre leurs moyens de subsistance d’ici la fin de la décennie du fait des changements climatiques. Qu’il s’agisse de l’épuisement des ressources en eau, des baisses des rendements agricoles, de la perte de biodiversité ou de la montée du niveau des mers, les risques de famine et de migration de masse sont désormais réels. Pourtant, l’Afrique subsaharienne ne compte que pour 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

La crise financière mondiale a aussi réduit les aides aux pays pauvres. Une partie des 29,2 milliards de dollars alloués sur 3 ans a pris la forme de prêts conditionnels et non plus de dons. « Les pays vulnérables aux changements climatiques devraient constituer un bloc de pression sur les pays développés, véritables pollueurs de la planète. Il faut sanctionner les économies de ces pays développés. Il est important de s’allier entre pays vulnérables, dont la majorité est africaine », avance Mohamad Borhane, directeur de projet au Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).

L’Egypte : un pays à risque

La conférence de Durban prévient que 37 villes en Afrique sont exposées à une augmentation du niveau des eaux des mers. Alexandrie, Tunis, Tripoli et Alger figurent sur la liste. Outre ces villes, la conférence a indiqué que le Delta du Nil est menacé de graves changements. « Selon un document émis par la conférence, la zone des lacs nordistes du Delta du Nil sera la plus vulnérable aux changements climatiques. Elle est exposée à l’entrée des eaux de mer dans la réserve phréatique de Nubie située dans le désert occidental. Cela mènera à une augmentation des taux de salinité du sol et à une dégradation de la productivité agricole. Il est urgent de mettre en place des programmes pour faire face à ce phénomène », assure Mahmoud Abou-Zeid, ancien ministre des Ressources hydrauliques et président du Conseil arabe de l’eau. Pour lui, « il est important de mettre en place des cartes météorologiques qui déterminent les superficies menacées, afin de prendre des mesures visant à protéger les terres agricoles. Les changements climatiques vont causer une diminution des eaux du Nil et par conséquent, une réduction probable de la capacité des centrales électriques au long du fleuve ».

Des études existent cependant depuis avril 2010. « Nous avons entamé des projets sur l’adaptation aux changements climatiques. Un projet — en coopération avec le PNUD — englobe 6 gouvernorats égyptiens. Nous avons déjà expliqué le phénomène et les moyens d’y faire face aux responsables de ces gouvernorats. La prochaine phase consistera à former la population concernée, afin qu’elle puisse s’adapter aux nouvelles conditions », explique Borhane. Selon lui, la situation est urgente « que les grands pollueurs s’accordent ou non, l’Egypte est un pays particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Il ne faut pas attendre. Il faut agir vite ».

Rasha Hanafy

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Un scientifique à la tête du ministère de l’Environnement

« Des efforts importants doivent être mis en place pour résoudre les problèmes environnementaux dont souffre l’Egypte. Il ne faut pas attendre pour se mettre au travail ». Telles étaient les déclarations du nouveau ministre d’Etat de l’Environnement.

Moustapha Hussein Kamel Moustapha, professeur à l’Université du Caire, vient de prendre les rênes de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE). Le nouveau ministre d’Etat du gouvernement de Kamal Al-Ganzouri était le directeur du centre de l’Université du Caire sur la diminution des dangers environnementaux. Moustapha Hussein Kamel était président du conseil au département de géophysique. Il était également directeur du centre de la convention régionale de Basel pour la formation et le transfert de technologie aux pays arabes

L’un des plus gros dossiers reste la pollution des eaux du Nil en raison des usines non conformes aux normes environnementales. « La priorité du nouveau ministre doit être la lutte contre la pollution du Nil, de ses affluents et des lacs du Nord. Cette pollution provient notamment des usines qui y rejettent leurs eaux usées sans que celles-ci ne soient traitées préalablement. Il doit déployer des efforts pour que ces usines soient conformes aux conditions écologiques, surtout si elles sont construites dans des zones urbaines », estime Wafaa Amer, professeure de botanique à la faculté des sciences de l’Université du Caire.

« Le deuxième dossier sur lequel le nouveau ministre doit se pencher est celui des réserves naturelles. Il faut promouvoir l’écotourisme dans les réserves naturelles, notamment à Charm Al-Cheikh et le gouvernorat de la mer Rouge. Sans oublier les réserves qui possèdent une importance scientifique. Mais je suis optimiste, car le nouveau ministre est issu du milieu scientifique et possède une expérience professionnelle importante », poursuit la professeure.

L’AEAE a par ailleurs besoin d’une restructuration pour que le ministre puisse réussir sa mission durant cette période transitoire. « Cet appareil exécutif a besoin d’une restructuration profonde.  Il faut aussi placer les meilleures gens aux meilleurs postes », conclut Samer Al-Mufti, ancien secrétaire général du Centre des Recherches du Désert (CRD).

Rasha Hanafy

 




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