Coréé Du Nord . Une réunion «
historique » du parti au pouvoir — la première depuis 30 ans — devrait préparer
la succession du dirigeant Kim Jong-Il par le plus jeune de ses fils, Kim
Jong-Un.
Mouvement à la tête de l’Etat
Pour
la première fois depuis 30 ans, la Corée du Nord a rassemblé, mardi 28
septembre, les dirigeants du parti unique au pouvoir, une réunion « historique
» sans doute destinée à préparer l’accession au pouvoir de Kim Jong-Un, le plus
jeune fils du président Kim Jong-Il, à la santé chancelante. La dernière
réunion des responsables du parti remonte à 1980 et avait été organisée pour
confirmer Kim Jong-Il à la succession de son père, Kim Il-Sung,
premier président du pays, mort en 1994. On s’attend donc à ce que la réunion
de cette semaine ressemble trait pour trait à celle de 1980. En effet, cette
conférence du Parti des travailleurs était initialement prévue pour début
septembre mais retardée, déclenchant une vague de spéculations de la part des
experts qui étudient ce pays, l’un des plus reclus et secrets au monde.
Bien
que cette réunion soit censée préparer le successeur Kim Jong-Un, le plus jeune
(27 ans) des trois fils du président au pouvoir, il pourrait rester encore un
temps dans l’ombre, en raison des difficultés auxquelles est confronté le pays,
d’autant plus que la Corée du Nord doit faire face à de nouvelles pénuries
alimentaires après les inondations de cet été, sur fond d’économie en ruine. Le
successeur pourrait, pour le moment, obtenir un poste officiel dans la
hiérarchie, mais il est peu probable que son père lui laisse sa place avant de
mourir, pronostiquent les experts. Selon les experts, cette réunion de parti
devrait aussi placer aux plus hauts postes les responsables qui se sont
prononcés en faveur d’une succession dynastique, dont notamment le beau-frère
de Kim Jong-Il. Le déjà très puissant Jang Song-Thaek pourrait être promu et servirait ensuite de régent au
jeune Kim Jong-Un, si son père disparaissait rapidement, pronostiquent les
analystes.
Après
62 ans passés sous le régime des « Kim » père et fils, la Corée du Nord affiche
une économie en ruine. Son programme nucléaire lui vaut sanctions et isolement
sur la scène internationale.
Signe d’ouverture
Dans
une tentative d’ouvrir une nouvelle page avec la communauté internationale,
Pyongyang a annoncé un remaniement au sein des plus hautes sphères du pouvoir à
cinq jours seulement de cette réunion historique. Le premier vice-ministre des
Affaires étrangères, Kang Sok-Ju,
a été nommé vice-premier ministre du cabinet, a indiqué l’Agence officielle
nord-coréenne. Bien plus, Kim Kye-Gwan,
chef négociateur dans les pourparlers à six sur le nucléaire, remplace Kang Sok-Ju aux Affaires étrangères. Ces
discussions, qui visent à faire renoncer le régime communiste nord-coréen à ses
ambitions atomiques, regroupent les deux Corées, la Chine, les Etats-Unis, le
Japon et la Russie. Elles sont suspendues depuis avril 2009. Selon les experts,
ce remaniement montre la volonté de Pyongyang d’améliorer ses liens avec
l’étranger et de relancer les pourparlers sur le
nucléaire. En effet, la Chine, l’un des rares alliés de Pyongyang et également
sa bouée de secours économique, a intensifié la pression sur son voisin afin
qu’il réforme en profondeur son économie et qu’il calme les tensions avec Séoul.
La visite fin août de Kim Jong-Il en Chine, accompagné de Kim Jong-Un, a été interprétée par plusieurs analystes comme un voyage de
préparation à la succession ou plutôt un moyen d’obtenir le soutien de Pékin à
cette succession. Lors d’une rencontre avec le président chinois Hu Jintao, Kim avait souligné le besoin de se préparer à « la
génération montante ».
La
Corée du Nord, dirigée depuis 1994 par Kim Jong-Il, est la première « dynastie
communiste » de la planète, mais aussi l’un des pays les plus pauvres et les
plus fermés au monde.
Maha Al-Cherbini