Changement Climatique .
Un signal fort a été envoyé à Durban pour que les 194 pays
du monde limitent leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ils ont 3 ans pour déterminer les règles applicables à tous
et élaborer les outils de vérification des engagements.
Un
accord à minima
A
partir de 2015, les 194 pays du monde devront faire ratifier
par leur Parlement leurs propres engagements qui devront
être effectifs à partir de 2020. L’objectif est de limiter
le réchauffement du climat de la planète à 2 degrés, même si
pour l’instant cette ambition reste théorique car les
scientifiques expliquent que l’on est seulement à 60 % des
réductions nécessaires pour tenir le cap en 2020.
Il
s’agit d’une déclaration d’intention lors de la Conférence
de Durban sur la lutte contre les changements climatiques,
qui s’est achevée dimanche matin 11 décembre après de
longues négociations, mais qui est essentielle. Car
désormais, des pays comme la Chine, les Etats-Unis, l’Inde,
la Russie ou le Japon, qui représentent à eux cinq la moitié
des émissions mondiales de gaz à effet de serre, se trouvent
engagés dans un processus qu’ils avaient jusque-là cherché à
éviter. Les prochaines années seront décisives pour
déterminer le niveau des ambitions de chacun.
Malgré
la pression des pays les plus vulnérables (comme les 53 pays
du groupe Afrique et 43 petits Etats insulaires), les
avancées restent bien faibles. Le combat de ces pays contre
la hausse du niveau de la mer, la sécheresse ou la
dégradation des sols pèse peu face aux enjeux économiques et
au combat de coqs que se livrent la Chine et les Etats-Unis
pour dominer la diplomatie mondiale.
Un plan
pour le climat a été soumis par l’Union européenne. Il a
obtenu le soutien de plusieurs pays riches et émergents.
L’Union européenne vise, pour 2015, un nouveau traité
climatique mondial pourvu de mesures contraignantes.
L’objectif d’entrée en vigueur est 2020, mais pour l’instant,
peu de choses bougent.
Un
espoir cependant sur une mobilisation des Etats africains,
les premiers à craindre une augmentation des périodes de
sécheresse. « Les Etats africains étaient très ambitieux :
ils ont dit qu’il fallait une réduction de 40 % des gaz à
effet de serre d’ici 2017. L’Afrique maintient
vigoureusement sa position, et nous appelons l’Union
européenne, le Japon, le Canada et les Etats-Unis à soutenir
l’Afrique pour éviter des conséquences lourdes sur ses
habitants », s’alarment pays africains et ONG.
L’accord
de Durban intervient alors qu’au cours du mois dernier,
trois rapports publiés par l’Onu avaient à nouveau mis en
évidence la corrélation entre les émissions de gaz à effet
de serre et l’intensification des inondations, des vagues de
sécheresse et de la hausse du niveau des mers.
Selon
les chiffres des instances internationales, les émissions de
CO2 des pays riches ont baissé de 1,3 % en 2008 et de 7,6 %
en 2009, avant d’augmenter de 3,4 % en 2010. Aux Etats-Unis,
la hausse a atteint 4,1 % en 2010. Cependant, les émissions
des pays développés sont restées plus faibles en 2010 que la
moyenne des émissions enregistrées de 2000 à 2007. En
revanche, les émissions des pays en développement ont
augmenté de 4,4 % en 2008, 3,9 % en 2009, et 7,6 % en 2010.
La hausse en 2010 a été particulièrement forte en Chine (+
10,4 % sur un an) et en Inde (+ 9,4 % sur un an).
L’Afrique, une victime innocente
C’est
le continent africain qui pâtit le plus sévèrement des
effets du changement climatique, tout en étant relativement
peu pollueur. La situation risque de s’aggraver, tant la
région se révèle vulnérable face au réchauffement de la
planète. Un tiers de sa population — 300 millions
d’habitants — vit déjà dans des zones de sécheresse,
notamment dans la Corne de l’Afrique, et 75 à 250 millions
de personnes supplémentaires pourraient perdre leurs moyens
de subsistance d’ici la fin de la décennie du fait des
changements climatiques. Qu’il s’agisse de l’épuisement des
ressources en eau, des baisses des rendements agricoles, de
la perte de biodiversité ou de la montée du niveau des mers,
les risques de famine et de migration de masse sont
désormais réels. Pourtant, l’Afrique subsaharienne ne compte
que pour 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La crise
financière mondiale a aussi réduit les aides aux pays
pauvres. Une partie des 29,2 milliards de dollars alloués
sur 3 ans a pris la forme de prêts conditionnels et non plus
de dons. « Les pays vulnérables aux changements climatiques
devraient constituer un bloc de pression sur les pays
développés, véritables pollueurs de la planète. Il faut
sanctionner les économies de ces pays développés. Il est
important de s’allier entre pays vulnérables, dont la
majorité est africaine », avance Mohamad Borhane, directeur
de projet au Programme des Nations-Unies pour le
Développement (PNUD).
L’Egypte
: un pays à risque
La
conférence de Durban prévient que 37 villes en Afrique sont
exposées à une augmentation du niveau des eaux des mers.
Alexandrie, Tunis, Tripoli et Alger figurent sur la liste.
Outre ces villes, la conférence a indiqué que le Delta du
Nil est menacé de graves changements. « Selon un document
émis par la conférence, la zone des lacs nordistes du Delta
du Nil sera la plus vulnérable aux changements climatiques.
Elle est exposée à l’entrée des eaux de mer dans la réserve
phréatique de Nubie située dans le désert occidental. Cela
mènera à une augmentation des taux de salinité du sol et à
une dégradation de la productivité agricole. Il est urgent
de mettre en place des programmes pour faire face à ce
phénomène », assure Mahmoud Abou-Zeid, ancien ministre des
Ressources hydrauliques et président du Conseil arabe de
l’eau. Pour lui, « il est important de mettre en place des
cartes météorologiques qui déterminent les superficies
menacées, afin de prendre des mesures visant à protéger les
terres agricoles. Les changements climatiques vont causer
une diminution des eaux du Nil et par conséquent, une
réduction probable de la capacité des centrales électriques
au long du fleuve ».
Des
études existent cependant depuis avril 2010. « Nous avons
entamé des projets sur l’adaptation aux changements
climatiques. Un projet — en coopération avec le PNUD —
englobe 6 gouvernorats égyptiens. Nous avons déjà expliqué
le phénomène et les moyens d’y faire face aux responsables
de ces gouvernorats. La prochaine phase consistera à former
la population concernée, afin qu’elle puisse s’adapter aux
nouvelles conditions », explique Borhane. Selon lui, la
situation est urgente « que les grands pollueurs s’accordent
ou non, l’Egypte est un pays particulièrement vulnérable aux
changements climatiques. Il ne faut pas attendre. Il faut
agir vite ».
Rasha
Hanafy