Initiative.
Un nouveau département vient d’être créé par le ministère de
l’Intérieur, en coopération avec celui du Tourisme, pour le
safari. Ce département, qui dépend de la police du tourisme,
aura pour but d’assurer la sécurité des touristes dans les
régions désertiques fréquentées par les passionnés du
désert.
Plus sûr mais plus coûteux
Dès
le début du mois de septembre, les
safaristes seront plus rassurés. Un département de la
police aura comme charge la sécurité de tous les groupes
touristiques qui veulent visiter le désert égyptien.
La création de ce département est intervenue un an après le
kidnapping d’un groupe de touristes dans la région d’Al-Gelf
Al-Kébir sur la frontière ouest
de l’Egypte. « Juste après le crime de l’enlèvement d’une
dizaine de touristes dans cette région, le ministère du
Tourisme a entrepris beaucoup de contacts avec celui de
l’Intérieur afin d’assurer ce genre important de tourisme
qui attire pas mal de visiteurs. A la suite de plusieurs
réunions, les deux parties se sont mises d’accord sur la
nécessité de créer une instance (police) exclusivement
consacrée au tourisme du désert ou le safari », assure
Zoheir
Garana, ministre du Tourisme. Il ajoute que c’est
vrai que tous les organismes du pays ont coopéré pour aider
à la libération des touristes dans l’espace de deux jours,
mais les moments difficiles qu’on a vécus nous ont
convaincus de décider de prendre des mesures de sécurité
plus fermes pour ne pas affecter la réputation de l’Egypte
comme pays attirant pour les safaristes.
« Cette mesure est devenue une nécessité, surtout avec les
turbulences qui envahissent les régions proches de l’Egypte,
notamment au Soudan et au Tchad », a repris le ministre.
Bien que la création de cette instance soit une bonne
décision longtemps attendue, elle n’a pas manqué de côtés
autant choquants qu’ambigus. Le choc réside dans le fait que
la décision impose des frais que doit payer l’agence de
voyages qui organise ce genre de tourisme et qui atteignent
100 L.E. par heure par touriste. Il est à préciser que le
circuit dure de 10 à 15 jours. Ceci signifie que les frais
de sécurité pour un seul touriste sont de 24 000 L.E. Une
somme énorme et exagérée pour la plupart des agences de
voyages qui organisent des voyages de safari. « Ces frais
élevés peuvent avoir un impact sur la compétitivité de
l’Egypte en matière de tourisme de safari puisqu’aucun pays
au monde n’impose toutes ces sommes pour assurer la sécurité
de ses visiteurs. C’est trop pour les touristes puisque déjà
le tourisme de safari est une activité qui coûte cher à
cause des équipements nécessaires pour le voyage », explique
le propriétaire d’une agence opérant dans ce domaine et qui
a requis l’anonymat. Il ajoute que les agences ont déjà
signé des contrats avec leurs partenaires étrangers pour les
six prochains mois. Il se demande comment donc leur annoncer
la nouvelle que les frais des voyages ont
augmenté et ont même doublé
depuis le 1er septembre. Qui peut les obliger à payer cette
différence et qui va assumer les pertes au cas où ces
tour-opérateurs refuseraient de payer ces nouveaux frais ? «
Ne fallait-il pas préciser un délai pour arranger les choses
avec les touristes et leurs agences de voyages ? On ne
travaille pas seuls ! », s’exclame
la source.
La difficulté résultant des décisions du département de la
police ne réside pas uniquement dans les frais de sécurité
mais de plus, les lieux de safari qui nécessitent une telle
sécurité n’ont pas encore été précisés. Ce n’est pas logique
de traiter toutes les régions de la même manière. Les oasis
de Dakhla, Kharga ou
Farafra sont des endroits de
safari qui n’exigent pas des mesures de ce genre. Seules les
régions lointaines qui dépassent les 23 degrés de latitude
sud doivent être assurées comme les lieux de safari à Siwa
ou Al-Gelf Al-Kébir.
Le nombre de touristes dans un groupe doit au minimum être
de 12 personnes, qu’en est-il si le groupe
a moins de randonneurs ?
En outre, cette décision n’a pas mis les points sur les i
quant à la répartition des charges. Est-ce la police seule
qui sera en charge d’assurer la sécurité des touristes et de
chercher les autorisations ? En fait, jusqu’à présent, pour
aller en safari à Al-Gelf Al-Kébir
par exemple, il fallait avoir recours à une agence de
voyages spécialisée. « C’est l’agence qui s’occupe de se
procurer les permis de sécurité nécessaires du service des
renseignements militaires, puisque c’est une région
frontalière soumise aux forces armées et non pas à la
police. A leur sortie de la dernière oasis égyptienne qui
est celle d’Al-Dakhla, le groupe de touristes est accompagné
d’un officier qui fait partie des gardes-frontières pour
assurer sa sécurité. Après la création de la police de
safari, la situation changera-t-elle ? Personne ne le sait
», explique un employé d’une agence de voyages.
Des problèmes auxquels le ministère du Tourisme essaie de
trouver les solutions. « Essayant de calmer les agences de
tourisme opérant dans le domaine,
Zoheir Garana, ministre
du Tourisme, a décidé de supporter la moitié des frais de
sécurité pour les groupes de safari pour alléger les
charges financières sur les touristes afin qu’ils ne
prennent pas la clé des champs, surtout qu’il y a des pays
dans les alentours qui présentent ce même produit avec des
prix compétitifs », explique Mahmoud Al-Qayssouni,
conseiller du tourisme écologique au ministère du Tourisme.
Il ajoute que des pourparlers ont eu lieu avec les
organismes concernés pour régler l’affaire et clarifier les
points ambigus de cette décision qui a pour but la sécurité
des touristes. Une mesure qui doit se faire le plus vite
possible avant l’application de la décision car chaque
augmentation imposée à n’importe quelle activité touristique
signifie la fuite du touriste vers des destinations moins
coûteuses.
Dalia
Farouq