Traitement Aux Frais De
L’Etat . Quatorze députés, dont 6 du PND et 6 Frères musulmans, se
sont vus retirer leur immunité parlementaire parce qu’impliqués dans l’affaire
du traitement aux frais de l’Etat.
Le showbiz sous la coupole
Dans
la vie parlementaire, souvent c’est la loi du showbiz. Dans l’affaire des
députés accusés d’avoir profité de cette loi de traitement aux frais de l’Etat,
on en a bien vu. Personne ne peut oublier que devant la caméra, un député Frère
musulman, Mohamad Daoud, a ôté sa chaussure et l’a mise en focus. Une manière
de protester contre le fait que son immunité parlementaire a été levée pour son
implication dans cette affaire. « Je l’ai levée contre le PND qui m’a accusé
alors que ce sont les membres de ce parti qui sont les vrais coupables »,
a-t-il lancé. De toute façon, dans ce scandale, les députés ont été les
premiers à être pointés du doigt des parlementaires. Ils auraient réalisé des
profits personnels par millions de L.E. en exploitant le système. Au début de
ce mois, le Parlement a décidé la levée de l’immunité parlementaire de 14 de
ses députés et conseillers dont 6 du PND, 6 de la confrérie, 1 Wafdiste et le
dernier est un indépendant.
Cette
décision, prise à la demande du ministère de la Justice, intervient après
l’examen de deux rapports, l’un de l’Organisme central des comptes et l’autre
des services de police faisant état de « dérégulation du système de gratuité
des soins, affaire dans laquelle plusieurs responsables et députés sont
impliqués ». Les investigations se sont terminées maintenant et le dernier
parlementaire de la liste des accusés est déjà passé devant le Parquet pour
être interrogé. Même s’ils tiennent à le nier, ils ont tous été impliqués dans
ce grand business. Selon les enquêtes, les députés qui sont le plus mouillés
dans ce scandale sont Sayed Azab du PND et Omran Mégahed du néo-Wafd.
Les
députés ont été accusés comme le précise le rapport de l’Organisme central des
comptes d’avoir violé les lois en vigueur en « aidant à l’extraction de
certificats de traitement médical gratuit au profit de citoyens aisés ». Selon
ce rapport, « les procédures pour l’obtention d’un certificat de traitement
médical gratuit sont minées d’imperfections, de violations, d’injustices. La
défaillance du contrôle interne a entraîné un gaspillage des fonds publics ». De
plus, les enquêtes ont également révélé que certains responsables du ministère
de la Santé, en accord avec les députés, se sont entendus avec des hôpitaux et
des centres médicaux privés pour leur envoyer les patients contre des prix
exagérés.
En
effet, grâce à leur position au Parlement, les députés obtiennent des
certificats de la part du ministère de la Santé pour des soins aux frais de
l’Etat d’un certain nombre de cas parmi les patients de leurs circonscriptions.
Or, les sommes qui figurent sur ces certificats varient largement selon les
relations personnelles du député concerné ainsi que selon son positionnement
vis-à-vis du parti au pouvoir, et rarement en fonction de l’état financier du
patient concerné.
Le
montant des autorisations de traitement gratuit s’élevait à 3,09 milliards de
L.E. en 2009, alors que pour les trois années précédentes, les dépenses avaient
atteint 8,33 milliards de L.E. avec certains patients bénéficiant de sommes à
hauteur de 1,7 million de livres.
Jusqu’à
aujourd’hui, les enquêtes sont en cours, mais les résultats semblent être
évidents, puisque lors d’une récente séance parlementaire, les députés n’ont
pas hésité à se lancer des accusations. « Tu es le premier sur la liste des
députés ayant fait ce trafic », lance le député Chérine Fouad, du PND, à
l’intention de Sayed Azab, du même parti. Les députés qui devraient représenter
le peuple sont les premiers à vouloir le dépouiller et violer ses droits. Leur
rôle est de poursuivre les ministres et responsables alors qu’eux-mêmes
devraient être poursuivis.
Chaïmaa Abdel-Hamid