Vol De Tableau.
Les musées occidentaux aussi peinent à assurer la sécurité
des œuvres comme en témoignent des récents exemples.
Un trafic mondial aux allures compliquées
Si le vol de « Coquelicots » a suscité autant de colère et
surtout d’accusations, selon lesquelles il reflète des
carences graves en Egypte, il n’est pas moins vrai que le
trafic de l’art est en pleine floraison en Occident. A titre
d’exemple, on peut citer des cas très récents. Tout
récemment, un bronze de Dali, « La femme aux tiroirs », a
été dérobé dans un musée de Bruges, en Belgique. Ce bronze,
exposé dans le cadre d’une exposition temporaire, ne
bénéficiait pas de protection particulière. Les caméras de
surveillance ont fonctionné, elles ont montré que le voleur
avait descellé la sculpture de son socle pour l’emporter. «
Il faut qu’après les caméras, du personnel soit là pour
réagir », explique Julien Anfruns,
directeur général du Conseil International des Musées (ICOM),
émanation de l’Unesco.
Autres disparitions, en mai 2010, cette fois au Musée d’art
moderne de la ville de Paris. Cinq tableaux signés Braque,
Léger, Matisse, Modigliani et Picasso disparaissent en
pleine nuit. Là encore, ce casse d’une ampleur artistique
exceptionnelle a été filmé par les caméras de surveillance.
Mais ici, l’alarme était en panne. Et les commentateurs
français de dire, comme dans les histoires de fantômes, un
visiteur cagoulé est passé par la fenêtre et a emporté les
toiles après les avoir dégagées de leur cadre.
Certains diront que le vol d’un tableau de maître dans un
musée égyptien est une fatalité, l’Egypte ayant des
difficultés à protéger son gigantesque patrimoine. Mais la
disparition de cinq pièces importantes dans un musée de la
ville de Paris est plus étonnante. Il y a trois ans, un
rapport avait mis l’accent sur les défaillances de la
sécurité à la française avec comme principal point faible
l’absentéisme des gardiens. Caméras de surveillance,
détecteurs de bris de vitres et présence de surveillants
sont la base de la sécurité dans les musées. Parfois ils
emploient les grands moyens pour protéger leurs trésors,
comme Le Louvre avec La Joconde : elle est désormais dans un
coffre en verre blindé. Le musée y gagne en tranquillité
mais le visiteur est mis à distance. Les musées sont
généralement installés dans des bâtiments anciens. Y
organiser la sécurité des œuvres — et des visiteurs — est
généralement plus compliqué que dans un édifice récent. En
plus de l’installation d’équipements de surveillance
sophistiqués, l’ICOM prône une gestion informatisée des
objets exposés. Leurs mouvements vers les réserves ou vers
les expositions temporaires devraient être systématiquement
relevés.
« Les collections sont toujours à risque », explique Julien
Anfruns, directeur général de l’ICOM.
Et les risques sont divers ; pour empêcher que des œuvres
soient dérobées, on peut les protéger de façon mécanique, en
les attachant au mur par exemple.
On ne peut plus les voler, « mais en cas de feu, on ne peut
pas évacuer l’œuvre d’art en question » … Le musée d’art
moderne de la ville de Rio de Janeiro a brûlé à 90 % dans
les années 1970. Il s’est reconstitué grâce à la volonté de
l’Etat brésilien et avec la générosité de mécènes. Les
responsables du musée ont cherché l’équilibre entre la
sécurité incendie du bâtiment, sujet sensible, et les
risques de vol. A Séoul, le nouveau musée a pris une
décision radicale : tout est montré dans des vitrines.
Jusqu’à présent, dans un musée, on pouvait presque toucher
les œuvres. C’est une « tradition occidentale de laisser les
œuvres à portée de la main », indique encore Julien
Anfruns. Il n’est pas certain
que l’habitude persiste si les vols continuent. Et toujours
dans ce même contexte, une question se pose : peut-on vendre
un tableau volé ? Stéphane Théfo,
un officier français spécialisé dans le trafic d’œuvres
d’art à l’Interpol, affirme que si le tableau est connu,
c’est compliqué d’en tirer de l’argent. Les voleurs peuvent
essayer de le fourguer, mais avec une œuvre d’art célèbre,
ils ont toutes les chances de se faire interpeller. Si un
antiquaire ou autre est contacté pour acheter un tableau
volé, il contactera immédiatement les autorités.
Pour «
Coquelicots », les
choses se
passeront-elles
ainsi
?
Hala
Fares