Traditions .
L’ouvrage d’Achraf
Ayoub
Moawad répond aux questions du lecteur avide de
connaissances sur la culture populaire et le folklore coptes
qui sont aussi à l’origine du folklore égyptien.
L’union populaire
Etudier la culture populaire copte revêt, selon
Achraf
Ayoub Moawad, une
signification patriotique. Car en Egypte, toutes les
traditions égyptiennes se recoupent, qu’elles concernent les
coptes ou les musulmans qui vivent sur une même terre,
partagent la même langue et les mêmes coutumes. Publié par
l’Organisme général des palais de la culture, Autour de la
culture populaire copte est ainsi un ouvrage qui reflète,
pour le critique Khaïri
Chalabi, comme il le dit dans la
préface, « l’âme d’un même peuple relié à la mère patrie ».
L’ouvrage met en évidence diverses célébrations populaires
pratiquées en Egypte et qui forment sa spécificité
culturelle au-delà de la distinction entre les croyances. Il
y a le mouled (fête populaire
célébrant la naissance ou la mort d’un saint). Cette
célébration va du spirituel pur avec les chants liturgiques
pour chrétiens ou les madih
(louanges) pour musulmans, jusqu’au divertissement (achats
divers, œuvres caritatives, retrouvailles entre familles et
amis). L’auteur donne l’exemple du plus célèbre
mouled copte fêté en Egypte,
celui de l’Assomption de la Vierge Marie, au mois d’août, et
qui est curieusement célébré par les chrétiens et les
musulmans. L’aspect religieux dans cette manifestation
populaire est composé de prières, de pratiques spirituelles,
de baptêmes, de visite des lieux de culte pour recevoir la
baraka.
Autre rituel populaire pratiqué par les Egyptiens dont la
piété marque la vie quotidienne : le pèlerinage. Vécu dans
un esprit d’ouverture à l’autre, le pèlerinage peut devenir
une occasion privilégiée de rencontre et un beau ferment
d’unité. Pour les chrétiens vers Jérusalem, et pour les
musulmans vers la Kaaba. Le pèlerinage pratiqué par les deux
religions est une richesse populaire, unie par le vrai sens
de « l’arabisme » que « pleure » actuellement Jérusalem,
l’une des plus anciennes villes au monde, témoin de la vie
et la crucifixion du Christ. L’auteur se sert de
l’expression « arabisme » pour affirmer que le patrimoine
copte est un patrimoine pour tout Egyptien, témoin de
l’Histoire. Si le pèlerinage pour les chrétiens est l’un de
leur « ultime sacrement », il est
pour les musulmans une obligation.
D’autres éléments principaux font partie exclusive de la
culture copte. A savoir, le drame populaire de Judas, le
Maymar (sira) ou la vie d’un saint louangé, et les rituels
du mariage copte. Ce dernier tire sa force et sa vigueur de
la Création, mais pour les fidèles du Christ, il est
également élevé à une dignité plus haute, puisqu’il est
compté parmi les sacrements de la Nouvelle Alliance. Cet
engagement pris à deux, pour la vie, est reçu par un prêtre
et la présence de deux témoins chrétiens fidèles. Les
fiançailles sont une étape importante de la préparation au
mariage (les témoins du mariage et les fiançailles figurent
également dans le mariage musulman).
Quant au drame de Judas, il est considéré comme l’un des
drames populaires pratiqués de nos jours en Haute-Egypte. Il
a fait l’objet de diverses études sur un grand événement
historique qui relate l’histoire de la trahison de Judas, un
des apôtres, du Christ. Une trahison inscrite dans
l’histoire des chrétiens comme le plus grave des péchés. Une
manière pour les chercheurs en culture populaire d’étudier
les mœurs pratiquées en Egypte, lors de la semaine sainte de
chaque année qui commence par le dimanche des Rameaux, le
jeudi et le vendredi saints, pour arriver au dimanche de la
résurrection du Christ (Pâques).
Autre célébration populaire copte citée dans le livre : le
Maymar. Il s’agit de l’une des couleurs de la poésie
populaire, pratiquée dans tout milieu rural et populaire en
Haute-Egypte. Cette célébration religieuse est pratiquée
suite à l’exaucement d’une supplication d’un fidèle de
l’église à un saint quelconque. Dans cette célébration, la
famille appelle ses parents, voisins et amis, à lire un des
épîtres du Maymar du saint supplié, tout en le louangeant.
La célébration est présentée par la préparation d’un grand
plat arrondi rempli de blé, sur lequel sont disposées des
galettes, garnies de bougies, et servi d’un verre d’eau. A
significations diverses, le blé est la récolte du vœu. L’eau
est l’origine de la vie. Et les bougies sont les rituels de
l’Eglise.
Autour de la culture populaire copte marie, dans sa
rédaction détaillée et parfois comparative, les divers côtés
de la culture populaire en Egypte. Cela afin de puiser dans
la personnalité égyptienne qui, à la différence de sa
religion et ses croyances, est unie par une même culture et
histoire .
Névine
Lameï