Espoir Palestinien
Hicham Mourad
Que
peut-on attendre des négociations directes
palestino-israéliennes, qui doivent reprendre jeudi 2
septembre, à Washington ? Parviendraient-elles en un an,
conformément au souhait exprimé par les Etats-Unis, à
réaliser ce que 17 années n’ont pas pu faire, depuis les
accords d’Oslo en 1993 ?
L’objectif de ces négociations est d’aboutir à un
accord-cadre censé mettre un terme au conflit
palestino-israélien. Sur quelles bases ? Les principes
communément admis par la communauté internationale sont
l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et viable
dans les frontières de juin 1967, y compris Jérusalem-Est,
le règlement de la question des réfugiés palestiniens
suivant les résolutions des Nations-Unies, le démantèlement
des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En
contrepartie, Israël obtient des garanties pour sa sécurité
et normalise ses rapports avec les pays arabes.
Cependant, Tel-Aviv, bénéficiant de l’indulgence des grandes
puissances, n’entend pas, une fois de plus, souscrire à ces
principes susceptibles d’assurer une paix globale et juste,
donc durable. Le Quartette pour le Proche-Orient
(Etats-Unis, Russie, Union européenne et Onu), qui a invité
les deux parties à reprendre les négociations directes, a
ainsi édulcoré sa position pour plaire au gouvernement de
Benyamin Netanyahu. Certes, le Quartette, dans sa
déclaration, a souligné que les négociations doivent mener à
un accord qui mette fin à l’occupation et aboutisse à la
constitution d’un Etat palestinien indépendant. Mais il
s’est contenté, concernant les colonies israéliennes, de
réaffirmer son engagement vis-à-vis de « ses précédentes
déclarations », dans lesquelles les grandes puissances
demandaient l’arrêt des constructions dans les colonies de
peuplement juif en Cisjordanie. La déclaration a évité ainsi
d’évoquer explicitement cette exigence, qui est rejetée par
le gouvernement d’Israël. Pire, la secrétaire d’Etat
américaine, Hillary Clinton, lorsqu’elle a invité les
parties palestinienne et israélienne à reprendre les
négociations, a totalement omis de souligner le moindre
principe de règlement, notamment l’arrêt de la colonisation,
laissant la part belle à Israël pour imposer ses choix.
Netanyahu entend bien le faire. Il serait, selon la presse
israélienne, déterminé à reprendre de plus belle la
construction à Jérusalem-Est et dans les blocs de colonies
en Cisjordanie, qu’Israël compte annexer à terme. Seule
concession mineure au grand allié américain : Netanyahu
envisage, sans l’annoncer publiquement, un « mini-gel » de
la colonisation, limité aux colonies isolées, après la fin
du moratoire de dix mois, le 26 septembre.
Les parrains internationaux des négociations directes
feignent d’ignorer que la détermination de l’Etat juif à
poursuivre la colonisation
empêche tout simplement d’atteindre le but principal des
pourparlers : l’établissement d’un Etat palestinien
indépendant et viable.
Les Palestiniens ne sont pas dupes. Ils sont conscients
qu’ils entament des négociations de paix dénuées de toute
base de succès. Mais ils gardent l’espoir que ces
discussions mènent finalement, grâce à l’engagement
personnel du président américain Barack
Obama, à quelque chose de
positif, ou du moins prouvent que c’est Israël qui bloque le
mouvement.