Vol De Tableau . « Les Coquelicots » ou « Vase aux fleurs » suscite un débat. Est-elle l’une des œuvres marquantes de Van Gogh ? Elle est de toute façon l’expression d’un artiste qui a connu bien de tensions.

Une œuvre problématique

Un moulage moderne ? Une œuvre originale ? Une peinture de valeur inestimable ou de valeur modeste par rapport à l’ensemble de ses œuvres ? La peinture de Van Gogh Vase aux fleurs, nommé aussi Les Coquelicots, dérobée du premier étage du musée Mahmoud Khalil, suscite un grand débat dans les milieux artistiques. « Cette peinture n’est pas la plus distinguée parmi l’ensemble des œuvres de Van Gogh », explique Sobhi Al-Charouni, critique d’art et auteur du livre Mathaf fi kitab (musée dans un livre) abordant le musée Mahmoud Khalil. Il ajoute : « Ses séries d’œuvres intitulées Tournesol ainsi que son autoportrait sont les meilleures et ont plus de valeur ».

Toutefois, le peintre Mohamad Abla ne partage pas le même point de vue. Il a affirmé dans un entretien télévisé que toutes les œuvres de Van Gogh sont de grandes valeurs, puisque chacune reflète une phase de sa vie. « C’est un peintre dont les œuvres sont étroitement liées à sa vie personnelle », a-t-il conclu.

La vie de ce peintre néerlandais oscillait entre des périodes de désespoir, de maladie et des amours malheureuses. Né en 1853 aux Pays-Bas, Vincent Van Gogh ne décida de devenir peintre qu’à l’âge de 27 ans en 1880.

En 1886, il s’installe à Paris dans l’espoir d’être mieux connu des milieux artistiques, et de vendre ses toiles. Il y rencontre presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro ainsi que Paul Gauguin. Une période très fertile où son art s’oriente vers l’impressionnisme.

La peinture Vase aux fleurs appartient à cette période. Elle a été volée pour la première fois dans les années 1970 du palais du prince Amr Ibrahim à Zamalek (aujourd’hui nommé Centre Al-Guézira pour les arts). Et, selon des sources diverses, elle n’a été trouvée que des années plus tard au Koweït, pour être réexposée au musée situé au palais du prince Amr, puis au musée Mahmoud Khalil depuis son inauguration (après des années de restauration) en 1995. Pourtant, Sobhi Al-Charouni ne cesse de surprendre en annonçant que la toile n’a pas été trouvée au Koweït et qu’elle n’avait pas du tout quitté l’Egypte. « La peinture a été trouvée chez un amateur d’art, fils d’un grand responsable de l’Etat ».

Les interrogations ne cessent de s’imposer, sur la scène des beaux-arts en Egypte, autour de l’originalité de cette peinture. « Toutes les opinions qualifiant la peinture de coquelicots de falsifiée sont erronées. La preuve c’est que d’abord, elle n’a jamais quitté l’Egypte. En outre, en 2004, on a demandé cette peinture pour figurer parmi d’autres œuvres de Van Gogh dans une exposition temporaire organisée au musée d’Orsay. En outre, un voleur ne prendra jamais le risque de voler une œuvre falsifiée », affirme Sobhi Al-Charouni. Il annonce également que le prix estimé de cette peinture ne dépasse pas les 25 millions de dollars. Cependant, toute la presse ne cesse de mentionner que sa valeur estimée dépasse les 50 millions de dollars. « Ce n’est, en effet, que le montant d’assurance demandé par Ahmad Nawwar, qui était à l’époque président du département des arts plastiques au ministère de la Culture, aux responsables du musée d’Orsay ».

Vincent Van Gogh fait partie des peintres les plus appréciés dans le monde entier. Il s’éteint en 1890 pour allumer la jalousie de ses contemporains en raison de ses productions intenses au cours de ses dix ans de carrière : quelques 840 tableaux et plus de 1 000 dessins, un grand nombre d’aquarelles, de lithographies, des centaines de lettres à son frère Théo ainsi qu’à d’autres membres de sa famille et à des amis. Une source précieuse pour les recherches d’histoire de l’art dans le monde entier.

Des années après sa mort, beaucoup de générations demeurent fascinées par ses œuvres ainsi que par sa vie tragique. Qui pourrait oublier cette histoire selon laquelle il a tenté de blesser son ami le peintre Gauguin avant de se trancher l’oreille avec une lame de rasoir pour l’offrir, ensuite, à une prostituée ? Il a peint même son autoportrait avec son pansement autour de la tête.

Vues dans leur totalité, ses œuvres révèlent ses crises psychologiques, mais aussi une étonnante richesse artistique et un grand pouvoir d’expression.

Lamiaa Al-Sadaty